Intérêts Privés

POSSIBLE RETOURNEME­NT DU MARCHÉ IMMOBILIER

CONTRECOUP DES HAUSSES DE PRIX ET DE LA FISCALITÉ

- Nathalie Coulaud

Prix qui stagnent, marché un peu moins dynamique que les années précédente­s : 2019 pourrait annoncer un ralentisse­ment dans l’immobilier. mais en choisissan­t son investisse­ment, il est encore possible de limiter le risque de baisse.

Après une année 2017 record pour le marché immobilier, les notaires estiment que 2018 sera un moins bon cru et constatent que le nombre de transactio­ns est en baisse. En mai 2018, ils enregistra­ient sur un an glissant 953000 ventes, niveau en léger retrait par rapport à 2017, année qui avait vu la signature de 970000 ventes. Même en Ile-de-France, le recul de l’activité se fait sentir avec 7 % de transactio­ns en moins. Première explicatio­n de ce tassement, les augmentati­ons de prix ces dernières années découragen­t peut-être les acheteurs ? Entre 2017 et 2018, les notaires rappellent que les prix ont augmenté de 7,3 % à Paris, de 7,5 % à Rennes, de 17,5 % à Bordeaux où les prix des logements se rapprochen­t des prix parisiens dans certains quartiers. À Lyon, les prix de l’immobilier ont augmenté de 10,5 % sur cette période.

Des villes moyennes comme Bayonne ont vu les prix des appartemen­ts anciens augmenter de 9,8 %, la hausse atteint même 10,2 % à Metz… Plus rares sont les villes comme Saint-Étienne, Amiens ou Orléans où les prix baissent très légèrement. « Même si les taux d’intérêt restent faibles, les augmentati­ons de prix sont dissuasive­s car on atteint plus de 9000 euros au m2 dans Paris en moyenne et près de 5 000 euros en Ilede-France », explique Bertrand Savouré, président de la chambre des notaires de Paris. À Bordeaux, le marché reste dynamique, mais moins que précédemme­nt. « On a atteint un niveau de prix très élevé qui freine maintenant la demande », estime Jean-Marie Duffoire, responsabl­e d’Argus Immobilier à Bordeaux. Dans certains secteurs d’Ile-deFrance, le marché commence un peu à s’essouffler, notamment dans l’Essonne. Pour Me Frédéric Labour, notaire dans l’Essonne, le marché reste dynamique mais les prix n’augmentent plus.

➜ Les mauvais signaux de La fiscaLité

Le ralentisse­ment est peut-être accentué par les signaux négatifs envoyés à l’immobilier ces derniers mois. « Les Français aiment la pierre mais l’immobilier est déjà l’actif le plus taxé avec 37 impôts et taxes. La création de l’impôt sur la fortune immobilièr­e (IFI) en remplaceme­nt de l’ISF, les demandes faites aux bailleurs de baisser leurs loyers pour compenser la baisse des APL n’aident pas à rendre ce secteur attractif et notamment l’investisse­ment locatif », regrette Jean Perrin, président de l’Union nationale de la propriété immobilièr­e (Unpi). En outre, la fiscalité des revenus fonciers (loyers) ne profite pas, comme celle des placements financiers, du nouveau PFU au taux

global de 30 %, cotisation­s sociales incluses. L’impact de l’IFI est par contre plus symbolique que réel. « Cet impôt qui concerne les propriétai­res immobilier­s les plus importants, a eu peu d’impact sur les acheteurs car le niveau des transactio­ns est habituelle­ment beaucoup plus bas », estime JeanMarie Duffoire. Rappelons que depuis le 1er janvier 2018, l’impôt sur la fortune (ISF) est remplacé par l’impôt sur la fortune immobilièr­e (IFI) recentré sur le seul patrimoine immobilier. Le contribuab­le est redevable de l’IFI si son patrimoine immobilier net imposable est supérieur à 1,3 million d’euros. La valeur de la résidence principale est diminuée d’un abattement de 30 %. De plus, si vous avez souscrit un emprunt pour acheter ce bien, le montant de l’emprunt est déductible. L’IFI concerne donc des biens très coûteux, sur lesquels les propriétai­res n’ont plus rien à rembourser. En revanche, le projet de loi portant évolution du logement, de l’aménagemen­t et du numérique (Elan) en fin d’examen au Parlement pourrait avoir des effets négatifs plus concrets. Il prévoit notamment de remettre en place l’encadremen­t des loyers dans les grandes villes qui le souhaitent. Cet encadremen­t qui fixait des plafonds en fonction de la zone où est situé le logement et de ses caractéris­tiques avait été annulé par les tribunaux administra­tifs de Paris et de Lille.

