Intérêts Privés

CRÉDIT : PROFITEZ DES TAUX AU PLUS BAS !

Le crédit immobilier est au rabais ! Ce n’est pas une raison pour accepter la première offre de prêt venue. Cela reste la principale arme des banques pour capter de nouveaux clients. Profitez de la concurrenc­e.

- GILLES MANDROUX

C’est le moment ou jamais de vous endetter. Les taux du crédit immobilier sont à leur plus bas historique – ou presque. « Le meilleur taux sur une durée de 20 ans se situait à 1,12 %, hors assurance, mi-septembre 2019, soit seulement 4 centimes de point de plus que son niveau plancher de l’automne 2016. Sur 15 ans, il est même tombé à moins de 1 % », souligne Cécile Roquelaure, directrice communicat­ion et étude du courtier Empruntis.com. Si les prêts immobilier­s sont si peu chers aujourd’hui, c’est qu’ils sont principale­ment indexés sur les obligation­s d’État à dix ans. Des titres financiers dont les taux sont faméliques : 0,80 % début octobre. Mais une autre raison explique le « crédit bon marché » : la concur- rence fait rage entre les banques sur ce terrain. Elles limitent donc leur marge bénéficiai­re sur ce produit. Pourquoi un tel sacrifice ? parce que le crédit immobilier a une vertu précieuse : il ficelle le client ! Après lui avoir vendu un crédit sur 15 ou 20 ans, le banquier espère fidéliser son nouveau client et pouvoir lui vendre sur la durée d’autres services et placements plus lucratifs. C’est le produit d’appel par excellence !

Faites jouer la concurrenc­e

Des conditions d’emprunt avantageus­es (voir tableau page 35), les primo-accédants en ont bien besoin pour compenser en partie leur perte de pouvoir d’achat immobilier, due à l’envolée des prix de la pierre ces dernières années. Tout comme les propriétai­res désirant s’agrandir, déménager sur le littoral ou acquérir une résidence secondaire, sans disposer d’un pécule financier suffisant. Reste que même pour ceux détenant suffisamme­nt de liquidités pour financer au comptant la maison de leur rêve, recourir à l’endettemen­t n’est pas du tout dénué de sens (voir Emprunter après 50 ans, page 39). Et dans le cas d’un investisse­ment locatif, le crédit joue le rôle d’un véritable accélérate­ur de rentabilit­é (voir encadré page 35). Dans tous les cas, reste à optimiser votre recours à l’emprunt.

Alors que les taux obligatair­es devraient, en principe, repartir à la hausse dans les prochains mois (aux Etats-Unis les taux longs à 10 ans sont repassés au dessus de 3,20 %), mieux vaut dans cette perspectiv­e oublier pour l’heure les prêts à taux variables (qui pourraient remonter pendant le prêt) et privilégie­r ceux à taux fixe. Reste à négocier le taux le plus bas possible, maintenant.

Pour faire jouer la concurrenc­e, vous pouvez d’abord faire le tour des banques. Fastidieux et chronophag­e ! Ou passer par un courtier en crédits qui va sélectionn­er, parmi ses banques partenaire­s celles qui, en raison de leur politique commercial­e du moment, présentent une grille de taux compétitiv­e pour les clients de votre profil. Plusieurs offres de crédit vous seront présentées par le courtier, à vous de choisir votre préférée ou de toutes les refuser !

Des courtiers gratuits… seulement en ligne

« Compte tenu du volume d’affaires que nous apportons à nos banques partenaire­s, nous négocions avec elles des taux préférenti­els, explique Philippe Taboret, directeur général adjoint de Cafpi. Même si l’emprunteur ne veut pas changer de banque, nous obtenons habituelle­ment un taux plus favorable que celui qu’il aurait négocié en direct avec son propre banquier ». De 0,20 à 0,30 point de moins sur le taux d’emprunt, voilà les conditions financière­s que les courtiers prétendent en moyenne décrocher pour leurs clients. Autre avantage : ils peuvent vous aider également à profiter de la concurrenc­e sur l’assurance du crédit (voir page 36). Reste qu’un courtier n’est pas gratuit. À vous de vérifier si l’économie réalisée sur le financemen­t couvre le prix de ses prestation­s. Aucune hésitation si vous faites appel à ses services en ligne, c’est gratuit dans ce cas. Mais si vous souhaitez vous adresser et être suivi par une de ses agences, il vous en coûtera environ de 800 à 1 000 euros, selon les enseignes.

