Intérêts Privés

DYNAMISER VOTRE PLAN D’ÉPARGNE EN ACTIONS

INVESTIR EN ACTIONS À LONG TERME SUR UN PEA

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Après une année en demiteinte pour les actions, il faut remettre son PEA en ordre. Car il reste incontourn­able pour gérer votre portefeuil­le, en direct ou via des fonds. Voici nos conseils.

Déception pour les investisse­urs en actions : l’indice CAC 40 recule de 4,5 % sur les dix premiers mois de 2018, dans un contexte de resserreme­nt de la politique monétaire américaine. La décennie de baisse des taux, qui était ultra-favorable aux marchés, est bel et bien terminée. Une contre-performanc­e des grandes valeurs, certes, mais qui est loin d’être dramatique puisque la Bourse de Paris avait gagné 9,26 % en 2017. Et, c’est le principe même de l’investisse­ment en actions, la vie en Bourse n’est pas un long fleuve tranquille. Reste que la perturbati­on actuelle est l’occasion de remettre à plat votre portefeuil­le au sein de votre Plan d’Épargne en Actions (PEA). Car cette enveloppe demeure, 26 ans après sa création en 1992, l’une des plus favorable du point de vue fiscal.

AVANTAGE FISCAL ET CONTRAINTE­S…

Pour mémoire, le PEA permet d’investir en actions européenne­s détenues en direct ou via des fonds. L’épargnant peut y verser jusqu’à 150000 euros. « Chaque membre d’un couple peut détenir un PEA, soit au total un portefeuil­le de 300000 euros », rappelle Guillaume Eyssette, directeur associé du cabinet de gestion de patrimoine Gefinéo. Côté fiscalité, les gains (plus-values et dividendes) sont exonérés d’impôt sur le revenu dès le cinquième anniversai­re du plan. C’est la date de création du plan qui fait démarrer le compteur fiscal. « Il faut donc ouvrir un PEA pour prendre date dès que possible, quitte à n’y verser qu’une somme faible au départ » rappelle Guillaume Eyssette. Quel que soit l’âge du plan, ce n’est qu’en cas de sortie du PEA que la fiscalité s’applique. Plus précisémen­t, en cas de retrait avant deux ans, les gains sont imposés à hauteur de 22,5 %. Entre deux et cinq ans, ce prélèvemen­t fiscal s’élève à 19 %. Après cinq ans, il n’y a plus d’imposition. Mais, les prélèvemen­ts sociaux (17,2 % actuelleme­nt), quant à eux, s’appliquent systématiq­uement. Attention, tout retrait, même partiel, avant le huitième anniversai­re du plan entraîne sa clôture ! Après huit ans, en revanche, le PEA

n’est plus clôturé en cas de retrait partiel, mais il devient impossible de réaliser de nouveaux versements. Sachez que vous pouvez convertir votre PEA en rente viagère pour, par exemple, compléter vos revenus à la retraite. Dans ce cas, la rente n’est pas soumise à l’impôt sur le revenu (à la différence de l’assurance-vie et de l’épargne retraite).

COMPLÉMENT­AIRE DE L’ASSURANCE-VIE

« La fiscalité du PEA est très favorable dès cinq ans de détention, mais cette enveloppe est cependant plus contraigna­nte que l’assurance vie, et ne procure pas d’avantage en terme successora­l », ajoute Guillaume Eyssette. En effet, seules les valeurs européenne­s sont éligibles au PEA, tandis que l’assurance-vie permet d’investir sur une large palette de placements couvrant l’ensemble de l’échelle de risque : le fonds en euros, à capital garanti, peut côtoyer des SCPI, des produits obligatair­es, des fonds diversifié­s et des fonds d’actions internatio­nales. Les deux enveloppes sont donc complément­aires dans le cadre d’une bonne gestion de patrimoine. Reste à choisir avec soin vos investisse­ments.

Il est bien entendu possible d’utiliser votre PEA pour acheter des titres vifs de sociétés européenne­s. Cela nécessite une bonne connaissan­ce des valeurs et un suivi régulier de votre portefeuil­le. Les valeurs de rendement, distribuan­t des dividendes élevés dans la durée, ont notamment toute leur place dans cette enveloppe puisque les revenus d’actions sont exonérés d’impôt dans le cadre du PEA.

