Tara Pacific, fin d’une expédition inédite
Le plancton pour Tara Oceans, le corail pour Tara Pacific. Le 27 octobre, la goélette Tara était de retour à Lorient, son port d’attache, marquant la fin de sa 11e expédition consacrée aux récifs coralliens. Près de deux ans et demi de navigation s’achè
L’événement : le retour de Tara, quel bilan sur le corail dans le Pacifique ?
D’est en ouest puis du sud au nord, l’équipage de Tara aura au total parcouru 100 000 kilomètres, fait escale dans des dizaines de pays et récolté 36000 échantillons sur de nombreux sites très différents. L’intérêt du Pacifique est qu’il abrite 40 % des coraux de la planète et présente un gradient de diversité important. En Asie du Sud-Est se trouve le « Triangle de corail », un endroit où la biodiversité des récifs est à son paroxysme.
Le travail des 6 marins et des 7 scientifiques, en permanence à bord, a notamment permis de photographier l’état de santé du corail à un temps T, lors du passage de la goélette. Un temps zéro auquel les scientifiques se référeront plus tard afin de juger de l’évolution des récifs. Mais l’objectif scientifique majeur est de mieux comprendre le fonctionnement de cet écosystème et de juger de ses capacités d’adaptation à son environnement changeant.
Les coraux sont l’un des systèmes les plus productifs et précieux de la planète. Comme tous, il subit l’effet du changement climatique global : le réchauffement, auquel le corail est très sensible, mais aussi l’acidification des océans. En tant qu’écosystème littoral, les récifs endurent également une pression anthropique plus directe au travers de nombreuses pollutions et de techniques de pêches destructrices. Dans moins de 20 ans, les trois quarts de la population mondiale seront installés sur le littoral et le changement climatique ne faiblit pas : la pression sur cet écosystème n’est donc pas prête à s’adoucir.
Les apports de la Fondation Tara : de nombreuses découvertes en perspectives
Après cette expédition, pendant laquelle un travail intense et rigoureux d’ échantillon nage a été effectué, commence l’étape bien plus longue et laborieuse de l’analyse et de l’interprétation de l’immense quantité de données récoltée. Jamais l’écosystème corallien n’avait été étudié à une si grande échelle et en prenant en compte d’aussi nombreux paramètres.
Les scientifiques se sont aussi attelés à l’étude d’une biodiversité plus discrète, celle des micro-organismes qui vivent dans et autour du corail. Ces derniers jouent un rôle encore mal compris dans le fonctionnement des récifs et influent sur ses capacités de résilience et d’adaptation. Ayant collecté de nombreuses variables environnementales, telles que la température ou le pH, toutes les mesures pourront être remises dans leur contexte et comparées entre elles, permettant de déterminer comment l’environnement façonne et influence les récifs.
Si les découvertes les plus conséquentes restent à venir, l’équipe de Tara a déjà pu effectuer des observations intéressantes, hélas souvent alarmantes. En visitant certains récifs coralliens isolés, où l’on s’attendait à trouver un écosystème en bonne santé, c’est l’inverse qui a été constaté ! L’isolement d’un récif ne garantit donc pas toujours son meilleur état. En effet, les scientifiques ont commencé à mettre en évidence l’influence locale préoccupante des activités humaines, dont l’impact entraverait la capacité des coraux affaiblis ou endommagés par le changement climatique à récupérer. Un point qui a fait l’objet d’une publication scientifique sur les récifs des Samoa.
Pendant l’expédition Tara Pacific, l’équipage s’est attaché à toujours communiquer et alerter le grand public des menaces qui pèsent sur l’océan. Cette vision d’ensemble de l’écosystème corallien donnera aux équipes de la Fondation Tara la crédibilité et les arguments pour continuer d’intervenir auprès de décideurs politiques et influer sur les stratégies de gouvernance de l’Océan.