ET MAINTENANT… LA RETRAITE !
Après avoir dit qu’elle n’était « pas hostile » à retarder l’âge légal de départ en retraite et s’être déclarée « à titre personnel » pour « un allongement de la durée du travail » dans le cadre de la réforme instaurant un régime universel de retraite (en principe, annoncée après les élections européennes du 26 mai), la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, a dû vite rétropédaler… 48 heures plus tard, le 19 mars, elle assurait devant l’Assemblée nationale : « Aucune modification de l’âge minimal de départ à la retraite n’est envisagée, ni sur la table des négociations que pilote le haut-commissaire à la réforme des retraites ». Était-ce un nouvel épisode de cacophonie politique… ou le début d’une réorientation de la réforme ? Évidemment, il fallait rectifier le tir compte tenu de l’engagement du Président de la République de maintenir l’âge minimal de la retraite à 62 ans. D’autant plus que le projet de réforme ne vise pas officiellement à résoudre un problème financier d’équilibre des régimes de retraite mais d’abord à simplifier le système en l’unifiant (un seul régime « universel » pour tous quel que soit le statut -indépendant, fonctionnaire, salarié - avec des droits à retraite exprimés en points, disparition des complémentaires jusqu’à 120 000 € de revenus/an) … Un big bang qui, dans le détail, pose des problèmes considérables pour uniformiser certains droits dérivés de la retraite aujourd’hui disparates : réversion, droits familiaux. Sans parler du siphonnage des actuelles réserves de certains régimes du privé permettant de financer les futurs droits à retraite universelle des fonctionnaires en réduisant le déficit public (au détriment de qui)? En revanche, l’âge de départ à la retraite est un des leviers que l’on actionne pour équilibrer financièrement les régimes… Cela à défaut d’augmenter les cotisations ou de diminuer les pensions, ce qui au vu des récentes tensions sociales ne serait pas bienvenu pour combler les légers déficits qui menacent à nouveau le système (-0,2 % du PIB en 2022, -0,4 % en 2023) selon le COR, Conseil d’Orientation des Retraites. Aussi, certains experts prônent d’assurer d’abord la sécurisation financière des retraites à long terme avant de tout réorganiser. Par exemple, en repoussant à nouveau de 2 ans l’âge de départ jusqu’à 64 ans. Une piste dont Mme Buzyn a pu se faire l’écho…
Si le gouvernement assure finalement qu’il ne va pas modifier l’âge de 62 ans, c’est peut-être qu’il songe à remettre à plus tard la grande réforme du système quitte à revenir alors sur son financement ? Ou que la réforme pourrait être reformatée avec des propositions plus réalistes ? Un nouveau dossier explosif !