LES MICROPLASTIQUES COLONISENT LES OCÉANS (AVEC LA FONDATION TARA)
De nos jours, les courants marins ne transportent plus seulement le plancton océanique et ne redistribuent pas que de la chaleur. Le plastique s’est invité dans les océans et notre consommation toujours plus importante, assortie de sa très lente dégradati
Pourquoi ces recherches : Une concentration alarmante de microplastiques dont on connaît très peu les effets sur l’environnement et les humains
La densité de particules de plastique, la plupart de très petites tailles, dans certaines zones de l’océan est devenue si importante, que certains chercheurs parlent de « plastisphère ». À 80 % d’origine terrestre, les déchets plastiques que l’on retrouve en mer se fragmentent peu à peu sous la force des vagues ou encore sous l’effet du soleil. Estimés à 8 millions de tonnes déversées en mer par an, ces macros déchets deviennent alors des fragments de plus en plus petits, jusqu’à parler de microplastiques. Les courants marins régissent la distribution de ce plastique, si bien que cette pollution n’a aucune frontière. Aucune zone océanique ne semble être épargnée.
Si les microplastiques s’accumulent de plus en plus dans les océans, on connaît encore très mal leurs impacts sur les organismes marins. Dans quelle mesure ces petits fragments peuvent-ils constituer des vecteurs pour certains polluants ? Peuvent-ils être, pour certaines espèces de micro-organismes, un support, un moyen de transport qui leur permettra d’aller coloniser des zones dans lesquelles ils n’étaient jusqu’alors pas présents ? Notre chaîne alimentaire encourt-elle des risques de contamination liés à ces microplastiques ?
Les apports de la Fondation Tara : Identifier la faune et la flore qui s’attachent aux microplastiques
L’une des expéditions majeures de Tara en 2014 avait pour objectif scientifique de quantifier et qualifier les fragments de plastique, d’étudier leur distribution et d’évaluer leurs impacts sur l’écosystème marin des eaux méditerranéennes. La problématique du plastique y est encore relativement peu abordée, alors même que cette mer – semi fermée et donc vulnérable - très riche en diversité, subit une énorme pression humaine.
En plus de décrire précisément la nature des fragments de plastiques que l’on trouve en Méditerranée, et les potentiels polluants qui leur sont associés, les scientifiques de Tara ont également pour ambition de travailler à la conception d’un modèle qui permettra de prédire sa distribution en fonction de la circulation des eaux méditerranéennes.
Une autre découverte majeure réalisée par Tara nous emmène en Arctique. Bien que cette zone soit très éloignée de toute source de pollution humaine, des concentrations alarmantes de microplastiques y ont été relevées, convoyées par le Gulf Stream, venues d’Europe du Nord. Les effets potentiellement graves sur cet écosystème unique et vulnérable sont aujourd’hui encore très mal connus. Une identification précise de la faune et la flore qui s’attachent à ces fragments de plastique est également en train d’être réalisée : micro-algues, bactéries, virus etc. Ces espèces qui peuvent voyager grâce à ces microplastiques sont-elles invasives ou toxiques ? Les potentiels effets néfastes sur la biologie des toutes petites particules de plastique et sur notre chaîne alimentaire restent à l’état d’hypothèses pour le moment.
À terre, la Fondation Tara cherche à dégager des solutions concrètes au niveau local en vue de réduire la pollution plastique. Rencontres avec le secteur privé et financements de projets locaux autour de la Méditerranée - via l’Initiative « Beyond Plastic Med » - doivent contribuer à lutter contre ce fléau, installé en quelques décennies d’usage massif et irraisonné du plastique.
Plus d’informations sur www.taraexpeditions.org