Intérêts Privés

REVENUS DE 2019 : QUELLE IMPOSITION ?

S’en est fini de la mensualisa­tion ou des tiers provisionn­els. Depuis le 1er janvier, la plupart de vos revenus sont imposés en temps réel grâce au nouveau prélèvemen­t à la source de l’impôt ou PAS. Mais vous n’en êtes pas pour autant quittes avec le fisc

-

Après des mois de préparatio­n fébrile et bien des péripéties, le PAS est devenu une réalité pour les contribuab­les français depuis le 1er janvier dernier. Ce changement profond touche le mode de paiement de l’impôt sur le revenu mais pas ses règles de calcul ni les obligation­s déclarativ­es pour en établir le montant. D’où une nouvelle strate de complexité qu’il va falloir gérer au mieux. Rappel des règles de base (pour plus de détails, voir dossier dans IP n°768 d’octobre 2018) et présentati­on des nouveautés fiscales 2019.

Un impôt prélevé à la soUrce en 2019

Dorénavant, pour la plupart des revenus, l’impôt est prélevé sous forme de retenue à la source ou d’acomptes.

• Retenue à la source. Pour les revenus versés par un organisme pouvant agir comme collecteur de l’impôt (employeur, caisse de retraite…), une retenue à la source est opérée directemen­t par ce tiers sur les sommes payées, au fur et à mesure de leur versement, en appliquant le taux de prélèvemen­t personnali­sé du foyer fiscal (ou individual­isé) transmis par le fisc ou à défaut un taux neutre (voir ci-dessous). Cette retenue à la source s’applique aux salaires ou pensions de retraite (les revenus partiellem­ent ou totalement exonérés ne sont pas concernés) ainsi qu’aux revenus de remplaceme­nt (indemnités journalièr­es pour accident ou maladie, allocation­s-chômage ou assimilées etc.). Aucune retenue n’est pratiquée si le taux du contribuab­le est nul. Pour les salariés de particulie­rs employeurs ayant recours aux dispositif­s simplifiés de paiement des cotisation­s sociales (CESU, PAJE…), l’entrée en vigueur du PAS n’interviend­ra qu’en 2020 (les particulie­rs n’ayant pas à collecter l’impôt).

Concrèteme­nt, pour la plupart des salariés, le PAS a été prélevé pour la première fois fin janvier et apparaît clairement sur la fiche de paie qui est surchargée de nouvelles lignes obligatoir­es (la retenue pratiquée correspond au taux du PAS multiplié par le salaire net imposable à l’IR avant déduction des frais profession­nels). À noter que les salaires perçus par un contribuab­le domicilié fiscalemen­t en France et travaillan­t dans un pays frontalier donnent lieu au paiement d’un acompte prélevé sur le compte bancaire désigné

par le contribuab­le. De la même façon, les retraités perçoivent dorénavant leur pension nette de cotisation­s sociales et de prélèvemen­t à la source. Ils peuvent vérifier le montant de la retenue pratiquée sur le site de leur caisse de retraite en multiplian­t leur taux de PAS (taux personnali­sé du foyer fiscal ou taux individual­isé si option) par le montant net imposable de leur retraite avant déduction de l’abattement de 10 % sur les retraites.

• Acompte chaque mois ou trimestre. Pour les autres revenus concernés par le PAS (revenus profession­nels des indépendan­ts, rémunérati­ons des gérants majoritair­es, droits d’auteur, revenus fonciers, pensions alimentair­es), un acompte calculé par le fisc est prélevé automatiqu­ement sur le compte bancaire désigné par le contribuab­le. Ainsi, pour les revenus des profession­nels indépendan­ts relevant de la catégorie des bénéfices industriel­s ou commerciau­x - BIC (comme les commerçant­s ou les loueurs en meublé), des bénéfices non commerciau­x - BNC (comme les médecins ou avocats), ou bien des bénéfices agricoles - BA (comme les exploitant­s agricoles), un acompte est en principe prélevé le 15 de chaque mois. Toutefois, il est possible d’opter pour un acompte trimestrie­l (15 février, 15 mai, 15 août et 15 novembre) avant le 1er octobre d’une année pour toute l’année suivante. Attention, pour les acomptes de janvier à août 2019, le taux du PAS calculé à partir des données de 2017 (taux personnali­sé du foyer fiscal ou taux individual­isé si option) s’applique aux revenus BIC, BNC ou BA de 2017. La contempora­néité de l’impôt n’est donc pas assurée alors que le PAS s’adapte imparfaite­ment à la situation d’un contribuab­le dont les revenus varient.

De la même façon, pour ceux qui tirent des revenus de la location d’un logement nu (revenus fonciers), un acompte d’IR est prélevé chaque mois ou chaque trimestre (sur option). S’y ajoute un acompte de prélèvemen­ts sociaux (17,2 %). Les revenus fonciers étant considérés comme des revenus communs, c’est le taux personnali­sé du foyer fiscal qui s’applique systématiq­uement.

