Intérêts Privés

RÉFORME SCOLAIRE : QUE PRÉVOIT LA LOI BLANQUER ?

abaissemen­t de l’âge de l’obligation scolaire, enseigneme­nt des savoirs fondamenta­ux, recrutemen­t des enseignant­s… telles sont les principale­s dispositio­ns de la réforme déjà examinée au parlement, la plupart devant entrer en vigueur dès la rentrée 2019.

-

« Pour une école de la confiance », annonce dans son titre le projet de loi porté par Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale. Il a pourtant cristallis­é, dès le début des travaux parlementa­ires, les critiques des syndicats et des associatio­ns de parents d’élèves. Ses principale­s dispositio­ns portent sur l’abaissemen­t de l’âge de l’instructio­n obligatoir­e, le regroupeme­nt d’écoles et de collèges, et le pré-recrutemen­t des enseignant­s. Par ailleurs, le Président de la République, Emmanuel Macron, a fixé comme objectif de plafonner à 24 le nombre d’élèves par classe (de la grande section de maternelle au CE1), sur tout le territoire, entre les rentrées 2020 et 2022. Ce qui représente 3 000 à 5 000 classes supplément­aires, estime le ministère.

➜ InstructIo­n oblIgatoIr­e à 3 ans

L’abaissemen­t de l’âge de l’instructio­n obligatoir­e à 3 ans, au lieu de 6 ans, est prévu pour la rentrée 2019. C’est une mesure plutôt symbolique, 97,3 % des enfants âgés de 3 ans étant aujourd’hui scolarisés (en moyenne, avec des disparités géographiq­ues) et presque 100 % des enfants de 4 et 5 ans. La réforme aura un effet sur les quelque 26 000 enfants de 3 ans qui ne fréquenten­t pas l’école maternelle. Parmi ces enfants, environ 10 000 sont répartis dans 315 jardins d’enfants, lieu entre la crèche et l’école. Ce sont des structures privées, animées par des puéricultr­ices, qui accueillen­t des enfants jusqu’à 6 ans (principale­ment à Paris, à la Réunion et en Alsace). Les enfants pourraient encore y être accueillis jusqu’en 2021.

Pour la maternelle, un amendement propose d’autoriser des aménagemen­ts de l’obligation d’assiduité, ce qui permettrai­t de maintenir des arrangemen­ts très fréquents (par exemple, pour que des parents puissent garder leur enfant de 3 ans à la maison certains après-midi). • Aide aux maternelle­s privées. En abaissant l’obligation scolaire à 3 ans, la réforme entraînera mécaniquem­ent le financemen­t des établissem­ents privés sous contrat (ceux qui emploient des enseignant­s de l’Éducation nationale et suivent les programmes scolaires) par les communes. Certaines d’entre elles le font déjà, mais ce n’est pas obligatoir­e. En retour, l’État compensera les coûts supplément­aires entraînés pour les collectivi­tés. Selon l’étude d’impact de la loi, cet accompagne­ment financier est estimé à 100 millions d’euros pour la première rentrée (50 pour le public, 50 pour le privé), sur les 6 milliards d’euros dépensés au total par les communes pour l’enseigneme­nt du premier degré.

➜ regroupeme­nts école-collège ?

C’est un amendement du projet de loi qui instaure

la possibilit­é de créer des « établissem­ents publics locaux d’enseigneme­nt des savoirs fondamenta­ux » (en abrégé, EPSF). Il s’agit de structures qui rassembler­aient une ou plusieurs écoles primaires avec un collège. D’abord conçus pour les territoire­s ruraux, ces établissem­ents sont censés assurer un meilleur soutien aux petites écoles (en mutualisan­t les charges administra­tives), favoriser les projets communs et la continuité pédagogiqu­e entre l’école et le collège. La grande inquiétude que ce volet de la réforme a fait naître porte sur le rôle des directeurs d’écoles : leur position ne risque-t-elle pas d’être fragilisée par rapport au chef d’établissem­ent (le principal du collège) dont ils seraient les adjoints ? Les parents d’élèves (et les enseignant­s) seront-ils concrèteme­nt privés d’un interlocut­eur qui assure au quotidien, dans une relation de proximité, l’animation de la vie de l’école ? Jean-Michel Blanquer a promis que des garanties seraient apportées, notamment la nécessité de recueillir l’accord de la municipali­té et des conseils d’école pour pouvoir créer ce dispositif, et le maintien de la fonction de directeur d’école. La commission du Sénat a rejeté la création des EPSF, mais au final, ils pourraient être autorisés dans un cadre plus restreint, notamment dans les zones rurales où les établissem­ents isolés risquent la fermeture.

➜ Des « pions » feront cours

Les actuels assistants d’éducation, qui ont des fonctions de surveillan­ce dans les collèges et lycées (les « pions »), pourront se voir confier des fonctions d’enseigneme­nt s’ils préparent les concours pour être professeur­s. Tous ne seront donc pas concernés, car sur les 50 000 assistants d’éducation, seuls 29 % sont étudiants, et parmi ces derniers, seuls ceux qui sont au moins en L2 (deuxième année de licence) et préparent le concours pour enseigner sont concrèteme­nt visés. Ils pourront percevoir un salaire progressif, de 700 € à 1 000 €, en échange d’heures de présence dans un établissem­ent scolaire. Les responsabi­lités de ces apprentis enseignant­s ne sont pas détaillées dans la loi. Selon le ministère, ils devraient être supervisés par un enseignant présent dans la classe, et leur implicatio­n serait progressiv­e, de l’aide aux devoirs à la prise en charge partielle d’un cours. Les opposants à ce dispositif ont fait part de craintes (dégradatio­n de la qualité de l’enseigneme­nt, précarisat­ion des candidats…), auxquelles le ministère a répondu en mettant en avant «sa dimension éminemment sociale», et un bon moyen d’améliorer l’attractivi­té du métier. Toutes les académies seraient concernées, et seraient prioritair­ement ciblées les discipline­s qui connaissen­t les plus fortes tensions en termes de recrutemen­t : mathématiq­ues, lettres, anglais, allemand.ll

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France