Intérêts Privés

PENSIONS ALIMENTAIR­ES IMPAYÉES

TOUTES LES FAÇONS DE LES RECOUVRER

- Éric Houser

Chaque mois, 900 000 personnes attendent une pension alimentair­e pour subvenir à l’entretien et à l’éducation de 1,5 million d’enfants (montant moyen : 170 € par mois et par enfant). Mais 35 % d’entre ces personnes (soit 315000 parents pour plus de 500000 enfants) sont victimes d’impayés. Pour lutter contre ce phénomène, une agence de recouvreme­nt des impayés de pensions alimentair­es (ARIPA) a été créée en 2017. Un organisme devenu incontourn­able pour récupérer les sommes dues, mais qui ne rend pas caducs pour autant les recours judiciaire­s classiques.

➜ L’aide au recouvreme­nt de L’ariPa

« L’aide au recouvreme­nt est une offre universell­e qui s’adresse à tous les parents séparés, qu’ils soient allocatair­es de prestation­s familiales ou non », rappelle MarieChris­tine d’Avrincourt, directrice de l’ARIPA. Les moyens de l’agence (22 services au sein des CAF et de la Mutualité Sociale Agricole, employant 360 profession­nels experts en recouvreme­nt) lui permettent de couvrir tout le territoire. Le parent créancier de la pension alimentair­e (fixée par jugement, titre exécutoire ou convention homologuée, pour un enfant de moins de 20 ans), dès lors que celle-ci n’est plus payée depuis au moins un mois, peut saisir l’agence directemen­t. Il n’est pas obligé d’effectuer au préalable un recours auprès d’un huissier de justice.

• À l’amiable. L’ARIPA tente d’abord une démarche amiable auprès du débiteur, qui aboutit à un recouvreme­nt effectif dans 39 % des dossiers.

• Contentieu­x. Dans la majorité des cas, il faut monter d’un cran. L’agence est habilitée à recourir à une procédure semblable à un paiement direct par huissier (sur les salaires, les indemnités de chômage ou les pensions de retraite perçus par le débiteur).

« Nous sommes souvent face à des situations d’arriérés importants », précise Marie-Christine d’Avrincourt. L’ARIPA peut récupérer jusqu’à 24 mois d’impayés, soit 4 fois plus que dans le cadre d’un paiement direct par huissier. Lorsque le parent créancier de la pension alimentair­e non payée élève seul son enfant, il peut bénéficier de l’allocation de soutien familial (ASF), d’un montant de 115,30 € par mois, jusqu’aux 20 ans de l’enfant. L’ASF est versée à titre d’avance, la CAF engageant une procédure de recouvreme­nt auprès du parent débiteur pour récupérer les sommes. « Avec l’ARIPA, c’est une nouvelle dynamique de recouvreme­nt qui a vu le jour », souligne MarieChris­tine d’Avrincourt. Cependant, elle n’exclut pas le recours à d’autres procédures.

➜ Le paiement direct par huissier

« Le moyen le plus simple et le moins onéreux pour recouvrer la pension alimentair­e, si le débiteur est salarié, est le paiement direct », affirme Caroline Fabre, huissier de justice à Paris. « Cela coûte 40 € TTC, à la charge du débiteur ». Le paiement direct fonctionne comme le prélèvemen­t à la source pour les impôts : le montant de la pension est prélevé directemen­t sur le salaire du débiteur (ou sur sa pension de retraite, son indemnité de chômage). Dans les 8 jours à compter de la demande, l’huissier saisi par le créancier notifie le paiement direct au tiers concerné (employeur, caisse de retraite, Pôle Emploi…), qui a dès lors l’obligation de verser directemen­t le montant de la pension à son destinatai­re. Les sommes qui peuvent être recouvrées par le paiement direct sont les mensualité­s à venir et l’arriéré impayé dans la limite des six dernières échéances. Au-delà de 6 mois d’arriérés, et dans la limite de 5 ans, il faut recourir aux autres saisies.

➜ d’autres modes de recouvreme­nt

« Hors paiement direct, les voies d’exécution que nous utilisons pour recouvrer les pensions impayées sont, dans l’ordre, la saisie sur compte bancaire, la saisie au domicile et la saisie sur salaires », explique Caroline Fabre.

•La saisie sur compte bancaire (ou saisie-attributio­n) est notifiée par l’huissier à la banque du débiteur de la pension, ce qui permet de bloquer le compte pendant les 15 jours qui suivent. Il n’est pas nécessaire de passer par le tribunal, dès lors qu’un titre exécutoire

(jugement fixant la pension, notamment) a déjà été établi. « C’est la saisie la plus rapide, et elle a l’avantage d’être une procédure surprise », souligne Caroline Fabre. « Mais elle présente l’inconvénie­nt d’être ponctuelle ».

• La saisie de biens mobiliers (ou saisie à domicile) a plutôt une efficacité indirecte : l’arrivée d’un huissier, accompagné d’un serrurier et de deux témoins, pouvant impression­ner…

• La saisie sur salaires, pas simple à mettre en oeuvre, elle oblige à passer par une audience de conciliati­on devant le tribunal d’instance. Par ailleurs, les montants dus sont bien prélevés, mois après mois, sur la rémunérati­on du débiteur, mais ils ne sont reversés au créancier (par le tribunal) qu’après des délais assez longs.

• Recouvreme­nt public. Quand l’une ou l’autre de ces procédures n’a pas pu aboutir, le créancier peut adresser une demande de recouvreme­nt public au procureur de la République. Cette démarche permet de faire intervenir le Trésor, le débiteur devant désormais payer la pension au percepteur, lequel dispose des mêmes moyens de recouvreme­nt que pour les impôts. Comme le paiement direct par huissier, le recouvreme­nt public permet de recouvrer jusqu’à 6 mois d’arriérés de pension alimentair­e.ll

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