BANQUES : NE PAS ABUSER !
Vu du côté soleil, nos banques sont vraiment sympas avec leurs clients qui veulent souscrire un prêt immobilier : elles ne se font pas trop prier pour leur permettre de s’endetter toujours plus longtemps grâce à des taux de crédit au plus bas : 1,43 %, en moyenne, en septembre dernier, selon l’observatoire Crédit Logement (voir notre dossier). Du coup, l’acheteur d’immobilier ne se prive pas et fait le plein de crédit. Une étude du réseau immobilier Century 21 atteste d’un financement par le crédit représentant, en moyenne, 80,8 % du montant de l’opération avec une durée des prêts actuels dépassant les 20,7 ans ! Avec des taux de prêts inférieurs à l’inflation (2 %), on comprend la tentation de beaucoup de ménages et d’investisseurs de recourir au maximum au crédit sans puiser dans leurs économies, avec le sentiment de faire une bonne affaire. Oui, sauf que, côté ombre…, la banque ne fait pas de cadeau gratuit. Avec le crédit immobilier elle « tient » son client pour une décennie au moins (voir p 33.) ce qui lui permettra de rentrer ensuite dans ses frais sur la durée du prêt. Cela d’autant plus facilement que le client endetté jusqu’au cou va connaître des fins de mois parfois difficiles avec, épisodiquement, un compte dans le rouge. Et là, plus de cadeaux ! Le débiteur doit passer à la caisse, et se faire parfois mitrailler de frais d’incidents (en cas de dépassement du découvert autorisé) comme l’a montré l’enquête de l’INC et de l’Union des associations familiales (UNAF) – publiée par 60 millions de consommateurs (octobre). Elle pointe la pratique tarifaire de banques du groupe BPCE qui comptabilisaient dans une même journée plusieurs incidents (facturé 8 € chacun au titre des commissions d’intervention) quand seule la dernière opération du jour avait fait basculer le compte en négatif. Aux yeux de la banque, tous les paiements de la même journée étaient alors en incident, y compris ceux passés avant que le compte soit dans le rouge ! Un système de tarification récent que les réseaux bancaires pris la main dans le pot de confiture, ont dû vite abandonner face au tollé général provoqué par ce mode de calcul. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, ayant même dû réagir. Ouf, tout est bien qui finit bien… Jusqu’au prochain dérapage de banques décidément bien intéressées… L’une s’est ainsi fait rappeler à l’ordre par l’APCR (voir p 14) pour avoir mis des bâtons dans les roues des clients emprunteurs désireux de souscrire leur assurance de prêt moins chère auprès d’un assureur indépendant (car pour les banques cette assurance qui dure aussi longtemps que le prêt est très lucrative). Moralité - c’est toujours la même : gare aux frais !