Visite historique des lieux :
Un théâtre à l’italienne blotti dans l’ancienne mairie
Comme les autres villes du Comté de Flandre, Saint-Omer s’affranchit du pouvoir seigneurial au XIIe siècle. Ce sont alors les bourgeois qui se chargent d’administrer la cité. Ils exercent le pouvoir municipal dans la halle échevinale, un bâtiment protéiforme qui rassemble non seulement des boutiques et la fameuse presse aux draps mais aussi le poids public, l’horloge, les cloches municipales, la chambre d’audience, la prison échevinale, ainsi que les services administratifs, tels que la salle du conseil, l’ancien et le nouveau greffe, les archives ou encore « l’argenterie » : le lieu de travail du comptable municipal. Mais à la fin du XVIIIe siècle, le bâtiment, fragilisé par des éboulements et des lézardes, se trouve dans un tel état de vétusté qu’il faut envisager sa reconstruction. Le projet, plusieurs fois ajourné, est finalement confié à l’architecte parisien Pierre-Bernard Lefranc qui imagine un édifice rectangulaire de grandes dimensions à neuf travées, dominé en façade par un beffroi. Mais le conseil des Bâtiments civils, autorité de l’État compétente en matière d’architecture publique, juge la proposition inadaptée à une ville provinciale de cette taille. Lefranc doit revoir sa copie. Sa nouvelle version consiste en un parallélépipède à deux niveaux, renforcé aux angles par quatre pavillons, et couronné d’une imposante toiture à quatre versants sommée d’un clocheton tenant lieu de beffroi. Derrière la façade austère et dépouillée, rythmée de colonnes doriques, typiques du style néo-classique se cache un ravissant théâtre à l’italienne. Une bonbonnière aux couleurs chaudes et au décor chatoyant. Inauguré le 18 octobre 1840, le lieu, pourtant doté d’une acoustique excellente, est fréquenté uniquement par des troupes ambulantes et des troupes d’arrondissement. Réquisitionné par l’Armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, il fermera ses portes en 1973 pour des raisons de sécurité avant d’être classé monument historique.