Intérêts Privés

L’EMPRUNT GAGNANT POUR LES SENIORS AUSSI

Aujourd’hui s’endetter peut être un moyen de s’enrichir grâce au bas niveau des taux. Les seniors ne doivent pas négliger cette opportunit­é de bien gérer leur patrimoine. Les banques se prêtent au jeu, mais reste le poids de l’assurance !

- GILLES MANDROUX

Trop tard pour recourir au crédit à l’âge de 50, 60 ou 70 ans ? Certaineme­nt pas ! Les banques prêtent aux seniors sans sourciller. Elles préfèrent même souvent ces clients, déjà propriétai­res immobilier­s et dotés de placements financiers, à de jeunes salariés sous contrat à durée déterminée. Les besoins de financemen­t à cet âge de la vie peuvent être nombreux. Après 50 ans, on a certes souvent déjà acquis sa résidence principale, mais il reste parfois la secondaire en ligne de mire ! Pour Lisette, c’est en vue d’acheter deux studios locatifs à Toulouse que cette artiste résidant dans la maison familiale léguée par ses parents, vient de souscrire, à 57 ans, son premier crédit immobilier ! « L’héritage reçu au décès de mes parents a constitué un bel apport personnel pour acheter ces deux logements qui dans 10 ans, lorsque j’aurai fini de rembourser mon emprunt, m’apporteron­t un complément de revenus salutaire car ma pension de retraite sera maigre », témoigne-t-elle. Pour d’autres, acheter pour louer ne vise pas à dégager des revenus complément­aires mais plutôt à développer le patrimoine qui sera transmis à leurs héritiers. Il faut compter aussi avec les péripéties de la vie : le crédit peut être très utile à la suite d’un divorce pour restructur­er le patrimoine.

GARDER SON ÉPARGNE, BAISSER L’IFI

Quel que soit l’objectif poursuivi, bon nombre de seniors n’ont pas le réflexe de recourir à l’emprunt quand ils disposent d’une épargne financière suffisante pour réaliser leur acquisitio­n ou pour financer leurs travaux. Pas sûr qu’ils fassent là un bon calcul, s’ils peuvent emprunter aujourd’hui sur dix ans à un taux de 1 % ou moins. Car si leur capital reste placé sur le fonds en euros d’une assurancev­ie, même si ce placement pâtit d’un rendement déclinant depuis des années, il a pourtant bien des chances de leur rapporter plus de 1 % au cours des dix prochaines années. Un pari raisonnabl­e s’appuyant sur la perspectiv­e d’une remontée des taux d’intérêt dans les années à venir. Emprunter au maximum et ne pas puiser dans son épargne peut donc être une stratégie patrimonia­le judicieuse actuelleme­nt. Sous réserve de ne pas supporter une assurance emprunteur trop chère (voir plus loin). Autre bonne raison d’emprunter quand on dispose déjà d’un patrimoine solide que l’on souhaite continuer de développer dans le but de le trans-

mettre à ses enfants : on réduit son Impôt sur la fortune immobilièr­e (IFI). Plus précisémen­t, pour ceux qui ne sont pas loin du seuil d’assujettis­sement à l’IFI (patrimoine immobilier net supérieur à 1,3 million d’euros), s’endetter peut leur permettre de ne pas franchir ce seuil. L’assiette de patrimoine taxable à l’IFI est égale à la valeur des biens après déduction des prêts souscrits pour les acquérir, agrandir ou rénover. À noter concernant la résidence principale : celle-ci bénéfician­t d’un abattement de 30 %, les dettes contractée­s pour la financer ne sont déductible­s qu’à hauteur de 70 %. Quant aux patrimoine­s assujettis à l’IFI pour un montant supérieur à 5 millions d’euros, la part des dettes excédant 60 % de cette valeur n’est déductible qu’à 50 %.

UNE LIMITE D’ÂGE LIÉE À L’ASSURANCE

Mais jusqu’à quel âge est-il possible d’emprunter et pour quelle durée ? « La seule limite est que l’assurance accepte de vous couvrir jusqu’au terme du crédit, ce que les assureurs acceptent généraleme­nt jusqu’à 85 ans », répond Philippe Taboret, directeur général adjoint de Cafpi. La capacité d’emprunt des plus jeunes des seniors, qui signent à quelques années de la retraite, n’est pas forcément amoindrie. « Les banques ne demandent pas systématiq­uement une estimation de la future pension de retraite sauf si celle-ci intervient dans les deux ans à venir, commente Estelle Laurent, porte-parole du courtier Credixia. Par ailleurs, certains établissem­ents proposent des contrats avec des mensualité­s élevées pendant l’activité, puis diminuant lors au passage à la retraite ». Il n’empêche, plus on avance en âge, plus l’assurance du prêt coûte cher. Les contrats groupe proposés par les banques à un client de 50 ans sont facturés de 0.35 à 0.50 % environ du capital emprunté. À 60 ans, la prime peut doubler ! « L’assurance emprunteur peut coûter aujourd’hui plus cher que le crédit pour un senior. Avec quelques petits pépins de santé, on arrive vite à 1 %, voire 1.20 % » commente Cécile Roquelaure, directrice communicat­ion et études d’Empruntis. com. Dans ce cas, mieux vaut chercher un contrat individuel, dans le cadre de la délégation d’assurances (voir p. 36). Les contrats des banques prévoient, par ailleurs, souvent des exclusions de garanties. Exemple : vous ne serez pas assuré en cas d’invalidité totale due à une polyarthri­te. La solution ? Passer par un courtier qui va s’adresser à des assureurs spécialisé­s qui accepteron­t de couvrir ce risque. « Cela ne se traduit pas nécessaire­ment par une augmentati­on de prime même si cela est souvent le cas, constate Astrid Cousin, porte-parole du courtier Magnolia.fr. Nous avons parfois la surprise de constater qu’en contrat individuel, l’emprunteur présentant un problème de santé spécifique est mieux couvert pour une cotisation inférieure. Ce n’est pas un hasard si les plus de 50 ans représente­nt 50 % de nos demandes de délégation d’assurance ! »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France