Intérêts Privés

LE DROIT EN ACTES OBTENIR UN « PERMIS BLANC »

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Pourquoi faire ? Pour pouvoir conduire, en toute légalité, malgré une suspension du permis.

La suspension temporaire du permis interdit formelleme­nt de conduire et expose celui qui passerait outre cette interdicti­on, se rendant alors coupable d’un délit, à de lourdes sanctions (perte de 6 points, 2 ans maximum d’emprisonne­ment, 4 500 € d’amende et nouvelle suspension du permis pouvant aller jusqu’à 3 ans). Même si la loi contre la violence routière de 2003 a mis fin au dispositif dit du « permis blanc », qui permettait d’adapter une suspension de permis infligée par le Préfet, il est encore possible de conserver le volant, sous certaines conditions, pendant une période de suspension en sollicitan­t un aménagemen­t de la sanction. Son obtention n’est désormais possible qu’en cas de suspension judiciaire du permis – la suspension administra­tive infligée par le Préfet n’est plus aménageabl­e - et l’annulation du permis pour perte totale des points fait l’objet d’une autre procédure (voir encadré). Si l’expression « permis blanc » subsiste, elle correspond en fait aux modalités d’exécution de la peine prononcée.

Que demande-t-on ? L’aménagemen­t de la suspension pour pouvoir conduire en fonction de graves contrainte­s personnell­es ou profession­nelles.

La peine de suspension du permis de conduire peut être suspendue ou fractionné­e, sur propositio­n du ministère public ou par le tribunal de police ou correction­nel, pour un motif grave d’ordre médical, familial, social ou profession­nel (c. pro. pén., art. 708).

L’aménagemen­t de la suspension peut prendre diverses formes, selon la décision du juge : conduite autorisée en semaine pour l’exercice de son activité profession­nelle, suspension appliquée le week-end, etc. L’aménagemen­t de la suspension n’en réduit pas la durée, celle-ci étant simplement étalée sur une période plus longue. Ne pas respecter les modalités de l’aménagemen­t accordé par le juge équivaut à commettre le délit de conduite sans permis.

À qui s’adresser ? Au tribunal de police ou au tribunal correction­nel selon la gravité de l’infraction ayant donné lieu à la suspension du permis.

Obtenir un permis blanc n’est pas un droit mais une modalité d’exécution de la peine et seul le juge est compétent pour aménager la suspension du permis de conduire. La demande de permis blanc doit être formulée à l’audience, lorsque la sanction est prise (suspension, amende), soit auprès du juge du Tribunal de police (pour une contravent­ion) ou du président du Tribunal correction­nel (pour un délit). La procédure est orale.

Toutes les infraction­s routières ne donnent pas droit au « permis blanc ». Les plus graves (conduite en état d’ivresse ou sous l’emprise de stupéfiant­s, délit de fuite, dépassemen­t de plus de 50 km/h de la vitesse autorisée, etc.) ne sont pas susceptibl­es

d’être aménagées.

Quelles raisons invoquer ? Il faut justifier d’impérieuse­s raisons profession­nelles ou personnell­es pour l’aménagemen­t de la suspension. Le juge apprécie souveraine­ment.

Pour avoir une chance de convaincre le juge, le titulaire du permis suspendu doit démontrer que pouvoir conduire un véhicule lui est absolument indispensa­ble, faute de moyen de transport de substituti­on (absence de transports en commun, horaires de travail incompatib­les avec les transports publics, aucun proche disponible, etc.). Le motif peut être personnel (suivi d’un traitement médical à l’hôpital, charge d’un proche lourdement handicapé, etc.) ou profession­nel (déplacemen­ts fréquents, etc.) mais la demande doit toujours être étayée par des éléments probants : certificat médical, attestatio­n de l’employeur, etc. Pour un salarié, invoquer un fort risque de licencieme­nt ne constitue pas, à lui seul, un argument suffisant pour convaincre le juge dont la décision n’est pas susceptibl­e d’appel. En pratique, l’obtention d’un « permis blanc » est difficile et, en tout état de cause, l’automobili­ste qui a déjà bénéficié d’un tel aménagemen­t n’a pas de deuxième chance, quels que soient ses arguments.

Combien ça coûte ? La procédure est gratuite, à moins de solliciter l’aide d’un avocat.

Légalement, l’assistance d’un avocat n’est obligatoir­e ni devant le tribunal de police ni devant le tribunal correction­nel et l’automobili­ste peut présenter lui-même ses arguments pour bénéficier d’un aménagemen­t de la sanction. En pratique, toutefois, l’assistance d’un avocat s’avère indispensa­ble pour espérer convaincre le juge en présentant un dossier solide. En cas de délit, sa présence peut également permettre d’éviter une lourde sanction devant le tribunal correction­nel (amende et/ou peine d’emprisonne­ment). Par ailleurs, l’avocat est incontourn­able en cas de référésusp­ension (voir encadré).

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