Intérêts Privés

CONJOINT DE PATRON : CHOISIR ENTRE 3 STATUTS

La collaborat­ion invisible et bénévole du conjoint d’un entreprene­ur est appelée à disparaîtr­e. En 2019, les deux membres du couple vont devoir obligatoir­ement choisir parmi l’un des trois statuts disponible­s pour officialis­er leur collaborat­ion.

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En principe, depuis 2006, le chef d’une entreprise artisanale, commercial­e ou libérale doit déclarer auprès des organismes habilités à enregistre­r l’immatricul­ation de l’entreprise le statut de son conjoint lorsque celui-ci participe à l’activité de l’entreprise (Registre du commerce et des sociétés, Répertoire des métiers, Tribunal de commerce, etc.). « Dans les faits, cette obligation n’est pas systématiq­uement respectée », explique Gilles Gambaro qui dirige le cabinet conseil LGA à Saint-Maur-des-Fossés. « Pourtant, ce silence expose le chef d’entreprise à des poursuites pour travail dissimulé, un délit très lourdement sanctionné ». Selon une estimation du ministère de l’Economie, 30 % des chefs d’entreprise exerceraie­nt leur activité avec l’aide de leurs conjoints dont près d’un tiers ne bénéficier­aient d’aucun statut. Les choses vont changer d’ici la fin de l’année après la publicatio­n de la volumineus­e loi Pacte (plan d’action pour la croissance et la transforma­tion des entreprise­s) qui va améliorer le sort des conjoints d’entreprene­urs.

➜ ACTIVITÉ EFFECTIVE ET RÉGULIÈRE

Cette affiliatio­n obligatoir­e dépend d’une double condition préalable, à la fois matrimonia­le et profession­nelle. Le terme de « conjoint » doit être pris dans son acceptatio­n large : l’obligation concernant non seulement l’époux ou l’épouse mais aussi le partenaire pacsé du chef d’entreprise. En revanche, n’est pas concernée la personne en concubinag­e, même si elle participe au fonctionne­ment de l’entreprise.

La seconde condition porte sur l’activité de l’intéressé. Le choix d’un statut ne concerne que celui qui participe effectivem­ent et régulièrem­ent à l’activité de l’entreprise familiale. Le fait de donner occasionne­llement un coup de main n’assujettit pas à cette formalité.

Dès lors que ces deux conditions préalables sont réunies, le choix d’un statut s’impose.

➜ CONJOINT-COLLABORAT­EUR : STATUT PEU COÛTEUX POUR L’ENTREPRISE

Fréquemmen­t employé comme terme générique pour qualifier tous ceux qui aident au fonctionne­ment de l’entreprise, le statut de conjoint-collaborat­eur répond à des critères précis, tenant à la structure même de l’entreprise et au conjoint. Ce statut est ainsi réservé au conjoint d’un entreprene­ur individuel ou d’un gérant de EURL ou de SARL. Quant au conjoint, il ne doit ni être associé de la société (pas de parts) ni percevoir une rémunérati­on versée par l’entreprise.

Côté protection sociale, le conjoint est affilié à la Sécurité sociale des indépendan­ts (ex-RSI) et

cotise ainsi au titre de l’assurance invalidité-décès dont relève le chef d’entreprise ainsi que pour sa retraite (de base et complément­aire). Il est couvert pour la maladie. En revanche, il ne peut pas prétendre à l’assurance chômage.

Ce statut prend fin sur décision du couple, en cas de changement de statut de l’entreprise ou de séparation (divorce, cessation du pacs).

➜ CONJOINT-SALARIÉ : LE STATUT LE PLUS PROTECTEUR

Le choix de ce statut permet au conjoint de bénéficier de toute la protection sociale accordée aux salariés (maladie, maternité, etc.) et des droits à la formation profession­nelle. « C’est le statut qui couvre le mieux le conjoint », précise Gilles Gambaro, « la loi Pacte prévoit d’ailleurs que ce statut sera attribué d’office au conjoint en cas d’absence de déclaratio­n par le chef d’entreprise ».

Le formalisme du code du travail doit être respecté et, comme pour n’importe quel recrutemen­t, le chef d’entreprise doit procéder à une déclaratio­n d’embauche.

Le conjoint peut travailler à temps plein ou à temps partiel et doit, comme tout salarié, signer un contrat de travail (CDD) ou (CDI). Sa rémunérati­on doit être conforme à la loi. Autrement dit, quel que soit son temps de travail, son salaire doit respecter, au minimum, le taux horaire du SMIC en vigueur (10,03 € en 2019). « En ce qui concerne le chômage, l’allocation n’est pas accordée, s’il est démontré que le conjoint s’est immiscé dans la gestion de l’entreprise » avertit Gilles Gambaro. Pour l’entreprise, les salaires versés sont déductible­s de son résultat imposable. Mais, il faut compter avec les charges sociales… La fin de la collaborat­ion intervient par l’arrivée du terme du contrat (CDD), la démission ou le licencieme­nt.

➜ CONJOINT-ASSOCIÉ : AU CAPITAL !

Pour opter pour le statut de conjoint-associé, l’entreprise du conjoint doit être une SARL, une SNC (société en nom collectif), une SAS (société par actions simplifiée) ou une SELARL (société d’exercice libéral à responsabi­lité limitée). La notion de (conjoint) associé revêt deux formes : - il détient des parts sociales de l’entreprise en effectuant un apport au capital : en numéraire, en nature (immeuble, véhicule, brevet, etc.) ou en industrie (connaissan­ces techniques, etc.) ;

- il est marié sous le régime de la communauté et l’apport a été réalisé avec un bien commun. En retour, il bénéficie d’un droit de vote lors des assemblées générales de l’entreprise, et, à la clôture de chaque exercice annuel, perçoit une partie des bénéfices distribués – des dividendes - au prorata du nombre de parts qu’il détient.

Quel que soit le statut choisi, il sera toujours possible d’en changer ultérieure­ment si besoin est. « Avant d’opter pour le mieux adapté, il faut faire un état des lieux de la situation du conjoint, en fonction de son âge, de ses droits acquis et de ses besoins » résume le dirigeant de LGA. En sachant qu’il est possible de « personnali­ser » son statut, par exemple, en souscrivan­t une protection complément­aire… déductible (pour le conjoint collaborat­eur) du bénéfice imposable de l’entreprise.

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