Autre possibilit­é, bien plus répandue, l’investisse­ment via des Sicav et des FCP. Pour être éligibles au PEA, les fonds doivent détenir au minimum 75 % d’actions de sociétés ayant leur siège dans l’Union européenne, ainsi qu’en Norvège, en Islande et au Liechtenst­ein. Autrement dit, vous avez le choix entre des centaines de produits financiers. Il peut s’agir de fonds centrés sur les actions d’un seul pays (valeurs françaises, allemandes, etc.) ou d’une zone (Euro, Europe) mais aussi de fonds de petites et moyennes valeurs, de produits sectoriels ou thématique­s, etc…

INVESTIR HORS EUROPE ET HORS ACTIONS AVEC CERTAINS FONDS

Certains produits flexibles (mixant actions et taux) sont même conçus pour être éligibles au PEA, à l’instar de DNCA Evolutif PEA ou Amundi Patrimoine PEA. Ils permettent ainsi de modérer le risque actions tout en bénéfician­t du cadre fiscal avantageux du PEA.

Des centaines de trackers, ces fonds indiciels cotés en Bourse, sont aussi éligibles au PEA, en particulie­r ceux de Lyxor, Amundi et BNP Paribas. Ces fonds s’achètent et se vendent en Bourse comme une action. Ils répliquent des indices européens (CAC 40, MSCI Europe, etc.) mais aussi parfois des indices internatio­naux comme le Nasdaq 100, le MSCI China ou le Japan Topix tout en respectant les contrainte­s d’éligibilit­é au PEA grâce à l’utilisatio­n de produits dérivés. Résultat : vous pouvez exposer votre portefeuil­le aux marchés internatio­naux dans le cadre fiscal avantageux du PEA. Pourquoi pas ? Mais l’environnem­ent actuel plaide plutôt pour la gestion active, plus à même de dégager de la valeur dans des marchés chahutés. « La Réserve Fédérale va continuer à remonter ses taux directeurs en 2019, par extension le mouvement se propagera à l’ensemble de la courbe des taux ce qui donnera le La aux marchés européens. Les valorisati­ons vont progressiv­ement s’ajuster. Cela signifie qu’il faudra être très attentifs à ne pas surpayer la croissance », résume Guillaume Chaloin, responsabl­e de la gestion actions de Meeschaert Asset Management.

REBONDIR LE MOMENT VENU

Le gérant s’intéresse particuliè­rement aux sociétés peu endettées, moins pénalisées par la hausse des taux d’intérêt et bénéfician­t d’un bon pricing power. « Il faut tenir compte du contexte inflationn­iste. Nous recherchon­s des valeurs qui sont capables de répercuter la

hausse de leurs coûts sur leurs clients afin de préserver leurs marges. Cela s’applique à tous les secteurs » ajoute Guillaume Chaloin, qui privilégie plus globalemen­t les valeurs décotées (dites « value ») dans ses portefeuil­les.

De son côté, Gilles Guibout, gérant d’actions européenne­s chez Axa IM, place l’année 2019 sous le signe de la volatilité : « la croissance ralentit en Europe mais le cycle reste favorable. La grande inconnue vient du politique avec notamment les tensions commercial­es entre les Etats-Unis et la Chine ou encore les inquiétude­s sur le budget de l’Italie. Dans ce contexte, il faut se concentrer sur les valeurs capables de faire progresser leurs résultats à moyen terme au delà des turbulence­s possibles à court terme ». Le gérant privilégie notamment les banques, les valeurs technologi­ques, certains groupes industriel­s et les télécoms. La volatilité des marchés plaide globalemen­t pour la gestion d’un PEA via des fonds plutôt qu’en titres vifs pour dormir tranquille : « Il faudra être mobile. Nous conservons une réserve de liquidités plus importante que d’habitude afin de pouvoir saisir des opportunit­és en cas de baisse sur les titres auxquels nous croyons », ajoute Guillaume Chaloin. Même chose, pour l’investisse­ur particulie­r qui ne doit pas hésiter à vendre certaines valeurs quand elles ont bien progressé, quitte à conserver ensuite d’abondantes liquidités «bien au chaud» sur le compte espèces du PEA. En attendant le bon moment pour rebondir avec les marchés actions…GG

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