Louis XIV crée un monopole d’État sur le tabac
Rapporté du Nouveau Monde en 1520, le tabac se répand massivement en France, d’abord au sein de l’aristocratie puis dans les classes populaires. À tel point qu’à la fin du XVIe siècle, on décide de le soumettre à l’impôt comme les autres biens de consommation courante. « Louis XIV instaure même un monopole d’État sur sa distribution et sa transformation, qui sont assurées par des fermiers généraux », raconte Henri Bideau, chargé de mission patrimoine à Morlaix communauté. À l’époque, le tabac dans la région est manufacturé au manoir de Pen-an-Ru à Troudousten. Mais la production augmentant, on va bientôt faire le choix de construire une nouvelle manufacture sur un ancien terrain marécageux sur les quais du Léon. C’est l’architecte François Blondel qui est chargé d’en tracer les plans. Édifié de 1736 à 1740 en granit orangé, le site de 3 hectares comprend des bâtiments de stockage, de production, d’administration et de direction, articulés autour de deux
vastes cours de déchargement. Mais l’ensemble sera constamment remanié pour répondre à l’évolution de la demande et des techniques. Ainsi, en 1837, on y adjoint un magasin de feuilles exotiques. Trente ans plus tard, on introduit dans les ateliers une machine à vapeur qui permettra de faire tourner les moulins à râper jusqu’à l’arrivée de l’électricité au début du XXe siècle. Des innovations qui n’empêcheront pas la citadelle ouvrière de décliner. À la suite de deux plans sociaux, l’effectif ne compte plus que 345 ouvriers au début des années 2000 contre 1800 - essentiellement des femmes - à la fin du XIXe siècle. L’incendie accidentel et la suppression du monopole d’État en 1995 sonneront le glas de « la Manu », contrainte de fermer ses portes en 2004. Classé Monument historique, le site est racheté en 2001 par la Chambre de commerce et d’industrie puis par Morlaix communauté. Le début du renouveau.