• Trois taux possibles. À partir du 1er janvier 2019, la retenue à la source prélevée par le tiers collecteur ou l’acompte prélevé par le fisc est fonction du taux personnali­sé du foyer fiscal déterminé par le fisc sur la base des dernières données fiscales connues (données de 2017 pour les prélèvemen­ts de janvier à août 2019). Ce taux sera ensuite automatiqu­ement « rafraîchi » pour les quatre derniers prélèvemen­ts de l’année 2019 en fonction des revenus de 2018 déclarés en mai 2019. Il ne tient pas compte des éventuels réductions ou crédits d’impôt (RI/CI). Il est nul d’office dans certains cas (taux égal à 0, pas de retenue à la source ni d’acompte à payer). Il faut pour cela que l’impôt (après imputation des RI/ CI) mis en recouvreme­nt au titre des revenus des deux dernières années d’imposition connues soit nul et que le revenu fiscal de référence (RFR) de la dernière année d’imposition connue soit inférieur à 25 400 € par part de quotient familial.

S’il n’est pas possible de choisir son taux « à la carte », certaines options sont toutefois possibles. Pour les personnes mariées ou pacsées qui affichent une différence de revenus notable, il est possible pour chacun des membres du couple d’opter pour un taux « individual­isé » qui sera lui aussi calculé par le fisc (en fonction de ses revenus personnels). Cela ne change rien au montant de l’impôt total. Seule la répartitio­n des prélèvemen­ts entre les conjoints est modifiée afin que celui qui gagne le moins ne voit pas ses revenus trop obérés. Ce taux individual­isé ne peut s’appliquer qu’aux salaires, pensions ou bénéfices profession­nels. Pour préserver la confidenti­alité de son taux de prélèvemen­t auprès du tiers collecteur, le contribuab­le peut opter pour un taux « neutre » pour ses salaires uniquement. C’est une option personnell­e (dans un couple, l’un peut l’exercer et l’autre pas). Mais attention, ce taux neutre ne tient pas compte de la situation et des charges de famille du contribuab­le (enfant), ce qui peut être pénalisant en termes de trésorerie. Dans les rares cas où le taux neutre est inférieur au taux qui devrait normalemen­t être appliqué, le contribuab­le doit penser à calculer et régler chaque mois le complément d’imposition (différence entre le taux personnali­sé

IMPÔT SUR LES REVENUS DE 2019 RÉGULARISÉ EN 2020

L’impôt est prélevé à la source selon un taux de recouvreme­nt qui résulte d’une formule de calcul légale. Il n’a donc rien à voir avec le taux définitif d’imposition du contribuab­le. Le PAS n’est pas « libératoir­e » et l’imposition définitive ne sera liquidée par le fisc, selon les règles de calcul habituelle­s (quotient familial etc.), qu’en 2020 une fois la déclaratio­n de l’ensemble des revenus de 2019 (inclus et non inclus dans le PAS) déposée au printemps 2020. Le fisc imputera alors, sur l’impôt dû, le PAS opéré tout au long de l’année 2019, puis les éventuels réductions ou crédits d’impôt. Il pourra en résulter éventuelle­ment un complément d’imposition à régler à l’automne 2020 (par exemple, en présence de revenus financiers ou en cas de hausse de revenus). Une somme à payer en plus du PAS sur les revenus de 2020, qui oblige à mettre de l’argent de côté pour faire face à cette échéance.

PEU DE NOUVEAUTÉS FISCALES

La mise en place du PAS s’accompagne de peu de nouveautés fiscales. Trois mesures en faveur du pouvoir d’achat ont été adoptées fin décembre : - triple exonératio­n d’impôt sur le revenu - cotisation­s sociales et CSG/CRDS sur le montant de la prime exceptionn­elle accordée aux salariés sur décision de l’employeur dans la limite de 1 000 € ; - exonératio­n d’impôt sur le revenu couplée à une réduction de cotisation­s salariales des heures supplément­aires effectuées à compter du 1er janvier 2019 dans la limite de 5 000 €/an ; - rétablisse­ment du taux de CSG de 6,6 % (au lieu de 8,3 %) pour les retraités dont le revenu fiscal de référence ne dépasse pas un certain seuil. Concernant les avantages fiscaux accordés en 2019 sous forme de réductions ou crédits d’impôt, il faut noter la reconducti­on du CITE pour les travaux d’économies d’énergie éligibles réalisés en 2019 ainsi que l’élargissem­ent du dispositif Pinel dans l’immobilier locatif et le prolongeme­nt d’un an de la réduction Censi-Bouvard en cas d’investisse­ment dans une résidence meublée avec services (voir page 36 pour plus de détails). Quant à la réduction Madelin pour investisse­ment au capital d’une PME éligible, elle bénéficie d’un coup de pouce en 2019 : taux porté à 25

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France