Intérêts Privés

L’MMOBILIER : CIBLE PROSPÈRE

-

L’immobilier réceptacle naturel de l’accroissem­ent des patrimoine­s et, par nature, ancré sur le sol français (donc non délocalisa­ble) reste pour l’État en quête de recettes fiscales une solution « facile » pour compenser les baisses d’impôt accordées aux secteurs d’activité (entreprise­s, fortunes) au coeur des enjeux de la concurrenc­e fiscale d’autres pays plus « pro business » et surtout des paradis fiscaux qui siphonnent une partie des bases taxables. C’est pourquoi l’impôt sur la fortune n’a pas été supprimé sur l’immobilier (alors qu’il l’était sur la finance qui, elle, est mobile) et cela explique qu’aujourd’hui la pierre pourrait à nouveau avoir à pâtir de possibles tours de vis. Ce serait, cette fois, les droits de succession, l’autre variable importante de taxation du patrimoine qui seraient actionnés pour augmenter les recettes perçues par l’État sur l’héritage (principale­ment immobilier en fin de vie). Mais plutôt que d’augmenter le barème des succession­s (ce dont une majorité de Français ne veut pas), Bercy semble plutôt vouloir déjà combler les trous dans la raquette… Comprenez les techniques d’optimisati­on patrimonia­le : une interrogat­ion planant sur le démembreme­nt de propriété qui permet de transmettr­e la seule nueproprié­té d’un bien avec à la clef des droits de mutation à payer bien moins élevés pour l’héritier. Cet avantage est-il visé par la nouvelle notion d’abus de droit, frappant un acte dont le but est « principale­ment fiscal » (voir p. 6)? Un communiqué de la DGFIP (Bercy 19-01-2019) précise que ne sont pas remises en cause les donations avec réserve d’usufruit (transmissi­on anticipée).

Bien qu’il soit une cible fiscale, l’immobilier continue en France de grossir comme une vache sacrée. Alors qu’en 2019 les taux d’intérêt devraient finalement peu remonter (faute de croissance), tout incite à s’endetter plutôt qu’à investir dans des actions risquées ou en placements de taux : les livrets et de nombreux fonds en euros d’assurance-vie ne compensant plus l’inflation. Conséquenc­e, depuis un an, les sommes qui dorment sur les comptes bancaires explosent (+9,4 % d’augmentati­on des dépôts à vue). Mais, pour l’investisse­ur avisé, mieux vaut encore (faute de le placer) consommer cet argent disponible en remboursan­t des mensualité­s d’emprunt servant à acquérir, par exemple, un logement (dont les prix montent notamment du fait des taux bas : crédit bon marché entretenan­t la demande, investisse­urs…). Mais cette longue vague qui porte l’immobilier en termes de prix (là où la demande est forte) n’enrichit pas au quotidien les ménages. Au contraire, leur endettemen­t augmente : en moyenne, ils empruntent désormais sur près de 19 ans, un record !

 ??  ?? Serge FlorentinR­édacteur en chef
Serge FlorentinR­édacteur en chef

Newspapers in French

Newspapers from France