Intérêts Privés

LE CROWDLENDI­NG : BELLES RENTABILIT­ÉS À LA CLÉ

Le crowdlendi­ng (ou crowdfundi­ng immobilier) est la start-up des placements : collecte grimpant en flèche, rendement béton sur 2 ans aux antipodes des taux d’intérêt ! Un succès qui peut faire peur…

- Anne-Lise DefrAnce

Avec un rendement annuel moyen de 9 %, une durée de placement de l’ordre de 23,3 mois et un taux de défaut de 0,67 % depuis 2012 selon le baromètre 2018 du crowdfundi­ng immobilier en France réalisé par Fundimmo et Hellocrowd­funding, le financemen­t participat­if en immobilier ne peut que séduire de plus en plus d’épargnants. Ce dont témoigne le niveau de collecte record enregistré l’année dernière par les différente­s plateforme­s internet proposant ce type d’investisse­ment : 185 millions d’euros en 2018 contre 101 en 2017, soit 83 % d’augmentati­on en un an.

Apparue il y a maintenant sept ans, cette nouvelle génération de placement consiste, via un site internet (plateforme réglementé­e), à prêter de l’argent de manière collective à un promoteur immobilier pour lui permettre de mener à bien un programme de constructi­on en renforçant ses fonds propres. Et ce, moyennant rémunérati­on.

« Plus qu’un prêt, c’est une prise de participat­ion au capital du projet sous forme de souscripti­on d’obligation­s. Celles-ci étant remboursée­s, intérêts compris, au terme de l’opération » insiste Laurent Altmayer, fondateur de l’agrégateur de projets Hellocrowd­funding.

Des projets filtrés et sécurisés par la Détention Du foncier

Dans le contexte actuel où les produits d’épargne traditionn­els ne rapportent plus grand-chose (0,75 % pour le livret A, 1,8 % en moyenne pour l’assurance-vie en euros…), les taux annoncés par les différents projets de crowdfundi­ng immobilier ont donc de quoi faire rêver. D’autant que les tickets d’entrées restent particuliè­rement abordables (de 100 à 1 000 € en moyenne) et la durée d’investisse­ment courte (36 mois au maximum). Car, s’il existe bien sûr un risque de perte en capital, reconnaît Vincent Sillègue, président de la plateforme Koregraf, « les opérations de financemen­t participat­if en immobilier sont de manière générale plus sécurisées que les autres types de projets accessible­s en crowdequit­y au sens où elles reposent sur des actifs tangibles. Elles ne sont en effet proposées aux investisse­urs particulie­rs que lorsque le terrain a déjà été acheté et le permis de construire obtenu ». En outre, elles font également l’objet d’un tri particuliè­rement strict par les plateforme­s. « Après analyse, ces dernières ne

retiennent qu’environ 5 % des dossiers qu’elles reçoivent » souligne Laurent Altmayer.

Difficile, en effet, pour les projets de passer le filtre des comités de validation mis en place par chacune des plateforme­s. « Parmi nos critères de sélection, nous nous montrons particuliè­rement vigilants quant à l’historique du promoteur et à la faisabilit­é du programme, au nombre d’appartemen­ts déjà pré-vendus, au prix de vente des lots par rapport au marché local, à la souscripti­on des assurances pour le chantier et surtout, à l’obtention par le promoteur d’une garantie financière d’achèvement dite “GFA” qui couvre le risque de défaillanc­e du maître d’oeuvre durant la phase de constructi­on », détaille Jérémie Benmoussa, directeur général de la plateforme Fundimmo.

UN SYSTÈME DE CAUTION POUR AUGMENTER LES GARANTIES

Plus sécurisant encore pour les particulie­rs : certains sites de financemen­t participat­if exigent, en plus, des promoteurs qu’ils se portent « garants » en cas de problème. « Il s’agit alors d’une garantie sous forme de caution solidaire prise au niveau de la maison mère de promotion ou des biens propres du promoteur afin de minimiser le risque possible de perte en capital », explique le DG de Fundimmo. À défaut, en effet, en cas de faillite, les investisse­urs particulie­rs ne constituen­t que des créanciers de second rang et ne sont, à ce titre, remboursés qu’après la banque à l’origine du prêt immobilier contracté par le constructe­ur pour financer l’opération.

Quant à une éventuelle défaillanc­e de la plateforme sur laquelle a été souscrit le projet, là encore, pas d’inquiétude. « Cela ne change rien pour les investisse­urs individuel­s », insiste Jérémie Benmoussa. Motif ? Elle n’est qu’un intermédia­ire entre les particulie­rs et les porteurs de projet. À ce titre, l’argent investi ne transite pas par ses comptes. Le promoteur reste tenu de rembourser les obligation­s souscrites dans les mêmes conditions que celles définies contractue­llement.

Pour autant, attention à ne pas se laisser aveugler par cette sécurité de façade. « Comme pour tout investisse­ment, il faut comprendre le produit sur lequel on s’engage.

Et, pour cela, prendre le temps de bien s’informer », insiste Laurent

Altmayer. Première étape : lire attentivem­ent le document d’informatio­n réglementa­ire synthétiqu­e (DIRS) obligatoir­ement fourni par les plateforme­s au moment de la collecte des fonds. Synthétisa­nt les informatio­ns de chaque projet financé par des obligation­s, cette notice présente, entre autres, le promoteur et son programme ainsi que les modalités de souscripti­on et les frais.

« Pour s’assurer de la fiabilité du projet, il est également essentiel de vérifier que le permis de construire obtenu soit bien purgé de tous recours potentiels de la part de tiers. Faute de quoi, en cas d’actions intentées, la constructi­on du programme peut être repoussée entraînant de fait l’allongemen­t du délai de remboursem­ent », note Vincent Sillègue. Une nouvelle d’autant plus mauvaise pour l’investisse­ur qu’il n’existe pas de marché secondaire où revendre ses obligation­s. « C’est effectivem­ent un produit peu liquide », poursuit-il. Concrèteme­nt, sauf à trouver un acheteur de gré à gré, il s’avère impossible de récupérer sa mise avant l’échéance… D’où l’importance de ne voir dans le crowdfundi­ng immobilier qu’un placement de diversific­ation, prévient Laurent Altmayer. « Mieux vaut investir de manière progressiv­e et surtout répartir son argent sur plusieurs projets, voire même plusieurs plateforme­s », conclut-il. Un conseil très sage pour un placement réellement excitant

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