MOTEUR DIESEL : BIENTÔT SUR LA VOIE DE GARAGE ?
Hégémonique en France depuis un quart de siècle, le moteur diesel est désormais dans le collimateur des pouvoirs publics. Hausse de la fiscalité sur le gazole, restrictions de circulation… de quoi dissuader les automobilistes d’opter pour ce carburant. un
Présumé coupable, en partie, de la pollution chronique des grandes agglomérations, le moteur diesel est désormais sur la sellette. Le scandale des logiciels truqués du groupe Volkswagen, minorant volontairement les rejets de particules fines dans l’atmosphère, particulièrement nocives à la santé, a jeté un peu plus encore l’opprobre sur un carburant jusque-là très prisé, notamment dans l’hexagone où le gazole a représenté jusqu’à 70 % du parc automobile français en 2013. Aujourd’hui, ce pourcentage est retombé à 49 % et la décrue pourrait s’amplifier avec les mesures en vigueur et celles annoncées pour les prochaines années.
➜ SUPPRESSION DES AVANTAGES FISCAUX
Du point de vue fiscal, avec une hausse de 31 centimes du prix à la pompe du litre de gazole étalée entre 2017 et 2020 (contre 15 centimes pour l’essence sur la même période), l’attrait financier du diesel va progressivement disparaître. L’alignement total de la fiscalité entre les deux carburants est d’ores et déjà programmé pour 2022.
Par ailleurs, depuis 2017, la récupération de la TVA sur l’essence est progressivement instaurée - pour les véhicules de tourisme (VT) et les véhicules utilitaires (VU)- afin d’inciter les entreprises et les professionnels à délaisser le diesel : récupération de 20 % cette année pour tous les véhicules à respectivement 80 % (VP) et 100 % (VU) en 2022.
➜ BANNI DU CENTRE-VILLE
Le diesel, nouveau paria des cités..? En Europe, la tendance est à l’exclusion. Par exemple, le 27 février 2018, la Cour fédérale administrative de Leipzig, en Allemagne a ainsi autorisé les grandes agglomérations du pays à interdire l’accès à leur centre-ville aux véhicules à moteur diesel et plus particulièrement aux modèles les plus anciens. La France n’est pas en reste avec, ni plus ni moins, l’interdiction annoncée par l’actuel ministre de l’Écologie Nicolas Hulot pour 2040 de la vente des voitures à moteur thermique (diesel ou essence) …
En attendant, le moteur diesel est déjà dans le collimateur de certaines grandes villes (Paris, Lyon, Grenoble, Strasbourg, etc.) avec la mise en place de la vignette Crit’Air (voir IP 745, p. 14) qui, lors des pics de pollution, restreint la circulation des véhicules polluants dont font partie les véhicules diesel anciens.
➜ INCITATION À LA REVENTE
La mise au rebut des vieux diesels est clairement souhaitée par les pouvoirs publics. Depuis le 1er janvier 2018, une prime à la reconversion est ainsi accordée aux propriétaires qui mettent à la casse leur voiture ancienne – carburant à l’essence ou au gazole - pour acheter ou louer (en LLD ou en LOA) un modèle plus récent et donc moins polluant. Le dispositif varie selon la situation fiscale du propriétaire.
• Propriétaire imposable. La reprise porte sur un véhicule immatriculé avant 1997 pour un moteur essence et avant 2001 pour un moteur diesel. Le montant de l’aide accordée est de 1000 € pour l’achat d’un véhicule émettant jusqu’à 130 g de CO² et de 2 500 € pour un modèle électrique.
• Propriétaire non imposable. La reprise porte sur un véhicule essence immatriculé avant 1997 et sur un véhicule diesel immatriculé avant 2006. Les montants de l’aide de l’État sont alors respectivement de 2 000 € et 2 500 €.
➜ PAS DE DOGMATISME !
Longtemps plébiscité, le moteur diesel ne doit pas subitement être affecté de tous les maux. Il reste encore attractif dans certains cas. Économiquement, durant les 4 ou 5 années qui viennent, les « gros rouleurs » – ceux qui effectuent autour de 20 000 km par an – ont clairement intérêt à continuer de rouler au gazole et la solidité des moteurs, capables de parcourir plus de 200 000 km, constitue également un argument. L’investissement fini par être amorti après de nombreux passages à la pompe (voir tableau).
Dans le même temps, la disgrâce nouvelle du moteur diesel peut faire des heureux. Ceux qui persistent à circuler au gazole peuvent réaliser une bonne affaire avec des prix de ventes à la baisse, tant sur le marché du neuf que celui de l’occasion où les propriétaires peinent parfois à vendre leur voiture. Par ailleurs, du point de vue écologique, à puissance comparable, un moteur diesel rejette moins de CO² qu’un moteur à essence, le gaz responsable du réchauffement climatique de la planète. Le bonusmalus écologique, dans sa version actuelle, est d’ailleurs plus favorable aux moteurs diesel (beaucoup de voitures essence puissantes étant «malussées»). En attendant l’alignement fiscal entre les carburants prévu d’ici 4 ans, la motorisation diesel n’est donc pas encore au point mort.