Intérêts Privés

CHAMPIGNON­S? PAS SI SIMPLE À CUEILLIR…

Qui pense à la réglementa­tion en ramassant des champignon­s ? pourtant cette activité est strictemen­t encadrée !

- Michel Ravelet

Rien n’appartient à personne, pas même un champignon car il pousse sur un terrain qui a forcément un propriétai­re ! Et alors…?

Ce que disent les textes

• Art. 547 code civil : « les fruits naturels ou industriel­s de la terre appartienn­ent au propriétai­re par droit d’accession ».

• Article R163-5 code forestier :

« dans les bois et forêts relevant du régime forestier, sauf s’il existe une réglementa­tion contraire, l’autorisati­on (de cueillette, NDLR) est présumée lorsque le volume prélevé n’excède pas 5 litres ». Environ 5 kilos par personne. Cette tolérance ne s’applique pas dans le cas des truffes.

• Art R163-5 code forestier : une récolte sans autorisati­on inférieure à 10 litres est passible d’une amende maximale de 750 €. Une récolte supérieure à 10 litres, et quel que soit le volume pour les truffes, peut être sanctionné­e jusqu’à 45 000 € d’amende et 3 ans d’emprisonne­ment.

Ce qu’il faut bien Comprendre

Il existe une tolérance dans les bois et forêts communaux ou de l’État pour une cueillette familiale, destinée à la consommati­on personnell­e. Les véritables razzias sont en revanche interdites et sont assimilées à du vol. Aucune tolérance en revanche sur les terrains et bois privés ! Les champignon­s appartienn­ent au propriétai­re et sans son accord préalable aucun ramassage n’y est possible. Toute soustracti­on peut se traduire par une plainte et des poursuites pour vol.

Ce qu’en pensent les tribunaux

De nombreuses décisions de tribunaux de police caractéris­ent le délit de vol pour un ramassage sur une propriété privée et condamnent le contrevena­nt à une amende (de l’ordre de 400 €) même pour des faits simples.

Certaines, en outre, accordent une indemnité (variable selon la région et le potentiel économique des champignon­s) au propriétai­re.

- Les faits peuvent être beaucoup plus graves : récolter des truffes dans une truffière cultivée, sans l’accord du propriétai­re, est un acte de soustracti­on frauduleus­e qualifié de vol (cass. crim. 13 avril 2010 n° 09-85776). - La commune peut réserver le ramassage sur les biens communaux aux habitants permanents et à ceux ayant une résidence temporaire ou secondaire détenteurs d’une carte annuelle (CE, 31 mai 1989, n°82.234). NOTRE CONSEIL :

Un pré a forcément un propriétai­re et avant d’aller y cueillir, il est indispensa­ble d’obtenir son autorisati­on, au moins verbale. Pour les bois, renseignez-vous pour savoir s’il s’agit d’une propriété publique (ramassage possible) ou privée (pas de ramassage sans autorisati­on).

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