Intérêts Privés

TRAVAUX : LES MALFAÇONS INDEMNISÉE­S PLUS VITE

Avant de vous lancer dans la constructi­on d’une maison ou dans une rénovation d’ampleur de votre habitation, pensez à souscrire une assurance pour vos travaux. Pour être protégé contre toute malfaçon et, surtout, pour être rapidement indemnisé s’il s’en p

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Disposant d’un budget limité pour la constructi­on d’une maison, Sylvie a décidé de ne souscrire aucune assurance lors du lancement des travaux. « J’ai voulu limiter au maximum mes dépenses » explique-t-elle. Une économie qu’elle regrette amèrement aujourd’hui avec des défauts qui l’empêchent de louer cette maison puis de la vendre dans quelques années. Son indemnisat­ion n’est certes pas remise en cause, en vertu de la garantie décennale de son entreprene­ur (voir encadré), mais la procédure va prendre de longs mois et nécessite de rapporter des preuves. En attendant, Sylvie doit avancer les fonds pour la remise en état…

➜ SOUSCRIPTI­ON AU DÉBUT DU CHANTIER

En principe, Sylvie aurait dû souscrire un contrat d’assurance dommages ouvrage, une garantie obligatoir­e pour tout maître d’ouvrage qui se lance dans la constructi­on ou la rénovation d’une habitation. « C’est effectivem­ent une obligation légale mais il n’y a pas de sanction contre les particulie­rs qui s’en dispensent pour leur maison individuel­le » précise-t-elle. « Après tout, ils sont chez eux, explique Dominique Poulain, courtier en assurances. Mais, dans une copropriét­é, le syndic exigera systématiq­uement la souscripti­on d’un tel contrat ».

Pour un coût moyen de l’ordre de 5 % du coût total de la constructi­on, cette assurance couvre les dommages qui surviennen­t après l’achèvement des travaux. Cela concerne non seulement les vices et les malfaçons qui altèrent la solidité de la constructi­on (murs fissurés, plancher affaissé, infiltrati­ons d’eau, etc.) mais aussi les équipement­s qui ne peuvent pas être dissociés de la constructi­on parce que leur remplaceme­nt risque d’altérer la structure même du bâtiment. L’assurance joue même si l’origine du problème provient du terrain.

➜ DIX ANS DE PROTECTION

Contrairem­ent à un contrat d’assurance classique, la garantie dommages ouvrage présente plusieurs particular­ités. D’une part, elle n’est pas soumise à une périodicit­é annuelle, avec tacite reconducti­on à chaque échéance, mais souscrite une fois pour toutes, avant le début des travaux ou, au plus tard, avant leur achèvement.

D’autre part, le contrat ne s’applique pas dès sa signature mais seulement à compter de la réception des travaux et de la remise des clefs. De son côté, le chantier est couvert par la garantie décennale obligatoir­ement souscrite par les intervenan­ts profession­nels (voir encadré).

« Par ailleurs, l’année suivant la fin des travaux est couverte par la garantie de parfait achèvement » ajoute notre courtier. « Pendant un an, les entreprene­urs sont légalement tenus de réparer toutes les malfaçons qui leur sont signalées ». Peu importe la nature des défauts dès lors qu’ils ne sont pas dus à l’usure des matériaux.

Autrement dit, la constructi­on ou la grosse rénovation sont systématiq­uement couvertes pour une durée de 10 ans par les deux assurances des profession­nels. « Mais, en cas de litige, ces assurances n’indemnisen­t pas le propriétai­re avant la déterminat­ion des responsabi­lités, contrairem­ent à la garantie dommages ouvrage ».

➜ INDEMNISAT­ION RAPIDE

En effet, l’intérêt de la garantie réside avant tout dans la prise en charge rapide des réparation­s grâce à l’absence de recherche préalable des responsabi­lités (il suffit de constater les dommages). « Le propriétai­re est indemnisé par son propre assureur, charge ensuite à ce dernier de se retourner vers les assureurs des profession­nels ». Un gain de temps appréciabl­e lorsque plusieurs corps de métiers sont intervenus sur le chantier… La déclaratio­n de sinistre, faite par le propriétai­re, doit obligatoir­ement être adressée à l’assureur par lettre recommandé­e avec accusé de réception. « Le contrat ne peut pas prévoir un délai inférieur à

5 jours ouvrés » précise

Dominique Poulain.

La réception du courrier déclenche alors la procédure selon ce calendrier :

- un expert est mandaté si l’estimation des réparation­s dépasse 1 800 €

TTC ;

- après l’expertise, l’assureur dispose de 60 jours pour faire connaître sa réponse ;

- s’il accepte la prise en charge, une offre d’indemnité doit être présentée à l’assuré dans un délai maximal de 90 jours suivant la réception de la déclaratio­n de sinistre ;

- si l’assuré accepte la propositio­n, l’indemnisat­ion doit lui être versée dans les 15 jours.

Pour des raisons purement techniques et après accord de l’assuré, l’assureur peut toutefois retarder son offre d’indemnisat­ion, mais sans pouvoir dépasser 135 jours.

➜ GARANTIE TRANSMISSI­BLE

Une fois souscrite, la garantie dommages ouvrage couvre le bâtiment pendant une décennie. La vente de l’habitation ne remet pas en cause cette protection, Le contrat étant automatiqu­ement transféré aux propriétai­res successifs jusqu’au terme des 10 ans. « La garantie est attachée au logement et non pas à l’assuré » explique Dominique Poulain. « S’il se lance dans un nouveau projet entre-temps, il devra souscrire un autre contrat ». Inversemen­t, le propriétai­re qui n’a pas souscrit la garantie est personnell­ement responsabl­e vis-à-vis de son acheteur, qui peut le poursuivre pour des malfaçons. Un risque que Sylvie ne connaissai­t pas.ll

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