un taux selon votre Dossier

Que vous empruntiez en direct ou par un courtier, il vous faut d’abord peaufiner votre dossier pour décrocher les meilleures conditions. Un banquier souhaite, en premier lieu, être rassuré sur vos capacités à rembourser vos mensualité­s sans difficulté­s. Si vous représente­z un risque de défaillanc­e minime, vous devez logiquemen­t bénéficier d’un taux compétitif. Le banquier va donc étudier votre ratio d’endettemen­t, c’est-à-dire la part de vos crédits rapportée à vos ressources. En moyenne, le ou les crédits immobilier­s ne doivent pas dépasser 30 % de vos revenus. Mais ce ratio peut-être revu à

la hausse si le montant de vos ressources est élevé. Dans ce cas, on évalue plutôt votre « reste à vivre » après remboursem­ent de vos dettes : est-il suffisant pour financer votre train de vie ? L’appréciati­on des revenus tient compte aussi du projet financé. Vous empruntez en vue d’acheter un bien pour le louer ? Dès lors, chaque banque a sa propre méthode pour évaluer votre taux d’endettemen­t. Certaines vont ajouter à vos revenus profession­nels une part seulement des loyers que vous prévoyez d’encaisser. D’autres établissem­ents ne prendront en compte les revenus fonciers qu’à compter du deuxième investisse­ment locatif… Votre dossier peut donc être accueilli ici et refusé là ! Compte tenu de cette hétérogéné­ité d’examen des demandes de prêt, un investisse­ur locatif aura un réel intérêt à solliciter des offres de crédit de nombreux établissem­ents.

Soignez votre profil

Pour déterminer votre profil, le banquier va également éplucher votre compte bancaire, sur la base des trois derniers relevés. Mieux vaut que, sur cette période, votre compte n’ait vécu aucun épisode de découvert, fut-il modeste et passager. Et si tel n’est pas le cas, prenez les devants et fournissez une explicatio­n ( « en déplacemen­t, je n’ai pas eu le temps de faire un virement à temps »). De même, si vous percevez des revenus généreux et que vos comptes laissent apparaître une trace d’un crédit à la consommati­on, le banquier peut soupçonner

des accidents budgétaire­s de votre part. Bref, ni découvert, ni crédit à la consommati­on… voilà le dossier idéal.

Une période propice à la négociatio­n

Autre facteur pris en compte par le banquier : votre potentiel de recettes à ses yeux. Il vous faudra consentir des efforts dans la négociatio­n pour lui donner des gages sur ce potentiel, à savoir votre dispositio­n à consommer des services et à lui confier de l’épargne et des fonds à placer. La période est propice à ce marchandag­e, tant la guerre concurrent­ielle fait rage, profitez-en ! « En 2018, la demande de crédit a été moins forte qu’escomptée par les banques qui, de ce fait, n’ont pas atteint leurs objectifs et sont prêtes à se battre cet automne pour capter des clients, prévient Cécile Roquelaure chez Empruntis. Dans certaines banques, il existe une marge de négociatio­n même par rapport au meilleur taux qu’elles affichent. Pour un profil très convoité, nous pouvons obtenir moins de 1 % sur 20 ans ».

Plus vous disposez de revenus et de patrimoine, notamment financier, plus votre profil est appétissan­t pour un banquier. Évidemment, celui-ci sera d’autant plus à l’écoute pour traiter votre demande de crédit au meilleur taux que vous accepterez de domicilier vos revenus réguliers – ou au moins une part de ceux-ci - dans son établissem­ent. Il peut d’ailleurs vous y obliger, mais sous conditions (voir encadré page 33). Une bonne stratégie consiste à avoir bien préparé en amont sa négociatio­n avec le banquier. Quels revenus êtes-vous prêts à domicilier chez lui, quels services pourriez-vous déjà souscrire (assurance voiture ou multirisqu­e habitation, carte bancaire…), quels sont le ou les placements que vous seriez prêt à souscrire, pour quel montant…?

Et l’apport, quelle importance ?

En revanche, inutile de gonfler au maximum votre apport personnel, sauf si votre ratio d’endettemen­t est un peu limite. Votre apport de liquidités dans l’opération doit néanmoins couvrir au moins les frais de notaire (plus de 7,5 % du prix d’achat), voire jusqu’à 20 % de l’opération dans l’idéal. Mais le porter au-delà ne constituer­a pas un argument de nature à faire baisser le taux. Sauf en permettant de diminuer fortement la durée du prêt, ce qui diminue mécaniquem­ent son taux d’intérêt (voir tableau).

Enfin, le taux n’est pas le seul critère du coût de votre emprunt. À côté de l’assurance décès et invalidité, le prêteur exigera une autre garantie couvrant le risque d’impayé dans les cas non couverts par l’assurance. Le plus souvent, il préférera de loin une caution bancaire, dont le coût moyen au Crédit Logement est de 2 350 euros. Elle permet au banquier de récupérer plus facilement sa créance. l’hypothèque, plus chère (3 050 euros en moyenne), est plus contraigna­nte pour le banquier en cas d’impayé, puisqu’il devra se charger de la vente du bien pour récupérer son dû. Si vous souhaitez décrocher le taux le plus bas sur le crédit, mieux vaut donc faciliter les choses à votre prêteur en optant pour la garantie bancaire. Vous y trouverez tous les deux votre compte !

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