Intérêts Privés

CRÉDITS ET RÉDUCTIONS D’IMPÔT

VERS UN REMBOURSEM­ENT DÈS JANVIER

- Christine Blondel

Le PAS, ce n’est pas si simple…! Alors que cette profonde réforme du recouvreme­nt de l’impôt est présentée par Bercy comme ayant pour but de simplifier la vie des contribuab­les, elle recèle en réalité de nombreuses chausse-trappes.

LE PAS N’EST PAS LIBÉRATOIR­E DE L’IMPÔT, IL FAUDRA ENCORE EN PAYER !

Dès le 1er janvier 2019, les revenus dans le champ d’applicatio­n du PAS se verront en principe appliquer tous les mois le taux du foyer fiscal. Mais les contribuab­les n’en seront pas pour autant quittes avec le fisc, car il ne s’agit que d’un taux de recouvreme­nt qui ne correspond pas à leur taux d’imposition définitif. C’est pouquoi le sacro-saint rituel de la déclaratio­n de revenus au printemps de l’année N + 1 a été maintenu. Ceci afin de permettre au fisc de calculer l’imposition définitive sur l’ensemble des revenus de N (inclus ou non dans le PAS) de laquelle seront défalqués les retenues à la source et acomptes déjà opérés et les éventuels crédits et réductions d’impôt. Selon le cas, il pourra en résulter un trop versé (restitué automatiqu­ement) ou un complément d’imposition à acquitter. « Il ne faut donc pas se dire que l’on a tout réglé avec le PAS » alerte Gaëlle Menu-Lejeune, avocat associé au cabinet Fidal. « Il est indispensa­ble de mettre de l’argent de côté en prévision de ce solde d’imposition, tout particuliè­rement si vous avez perçu des revenus non concernés par le PAS, tels des revenus financiers ou si vous avez connu une hausse de revenus par rapport aux années de référence servant au calcul du PAS ».

PiLoter SA tréSorerie dAnS Le couPLe

Des discussion­s animées risquent d’agiter certains couples pour lesquels l’avènement du PAS va les amener à revoir la répartitio­n de l’impôt entre eux. « Dorénavant, chaque conjoint verra son revenu disponible amputé du PAS. Pour préserver le reste à vivre de celui qui gagne le moins, un couple marié ou pacsé peut opter pour un taux individual­isé, mais son impôt final reste le même » prévient Me Menu-Lejeune. « Si l’un des conjoints est salarié et l’autre indépendan­t, il faut veiller à alimenter le compte bancaire renseigné dans la déclaratio­n de revenus pour que les acomptes relatifs aux revenus indépendan­ts puissent effectivem­ent être prélevés et éviter tout risque d’im-

payé ». C’est d’ailleurs ce même compte bancaire (un seul compte par foyer fiscal) qui pourra servir à payer tous les mois le complément de retenue à la source (en cas d’option pour le taux neutre) ou le solde d’imposition de fin d’année. C’est sur lui aussi que seront perçues les éventuelle­s restitutio­ns d’impôt de la part du fisc.

Les charges déductibLe­s du revenu

Dans la formule de calcul du taux de prélèvemen­t, il est tenu compte des déficits et charges déductible­s du revenu global. Verser une pension alimentair­e ou effectuer des versements sur un PERP (dépenses déductible­s du revenu global) contribue donc à baisser le taux de prélèvemen­t. Par exemple, pour un célibatair­e percevant un salaire de 100 000 € et déduisant une pension alimentair­e de 10 000 € le taux de prélèvemen­t est de 19,1 % intégrant l’effet fiscal de la pension alimentair­e (contre 23,2 % en l’absence de pension). A noter qu’en matière d’épargne retraite, une règle anti- optimisati­on limite le montant déductible du revenu global de 2019 lorsque le total des cotisation­s ou primes versées en 2018 est inférieur à celui versé en 2017 et à celui versé en 2019 (sauf primo-cotisants en 2018 et personnes ayant liquidé leur PERP en 2018).

début, diminution et fin d’activité

En cas de démarrage d’activité indépendan­te ou de location, il est possible d’opter pour le versement d’un acompte spontané calculé sur une base libre pour ne pas avoir un solde d’imposition trop important à régler en septembre de l’année suivante. « Avec le PAS, il faut être particuliè­rement vigilant en cas de baisse prévisible de revenus et ne pas se priver de demander le calcul d’un nouveau taux de prélèvemen­t » conseille Me Menu-Lejeune. « Mais les règles sont complexes et il faut fournir à l’administra­tion fiscale une estimation de l’ensemble de ses revenus de l’année. De plus, le délai prévu pour la prise en compte de cette modulation étant de 3 mois, il est indispensa­ble de faire preuve d’anticipati­on pour limiter l’impact de trésorerie négatif ». Pour ceux qui disposent d’internet chez eux, la demande de modulation doit être formulée sur le site www.impots.gouv.fr dans leur espace personnel. Sinon, elle peut être faite par courrier ou directemen­t auprès du service des impôts.

réductions et crédits d’impôt

Les réductions et crédits d’impôt n’étant pas pris en compte dans le calcul du taux du PAS, les contribuab­les qui bénéficien­t d’avantages fiscaux sont donc pénalisés puisqu’ils doivent faire l’avance de trésorerie correspond­ant à leur montant en attendant la liquidatio­n de l’impôt final. Cependant le gouverneme­nt a annoncé le 4 septembre dernier, que les bonus fiscaux liés à l’emploi d’un salarié à domicile ou pour la garde d’un enfant de mois de 6 ans, ainsi que ceux au titre des frais d’hébergemen­t en EHPAD, d’un investisse­ment locatif Pinel, Duflot, Scellier Censi-Bouvard ou encore les dons à des associatio­ns donneront lieu dès le 15 janvier 2019 au versement d’un acompte égal à 60 % de l’avantage obtenu l’année précédente N-1 (régularisa­tion lors du calcul de l’IR final).

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