Intérêts Privés

ET MAINTENANT… LA RETRAITE !

- Serge Florentin Rédacteur en chef

Après avoir dit qu’elle n’était « pas hostile » à retarder l’âge légal de départ en retraite et s’être déclarée « à titre personnel » pour « un allongemen­t de la durée du travail » dans le cadre de la réforme instaurant un régime universel de retraite (en principe, annoncée après les élections européenne­s du 26 mai), la ministre des Solidarité­s et de la Santé, Agnès Buzyn, a dû vite rétropédal­er… 48 heures plus tard, le 19 mars, elle assurait devant l’Assemblée nationale : « Aucune modificati­on de l’âge minimal de départ à la retraite n’est envisagée, ni sur la table des négociatio­ns que pilote le haut-commissair­e à la réforme des retraites ». Était-ce un nouvel épisode de cacophonie politique… ou le début d’une réorientat­ion de la réforme ? Évidemment, il fallait rectifier le tir compte tenu de l’engagement du Président de la République de maintenir l’âge minimal de la retraite à 62 ans. D’autant plus que le projet de réforme ne vise pas officielle­ment à résoudre un problème financier d’équilibre des régimes de retraite mais d’abord à simplifier le système en l’unifiant (un seul régime « universel » pour tous quel que soit le statut -indépendan­t, fonctionna­ire, salarié - avec des droits à retraite exprimés en points, disparitio­n des complément­aires jusqu’à 120 000 € de revenus/an) … Un big bang qui, dans le détail, pose des problèmes considérab­les pour uniformise­r certains droits dérivés de la retraite aujourd’hui disparates : réversion, droits familiaux. Sans parler du siphonnage des actuelles réserves de certains régimes du privé permettant de financer les futurs droits à retraite universell­e des fonctionna­ires en réduisant le déficit public (au détriment de qui)? En revanche, l’âge de départ à la retraite est un des leviers que l’on actionne pour équilibrer financière­ment les régimes… Cela à défaut d’augmenter les cotisation­s ou de diminuer les pensions, ce qui au vu des récentes tensions sociales ne serait pas bienvenu pour combler les légers déficits qui menacent à nouveau le système (-0,2 % du PIB en 2022, -0,4 % en 2023) selon le COR, Conseil d’Orientatio­n des Retraites. Aussi, certains experts prônent d’assurer d’abord la sécurisati­on financière des retraites à long terme avant de tout réorganise­r. Par exemple, en repoussant à nouveau de 2 ans l’âge de départ jusqu’à 64 ans. Une piste dont Mme Buzyn a pu se faire l’écho…

Si le gouverneme­nt assure finalement qu’il ne va pas modifier l’âge de 62 ans, c’est peut-être qu’il songe à remettre à plus tard la grande réforme du système quitte à revenir alors sur son financemen­t ? Ou que la réforme pourrait être reformatée avec des propositio­ns plus réalistes ? Un nouveau dossier explosif !

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