Intérêts Privés

CRÉDIT : L’ASSURANCE PERTE D’EMPLOI ? AÏE.. !

- ELISABETH TORRES

Dans une période de chômage encore élevé, s’assurer contre le risque de perdre son emploi lorsqu’on emprunte est naturellem­ent tentant. Mais cette garantie facultativ­e, coûteuse, aux conditions souvent limitative­s mérite-t-elle d’être souscrite ? Son utilité potentiell­e est réelle, mais les conditions proposées doivent être attentivem­ent examinées.

N’importe quelle banque que vous consultiez pour souscrire un prêt immobilier, elle vous proposera une assurance emprunteur. Il y va de votre protection, et surtout de celle de l’établissem­ent de crédit ! De fait, elle garantit le remboursem­ent de votre prêt, en cas d’accident de la vie : décès, incapacité temporaire de travailler, invalidité, perte d’autonomie, ou de votre emploi… La couverture de ce dernier risque chômage est toutefois une garantie « facultativ­e » (souvent présentée comme « option » supplément­aire). Dans ces

conditions, cette assurance vaut-elle le coup d’être souscrite ?

DES TARIFS ET CONDITIONS VARIABLES, PARFOIS DISSUASIFS

Rien ne vous oblige à prendre cette garantie et encore moins de choisir celle que vous propose votre banque. En effet, depuis la loi Lagarde de 2010, vous êtes libre de souscrire une assurance emprunteur - et les garanties qu’elle propose - auprès de l’intermédia­ire de votre choix (voir encadré). Le fait est que les établissem­ents de crédit affichent des tarifs et conditions variables, en particulie­r en matière de garantie perte d’emploi. Pour autant, celle-ci s’avère souvent chère et ses conditions parfois si restrictiv­es (pour en bénéficier), qu’on peut douter de son intérêt. À tout le moins, il faut comparer attentivem­ent les garanties proposées et faire faire des devis.

UNE GARANTIE RÉSERVÉE AUX SALARIÉS EN CDI

La garantie perte d’emploi ne s’adresse généraleme­nt qu’aux salariés, sous contrat à durée indétermin­ée (CDI). Vous ne devez pas être en période d’essai, ni en préavis de licencieme­nt. Il arrive qu’une ancienneté minimum soit également requise, entre 6 à 12 mois. Des conditions d’âge peuvent de même être prévues : par exemple avoir moins de 55 ans au moment de la souscripti­on, 60 ans au plus lors de la mise en oeuvre de la garantie.

UNE PERTE D’EMPLOI LIMITÉE AU LICENCIEME­NT

Le risque couvert par la garantie perte d’emploi est entendu de manière stricte : seuls un licencieme­nt individuel ou collectif (économique) ouvre droit à la garantie, à l’exclusion d’un licencieme­nt pour faute grave ou lourde. Sont donc écartées les pertes d’emploi liées à une rupture convention­nelle, une démission, le départ en retraite, la fin d’un contrat à durée déterminée.

MODALITÉS DE PRISE EN CHARGE

Lorsque vous êtes licencié, l’assurance rembourse à votre place vos mensualité­s d’emprunt : généraleme­nt entre 30 et 80 % avec un plafonneme­nt mensuel. Cette prise en charge peut prendre effet sans délai. Mais le plus souvent, le contrat prévoit un délai de franchise, d’une durée variable (par ex. 90 jours chez Cardif), avant que ne débute l’indemnisat­ion, sans compter le délai de carence en début de

contrat -par ex. 180 jours chez Cardif. De même, la durée d’indemnisat­ion est limitée, tant pour une même période de chômage, qu’au total si malheureus­ement vous êtes licencié à plusieurs reprises pendant la durée de remboursem­ent du prêt. Lorsque vous retrouvez un emploi, vous devez bien sûr le signaler à l’assureur.

UN COÛT PARFOIS TRÈS RÉDHIBITOI­RE

Le coût de la garantie perte d’emploi varie entre 0,10 % et 0,70 % du capital emprunté et vient s’ajouter à celui des garanties décès-invalidité de l’assurance emprunteur proposée par les banques fréquemmen­t de l’ordre de 0,10 % à 0,15 % (voir encadré pour un exemple de tarificati­on de la Banque Postale). Conclusion : cette garantie perte d’emploi peut faire doubler ou tripler le coût global de l’assurance d’un prêt immobilier.

ALORS… SOUSCRIRE OU PAS ?

Vaut-il la peine d’alourdir vos frais d’assurance alors que les conditions de la garantie sont parfois si restrictiv­es qu’elles réduisent vos chances d’en bénéficier à une peau de chagrin ? « Oui, répond

Serge l’AFUB des à avant effet, ans, rien condition ces de Usagers explique de (Associatio­n Maitre, plus garanties vous de que bien l’expert, des engager président ce ne lire Banques), proposaien­t que Française la il ! notice y prévoyait » a En 20 de déjà consommati­on l’article du crédit L : pendant 314-20 une suspension du 2 ans Code sans du de remboursem­ent frais. la Pour mémoire, tribunal d’instance ce délai qui de grâce l’accorde est la demandé plupart du au temps. L’AFUB fournit d’ailleurs un modèle sur son site à cet effet. « Aujourd’hui les garanties vont heureuseme­nt plus loin, se réjouit Serge Maître. Or dans le même temps, les prêts sont plus longs -18 ans en moyenne -, ce qui accroît d’autant le risque d’être licencié. Cette garantie n’est donc pas à négliger ». À noter : les assureurs sont bien plus exigeants en termes de justificat­ifs au moment de déclarer le sinistre qu’à la souscripti­on ! Aussi vérifiez bien que vous serez éligible en cas de chômage.

LES SOLUTIONS ALTERNATIV­ES

Et pour ceux qui ne seraient pas éligibles ou convaincus, tout n’est pas perdu. Hormis le délai de grâce susvisé, vous pouvez bénéficier de prêts modulables. Ceux-ci vous permettent de demander à la banque prêteuse de diminuer, voire suspendre, vos mensualité­s lorsque vous rencontrez des difficulté­s financière­s. Le taux de crédit reste le même, seules les mensualité­s varient (ou sont différées), ainsi que la durée du prêt qui s’allonge.

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