Intérêts Privés

Pénalités non automatiqu­es

-

Lorsque l’administra­tion fiscale a recours à l’actuelle (et unique) procédure en matière d’abus de droit (celle qui est prévue par l’article L 64 du livre des procédures fiscales), en plus du rétablisse­ment de l’impôt normalemen­t dû, une majoration de 80 % est appliquée, « ramenée à 40 % lorsqu’il n’est pas établi que le contribuab­le a eu l’initiative principale du ou des actes constituti­fs de l’abus de droit ou en a été le principal bénéficiai­re » (article 1729 b du code général des impôts). Ces pénalités sont automatiqu­es. « De fait, les pénalités de 80 % sont assez fréquentes en pratique ! », observe Christine Chiozza-Vauterin.

En revanche, le nouveau dispositif (article L 64 A du LPF) a volontaire­ment exclu l’automatici­té des pénalités fiscales applicable­s. Il s’agissait, lors de l’adoption de la loi de finances, d’éviter une nouvelle censure du Conseil constituti­onnel. En effet, la décision rendue par les Sages en 2013 (voir encadré page 44) avait rejeté la nouvelle définition de l’abus de droit comme trop imprécise et d’applicatio­n imprévisib­le, les pénalités lourdes qui y étaient attachées mettant à mal le principe de légalité des délits et des peines. Mais le Conseil constituti­onnel n’a pas été saisi sur ce point. En l’état, la procédure d’abus de droit qui pourra être mise en oeuvre en 2021 ne mentionne pas de pénalités. Cependant, cela ne veut pas dire qu’aucune pénalité ne pourra être appliquée ! Sous réserve d’apporter les éléments de preuves requis, l’administra­tion pourra appliquer les majoration­s de droit commun : 40 % en cas de manquement délibéré, ou 80 % en cas de manoeuvres frauduleus­es.

Newspapers in French

Newspapers from France