➜ Acheter dAns les métropoles limite les risques

Pour investir dans l’immobilier dans les mois à venir, il faut donc bien choisir son secteur. Un achat dans les grandes villes où la demande est forte et le marché de l’emploi dynamique reste intéressan­t. Paris, Lyon, Lille, Nantes, Rennes, Bordeaux sont des valeurs sûres. Le baromètre Arthur Lloyd de 2017 rappelle que les métropoles ont gagné près de 400 000 habitants ces 20 dernières années. 65 % de la population française y habite désormais dont 21 % de la population dans les très grandes métropoles de plus de 1 million d’habitants. Ce baromètre qui compare chaque année les performanc­es économique­s des différente­s villes mais aussi la qualité de vie met d’ailleurs Lyon et Nantes en tête de son classement. Autre possibilit­é, choisir d’investir dans un marché de niche comme les parkings. « Dans certains quartiers de Toulouse, la demande en parkings est très forte et investir dans ce type de

bien peut être une bonne idée », propose Bruno Laurente, directeur de Era Immobilier Esquirolle­s. Ce profession­nel estime que la rentabilit­é des parkings est de 5 à 10 % et que les prix peuvent encore grimper. Dans les grandes villes, il faut compter entre 20 000 et 30 000 euros pour en acheter un ce qui permet d’investir dans la pierre avec un capital moins important que pour un logement.

➜ Luxe et haut de gamme pLus résistants à La baisse ?

Pour ceux qui en ont les moyens, ils peuvent choisir d’acheter un bien haut de gamme ou de luxe qui en raison de sa rareté trouvera toujours preneur au meilleur prix ou se louera très bien à une clientèle aisée. Le groupe immobilier spécialisé dans le luxe Daniel Féau estime que ce secteur se porte très bien et a annoncé un chiffre d’affaires en progressio­n de 32,5 % depuis début 2018. « Pour bien réussir ce type d’investisse­ment et qu’il perde le moins de valeur possible en cas de retourneme­nt du marché, il est impératif de très bien choisir la ville dans laquelle on investit », nuance Michel Platero, président de la Fnaim du Grand-Paris. Paris, les littoraux comme la Côte d’Azur puis les Alpes sont donc à privilégie­r à ses yeux.

Dans la perspectiv­e de la revente, attention au prix d’achat, prévient l’agence immobilièr­e Barnes ! La notion de maison de famille, qui reste pendant 50 ans le lieu de retrouvail­le de tous, est tombée en désuétude. Sur la côte basque, par exemple, les biens changent de propriétai­res tous les cinq à dix ans. Pour acheter et ensuite vendre sans moinsvalue, il est donc important de bien cibler son prix. À Deauville, les prix sont ainsi situés entre 400000 et 800000 euros et il n’y a pas de transactio­n supérieure à 1 million d’euros. Sur la côte basque, il faut compter entre 500000 et 1,5 million d’euros. En Provence, les prix tournent autour de 800000 et 1,5 million d’euros. Et sur la côte d’azur, à Cannes, le prix des appartemen­ts de luxe oscille entre 15 000 et 20 000 € le mètre carré. Les prestation­s proposées par l’appartemen­t et le bâtiment doivent aussi être irréprocha­bles car, en cas de revente, la clientèle est très exigeante dans ce domaine.

Enfin, en cas d’investisse­ment dans le neuf, pour limiter le risque de moins-value en cas de retourneme­nt, il est important de ne pas surpayer le bien. Les biens neufs sont souvent vendus trop cher par rapport au marché, ce qui rend déjà difficile une revente même sans baisse des prix de l’immobilier… Et, en cas de conjonctur­e baissière, la revente se ferait avec d’autant plus de perte. Il est donc crucial de bien vérifier les prix de marché avant de se lancer. Même s’il est justifié que le neuf soit un peu plus cher que l’ancien (notamment, au regard des prestation­s, de l’isolation thermique des bâtiments, etc.), il convient de viser un maximum de 10 % au-dessus du prix de l’ancien.ll

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