COMPRENDRE VOTRE ARGENT LES PLACEMENTS À FORMULE
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Bien que souvent difficile à appréhender techniquement par les épargnants, les fonds à formule drainent des sommes importantes, car les réseaux bancaires en lancent régulièrement.
Selon la société d’analyse Structured Retail Products, les épargnants français auraient investi en 2018 environ 16 milliards d’euros en fonds à formule.
Une définition qUi n’aide gUère à comprendre
L’Autorité des Marchés Financiers - organisme qui veille en France à la protection de l’épargne, à l’information des investisseurs et au bon fonctionnement des marchés financiers - a défini les placements à formule, aussi appelés « produits structurés », comme des fonds ou des obligations proposés lors de périodes de souscription limitées à un ou deux mois.
La durée conseillée de ces placements peut être de six ou huit ans. La valeur de remboursement à l’échéance est calculée selon une formule définie à la souscription. Cette formule prend en compte par exemple un indice boursier comme le CAC 40.
différents types de placements à formUle
Les placements à formule proposent souvent une garantie totale ou partielle (par exemple 90 %) du capital investi. Dans ce cas, il convient de se faire expliquer le traitement des frais et l’identité du garant ultime du placement. Pour un placement aussi long que huit ans, un défaut, total ou partiel, du garant fait partie des risques. Les fonds à formule peuvent être classés en fonction du traitement du capital investi, selon que ce capital est garanti, protégé ou « promis ». - Sauf défaut du garant, dans un fonds à capital garanti, l’investisseur récupère la totalité (hors frais de souscription et/ou de gestion !) de son investissement initial.
- Dans un fonds à capital protégé, la récupération minimale peut être limitée par exemple à 90 % du montant investi.
- Dans un fonds à promesse, l’épargnant peut être assuré de toucher au terme un pourcentage de la performance d’un indice boursier (par exemple 90 % du rendement algébrique du CAC 40 entre l’origine et le 31 décembre précédant la sortie programmée).
Les fonds peuvent inclure toute sorte de caractéristiques, par exemple « effet cliquet » : quand un rendement intermédiaire (à une date précédant l’issue programmée) est atteint, cette performance est protégée par la neutralisation de certains risques (cession d’actions notamment).
des placements soUvent décevants
Une déception n’est pas fondée pour la perte enregistrée en cas de remboursement anticipé. En effet, ces produits sont généralement conçus pour un remboursement à date fixe connue à la souscription. Or, on sait (voir « Intérêts Privés » juin 2018) que la valeur d’un titre, même apparemment simple comme une obligation à taux d’intérêt fixe, peut largement varier entre son émission (valeur connue à l’origine) et son remboursement (valeur déterminée dès la souscription).
En principe, l’investisseur pourrait « y gagner » en sortant du fonds à formule par anticipation. De fait, la valeur de marché théorique du produit (éventuellement truffé d’options) varie dans le temps à la hausse comme à la baisse.
En pratique, la sortie anticipée d’un épargnant est généralement synonyme de perte pour lui : l’initiateur du placement préfère, dans le contrat, favoriser les investisseurs qui restent fidèles jusqu’à l’échéance convenue à l’origine. D’autres déceptions tiennent à la mauvaise compréhension du produit structuré proposé, en particulier le calcul et les conditions liées au gain potentiel exprimé par la formule (voir encadré).
Une panacée poUr l’épargnant ?
Les fonds à formule sont présentés comme une espèce d’assurance : leurs promoteurs expliquent que l’épargnant est protégé contre certains risques. Mais, avant de se protéger d’un risque, il faut l’identifier clairement : par exemple, baisse des indices boursiers français dans les huit prochaines années.
Dans un produit à formule, les risques peuvent
être difficiles à imaginer (au-delà du défaut du garant du produit). Certes, son promoteur propose généralement des simulations de rendement (en fonction de certaines hypothèses) : ces simulations sont indispensables, mais leur valeur juridique ne semble pas assurée ; par ailleurs, les frais sont souvent pudiquement ignorés.
QUelle alternative aUx fonds à formUle
Sur les périodes proposées par les promoteurs des fonds à formule (par exemple huit ans), il vaut mieux préférer, pour un montant donné, la combinaison de deux éléments : d’une part un placement en actions, d’autre part un investissement en obligations (éventuellement dans une enveloppe d’assurance vie) ; il s’agit alors d’un choix clair permettant à tout moment des arbitrages.