L’avis de l’expert : Anne-Claire Joseph, avocate à Paris
Les actions en contestation de paternité sont assez restrictivement ouvertes au niveau des délais. Il en est ainsi dans l’intérêt même de l’enfant, pour éviter de le déstabiliser, la filiation étant un domaine extrêmement sensible. Pour les mêmes raisons, la filiation « apparente » (sociologique, affective), c’est-à-dire celle qui se manifeste plus par des comportements que par la génétique, quand elle s’est installée pendant une certaine durée, est protégée en tant que telle. Et l’on peut dire que la plupart des paternités deviennent pratiquement inattaquables aux cinq ans de l’enfant. Concrètement, cela signifie que si un homme sait qu’il n’est pas le père, ou a de très forts soupçons qu’il ne l’est pas, il est préférable qu’il ne se comporte pas comme un père (sauf s’il veut assumer une paternité de substitution). Et il vaut mieux aussi qu’il n’attende pas trop pour agir, la procédure étant assez longue. Mais si une action a été engagée dans le temps imparti, et qu’une expertise biologique est demandée, le traumatisme psychologique qui pourrait en résulter pour l’enfant n’est pas un argument que l’on peut invoquer pour s’opposer à l’expertise.