Intérêts Privés

LA RÉGULARISA­TION DE L’IMPÔT DES REVENUS 2018

2018 est une année dite de transition. Mais contrairem­ent à une idée reçue, certains revenus de 2018 n’échapperon­t pas à imposition en 2019.

- Christine Blondel

En mai prochain, il faudra comme d’habitude déclarer tous vos revenus de 2018. L’impôt relatif à vos revenus courants soumis au PAS (salaires, allocation­schômage, retraites, revenus fonciers…) sera calculé par le fisc dans les conditions habituelle­s et sera immédiatem­ent gommé grâce à l’octroi d’un crédit d’impôt de modernisat­ion du recouvreme­nt ou CIMR au titre de l’IR et des prélèvemen­ts sociaux (revenus fonciers, par exemple). En revanche, les revenus considérés comme exceptionn­els et les revenus non soumis au PAS (dividendes, intérêts, plus-values mobilières) seront bel et bien taxés. Il faut donc éventuelle­ment mettre de l’argent de côté pour payer cette imposition à l’automne 2019.

CIMR : les Revenus courants effacés

« Pour éviter une double imposition en 2019, l’entrée en vigueur du PAS s’accompagne d’un dispositif de CIMR qui permet d’effacer l’impôt dû sur les revenus non exceptionn­els de 2018 dont au premier chef les salaires » explique Marion Capèle chez Natixis. « Il appartient aux salariés d’indiquer clairement ces revenus dans leur déclaratio­n fiscale. Ils peuvent pour cela utilement se référer à la documentat­ion de l’administra­tion fiscale qui en donne une liste précise. Ainsi, seront en totalité éligibles au CIMR les salaires perçus en 2018 même s’ils sont supérieurs à ceux des années précédente­s par exemple du fait de la réalisatio­n d’heures supplément­aires, d’une augmentati­on de salaire liée à un changement d’emploi ou un passage d’un temps partiel à un temps plein ».

REVENUS EXCEPTIONN­ELS TAXÉS EN 2019

En revanche, les indemnités de rupture du contrat de travail perçues en 2018 n’échapperon­t pas à taxation telles les sommes perçues lors d’un départ en retraite, une démission ou un licencieme­nt (pour leur fraction imposable bien sûr). La participat­ion ou l’intéressem­ent dont un salarié a demandé le versement en 2018 sera aussi taxé. « Le sort des gratificat­ions dites surérogato­ires doit être analysé au cas par cas et reste d’appréciati­on délicate » alerte Marion Capèle. « S’il s’agit d’une prime dont les modalités de versement et de calcul sont prévues dans le contrat de travail, un accord collectif ou les usages de l’entreprise comme une prime de Noël ou une prime de performanc­e, elle

pourra ouvrir droit au CIMR. Sinon, il faudra pouvoir justifier qu’elle est attribuée et versée de manière habituelle et que son montant ne va pas au-delà de celui attribué d’habitude ».

Pour deux catégories de contribuab­les, des modalités de calcul du CIMR spécifique­s seront appliquées. Il s’agit tout d’abord de la rémunérati­on des dirigeants de sociétés ou des membres de leur famille salariés de l’entreprise qu’ils contrôlent : une comparaiso­n sera opérée entre leur rémunérati­on de 2018 et celle des années 2015, 2016 et 2017 et le CIMR pourra alors être plafonné. La même comparaiso­n sera effectuée pour les profession­nels indépendan­ts dont le CIMR sera le cas échéant plafonné sauf justificat­ion d’un surcroît d’activité.

Et aussi LES REVENUS FINANCIERS

« Les revenus mobiliers (dividendes, intérêts, rachats de contrats d’assurance-vie) et les plusvalues mobilières ne sont pas concernés par le PAS. Ils ne donnent donc pas droit au CIMR. Les contribuab­les qui ont perçu de tels revenus en 2018 seront donc taxés en 2019 sur ces revenus après imputation, pour les revenus de placement, du prélèvemen­t forfaitair­e obligatoir­e (PFU) prélevé en 2018 » insiste Marion Capèle.

réductions Et crédits d’impôt

Le CIMR s’accompagne heureuseme­nt du maintien des avantages fiscaux obtenus au titre de 2018.

Les contribuab­les qui ont perçu des revenus hors

PAS en 2018 verront donc leur imposition atténuée grâce à l’imputation des réductions/crédits d’impôt relatifs à des dépenses engagées en 2018 (CITE, emploi à domicile, réduction Pinel…). Pour ceux dont l’imposition sur les revenus de 2018 est totalement annulée grâce au CIMR, les crédits d’impôt seront automatiqu­ement restitués en 2019. Il en sera exceptionn­ellement de même pour les réductions d’impôt mais dans la limite du montant de l’IR dû avant imputation du CIMR.

La prochaine déclaratio­n ne sera pas facile pour les contribuab­les qui devront déclarer tous leurs revenus de 2018 en identifian­t clairement, sous leur responsabi­lité, ceux qu’ils qualifient de courants et ceux qui sont exceptionn­els. « En cas de doute, ils pourront interroger l’administra­tion fiscale dans le cadre d’un rescrit fiscal, mais il faudra s’y prendre suffisamme­nt à l’avance par rapport à la date limite de dépôt de la déclaratio­n de revenus. En effet, l’administra­tion dispose d’un délai de 3 mois pour répondre, délai au-delà duquel son accord est considéré comme tacite ». Bien que l’employeur n’ait pas à qualifier les revenus versés en 2018 à ses salariés, il pourra utiliser une procédure de rescrit spécifique puis informer ses salariés de la réponse obtenue (opposable en cas de contrôle). Attention, le fisc dispose exceptionn­ellement d’un délai de 4 ans (au lieu de 3) pour demander à un contribuab­le des justificat­ions sur tous les éléments servant au calcul du CIMR. Mieux vaut s’y préparer en constituan­t un dossier étayé à l’appui de la déclaratio­n de revenus.ll

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