DESTRUCTION, GÉNÉROSITÉ ET RECONSTRUCTION
Àquelques heures de mettre le point final à ce numéro d’Intérêts Privés, j’ai eu la stupeur de voir s’embraser la Cathédrale Notre-Dame de Paris. Une image fugace, à laquelle, sur le coup de la surprise, j’ai eu du mal à croire…(c’était avant que la nouvelle ne fasse le tour du monde et crée un réel choc affectif). Ce moment de tristesse, des millions de personnes l’ont partagé, à commencer par les Parisiens, dont le coeur de la Cité brûlait. Mais l’événement dans sa symbolique a ému bien plus que le grand cercle des croyants ou des habitants de la capitale. C’est malheureusement la démonstration, par le pire (la destruction), qu’il existe bien un patrimoine de l’humanité qui compose du génie des hommes et qui nous appartient un peu à tous (d’où la peine de le voir disparaître). Ce patrimoine historique et monumental, nous le célébrons aussi dans Intérêts Privés tous les mois depuis des années (rubrique Que font-ils de notre patrimoine ? p. 62). Car cette richesse-là unit et rassemble dans l’émotion et la joie tandis que d’autres, individuelles et matérielles, divisent et opposent trop souvent. Pour réconcilier les deux patrimoines (le « grand » et le vôtre…), et faire converger différents intérêts, les Français sont appelés à donner pour reconstruire Notre-Dame.
Ainsi, la Fondation du Patrimoine a très vite mis en place, le 16 avril, un dispositif pour recueillir les dons sur le site www.fondation-patrimoine.org. Des dons qui, rappelons-le, ouvriront droit à une réduction d’impôt de 66 % du montant donné, retenu dans la limite de 20 % du revenu imposable, avec effet l’an prochain pour l’impôt sur le revenu, tandis que pour l’IFI – à payer à la rentrée prochaine (voir notre dossier p. 41), la réduction d’impôt peut jouer immédiatement (jusqu’à la date limite de déclaration IFI, voir p. 30) avec à la clef une réduction d’IFI égale à 75 % du montant donné (avantage fiscal plafonné à 50000 euros). Attention! Le don doit être réalisé auprès d’un organisme d’intérêt général ou reconnu d’utilité publique qui doit s’engager à remettre un reçu fiscal. Peut-être même ces dons pourraient faire l’objet d’un traitement fiscal plus avantageux encore (réduction d’impôt de 90 %) si NotreDame était classée Trésor National ? Mais, en ce cas, pourrait-on encore se dire personnellement « généreux » si en faisant un tel don défiscalisé, on crée une dépense publique énorme pour l’État qui finalement pèsera sur tous..?