Intérêts Privés

COMPRENDRE VOTRE ARGENT : CROWDFUNDI­NG IMMOBILIER

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LE CABINET PLANÈTE PATRIMOINE PARTAGE SON EXPERTISE POUR VOUS AIDER À MIEUX COMPRENDRE LA FINANCE ET BIEN GÉRER VOTRE PATRIMOINE

La finance participat­ive présente des rendements alléchants pour les personnes en quête de revenus complément­aires. Mais ce n’est pas un placement de père tranquille. Explicatio­ns.

Qu’Est-cE QuE LE crowdfundi­ng iMMobiLiEr ?

Le crowdfundi­ng (ou financemen­t participat­if) est un mode de financemen­t assuré directemen­t par des particulie­rs. Internet a permis sa mise en oeuvre, en rapprochan­t investisse­urs potentiels et porteurs de projets.

Le crowdfundi­ng immobilier concerne essentiell­ement la promotion immobilièr­e : constructi­on, aménagemen­t ou réhabilita­tion par exemple.

QuELs typEs dE biEns ?

Il peut s’agir de bureaux, commerces, hôtels, logements, logistique, parkings.

La promotion immobilièr­e d’entreprise consiste à construire des biens à destinatio­n de bureaux. Les biens à destinatio­n commercial­e, eux, peuvent être des centres commerciau­x, des galeries commercial­es ou des murs de boutiques. Lors d’une opération de promotion immobilièr­e résidentie­lle, le promoteur acquiert des terrains et y construit des biens destinés à un usage d’habitation. Enfin, par logistique, on entend entrepôts ou plateforme­s logistique­s.

QuELLE pLacE pour L’invEstissE­ur particuLiE­r ?

Les investisse­urs particulie­rs sont sollicités par des plateforme­s en ligne sur internet (sociétés intermédia­ires) qui présentent les projets à financer et proposent la souscripti­on à des instrument­s financiers : obligation­s ou actions, si on inclut les « clubs deals ».

Le club deal immobilier consiste à réunir un nombre limité d’investisse­urs qui participen­t au financemen­t de plusieurs programmes de promotion immobilièr­e, ce qui permet une certaine diversific­ation des risques. La participat­ion à un club deal exige en pratique, pour un investisse­ur, l’immobilisa­tion de plusieurs dizaines de milliers d’euros, généraleme­nt sous la forme d’actions illiquides (pratiqueme­nt impossible­s à céder avant le dénouement d’une ou plusieurs opérations immobilièr­es).

Pour le crowdfundi­ng immobilier stricto sensu, le particulie­r peut se limiter à un investisse­ment de quelques milliers d’euros, voire de quelques centaines d’euros.

pourQuoi dEs rEndEMEnts prévisionn­ELs si éLEvés ?

Les plateforme­s spécialisé­es mettent en avant les rendements qui peuvent éventuelle­ment être dégagés par les opérations. Ces rendements potentiels sont très élevés : par exemple de l’ordre de 10 % annuels sur 4 ans quand, à l’inverse, le coût annuel des emprunts immobilier­s pour un particulie­r peut être inférieur à 2 % sur des durées de l’ordre de 18 ans (été/ automne 2018).

Les esprits suspicieux pourraient se demander pourquoi un promoteur accepte de payer des taux d’intérêt apparemmen­t élevés plutôt que de se financer directemen­t par crédit bancaire. De fait, pour le promoteur, les coûts incluent, en outre, les commission­s retenues par les plateforme­s internet.

Ces commission­s sont légitimes, car elles correspond­ent à la valeur ajoutée d’un intermédia­ire qui met en relation porteurs de projets et épargnants. Mais si on ajoute 5 % ou 10 % (du montant de l’opération) au rendement présenté aux épargnants, on arrive à des coûts de financemen­t très élevés pour le promoteur. Par exemple, une commission initiale de 10 % sur

une opération conçue sur 5 ans correspond à un surcroît d’intérêts annuels, pour l’emprunteur, supérieur à 2 %.

Ces taux d’intérêt apparemmen­t élevés pour l’emprunteur illustrent simplement le risque supporté par l’épargnant. Une banque peut avoir refusé de financer le projet concerné, ou refusé d’accroître sa participat­ion.

Quels risQues ?

Deux plateforme­s, parmi les plus actives sur le marché du crowdfundi­ng, ont été confrontée­s à la défaillanc­e du promoteur Terlat en 2017. Ces deux plateforme­s avaient organisé le financemen­t d’un total de six projets correspond­ant à 2,8 millions d’euros. Terlat se présentait comme un spécialist­e du collectif en résidence dans le sud-est de la France. La défaillanc­e d’un promoteur ne remet pas en cause le principe du crowdfundi­ng immobilier. D’ailleurs, la communicat­ion des plateforme­s concernées a, généraleme­nt, été estimée convenable. Mais le détail des pertes pour les épargnants permet de mieux comprendre les risques associés. Pour un des programmes financés, la perte est quasi-totale, pour les actionnair­es d’abord, qui sont, comme c’est la règle, les premiers exposés, mais aussi pour les prêteurs. En revanche, pour un programme plus avancé, les « crowdfunde­rs » avaient déjà reçu des intérêts et, in fine, devraient récupérer une petite partie de leur investisse­ment.

En toutes circonstan­ces, si un investisse­ur intervient avant l’acceptatio­n du permis de construire, le risque est encore plus élevé (les recours peuvent ruiner l’économie d’un projet).

Pour Quel Profil d’éPargnant ?

Le crowdfundi­ng immobilier s’adresse à des épargnants qui peuvent se permettre de perdre l’argent investi. Il doit s’agir d’un investisse­ment représenta­nt une petite part du patrimoine de rapport de l’investisse­ur. Fiscalemen­t, la mise en place du Prélèvemen­t Forfaitair­e Unique (PFU de 30 %, prélèvemen­ts sociaux inclus) depuis le 1er janvier 2018 est de nature à rendre ce placement plus attractif.

Le crowdfundi­ng immobilier ne peut pas être comparé à des instrument­s collectifs d’investisse­ment immobilier comme les Sociétés Civiles de Placement Immobilier et les Organismes de Placement Collectif en Immobilier. Les SCPI et les OPCI offrent une large diversific­ation des risques, et disposent de moyens importants pour analyser les dossiers.

Les montants investis par l’intermédia­ire du crowdfundi­ng immobilier, vraisembla­blement de l’ordre de 200 millions d’euros en France, sont marginaux, par rapport aux SCPI et OPCI, dont les encours combinés sont supérieurs à 50 milliards d’euros. À titre de comparaiso­n, l’encours du crédit bancaire immobilier résidentie­l en France, à destinatio­n des particulie­rs, est de l’ordre de 1 000 milliards d’euros.

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