LES RESSOURCES GÉNÉTIQUES MARINES, TRÉSOR INEXPLOITÉ (AVEC LA FONDATION TARA)
Lorsque l’on associe ensemble « ressources » et « mer », ce qui vient immédiatement à l’esprit est le pétrole, le gaz, les minéraux, la pêche, l’aquaculture… On pense rarement aux ressources génétiques marines, directement rattachées à la biodiversité que renferment les océans. Pourtant, ces dernières pourraient demain devenir tout aussi essentielles pour l’humanité. Étant donné leur potentiel, à l’avenir, elles risquent même d’en faire bien plus.
La situation : Un gisement de ressources prometteuses mais si fragiles et convoitées
L’intérêt particulier des ressources génétiques marines réside dans le fait qu’elles restent largement mystérieuses et, pour l’immense majorité, inconnues. C’est particulièrement le cas quand on parle de micro-organismes marins : les scientifiques estiment que seulement quelques pourcents de cette biodiversité microscopiques sont aujourd’hui connus. C’est cette méconnaissance qui fait en réalité le potentiel de ces ressources : moins on en connaît, plus on est sûrs d’en découvrir. Cependant, parallèlement à ce potentiel, on ne peut que constater l’érosion de la biodiversité, à terre comme en mer, et donc avec elle, celle des ressources génétiques. Le nombre de brevets déposés ces dernières décennies par des entreprises privées sur ces ressources constitue peut-être la preuve la plus évidente de l’intérêt grandissant qui leur est porté, avec raison. Ces ressources génétiques marines mènent à des applications industrielles et des innovations concrètes dans des domaines variés, le secteur pharmaceutique en tête.
Il est donc non seulement urgent de mettre à jour cette diversité de ressources génétiques marines, mais aussi et surtout de la préserver ainsi que de partager équitablement, à l’échelle internationale, ses potentiels bienfaits. Trois volets indispensables sur lesquels la Fondation Tara Expéditions travaille, tente d’agir et se positionne fortement.
Les apports de la Fondation Tara : Découvrir et partager les ressources génétiques marines via la coopération
Grâce aux expéditions menées depuis plus de 10 ans par la Fondation Tara Expéditions, des données inédites sur les écosystèmes marins ont été recueillies. Plus de 100 000 espèces de plancton marin et des dizaines de millions de gènes ont été découverts, un travail qui permet de mettre à jour la biodiversité marine et, à terme, d’en tirer des applications concrètes. Mais la Fondation veut également s’assurer que ses découvertes profitent au plus grand nombre et qu’elles ne viennent pas renforcer de puissants monopoles déjà acquis par certains pays et entreprises. Les données récoltées sont donc rendues publiques, et n’importe quel chercheur peut s’y plonger.
Mais rendre les données publiques sans assurer les moyens techniques et les connaissances pour les analyser, ne suffit pas. C’est pourquoi la Fondation Tara va plus loin. Depuis février 2016 exactement, elle a lancé un programme de coopération scientifique pour la recherche en océanographie. Concrètement, six jeunes chercheurs venus d’Amérique du Sud et d’Afrique ont obtenu les financements nécessaires afin de mener à bien leurs recherches dans des laboratoires européens, tous partenaires de la Fondation Tara. L’objectif est à la fois d’avancer dans l’analyse des données issues de l’expédition Tara Oceans et d’en découvrir plus sur le fonctionnement du plancton marin, mais aussi et surtout d’effectuer un transfert de connaissances et de technologies de pointe vers des pays moins avancés en matière de recherche. En plus de participer à homogénéiser internationalement les compétences, cette initiative pourrait constituer un embryon de consortium international dans la recherche océanographique. La Fondation s’engage aussi politiquement, pour essayer de faire bouger les lignes. Elle était ainsi présente à la conférence des Nations Unies sur la Haute Mer, militant pour un principe de bien commun qui s’appliquerait aux ressources marines de la Haute Mer.