Visite historique des lieux :

Une oeuvre d’art totale qui mêle tous les styles

Au soir du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851, Victor Hugo, écrivain inspiré et personnalité politique engagée, appelle les Parisiens à la résistance armée. En vain. Sans attendre d’être officiellement banni, il décide de fuir. À Bruxelles d’abord, à Jersey ensuite et enfin à Guernesey, à partir d’octobre 1855. Avec son épouse et ses enfants, il s’installe dans un premier temps dans une maison meublée près du port de Saint-Peter… Avant d’acquérir, quelques mois plus tard, grâce aux droits d’auteur des Contemplations, Hauteville House, une ancienne demeure de corsaire située un peu plus loin sur les hauteurs. C’est entre ces murs qu’il mettra un point final aux Misérables et rédigera La Légende des siècles, Les Travailleurs de la mer, William Shakespeare, L’homme qui rit… Il y fait notamment aménager un jardin d’hiver sur deux étages, et sur le toit, un « look-out », un cabinet de travail entièrement vitré. Entre deux travaux d’écriture, Hugo se consacre à

l’aménagement intérieur de sa nouvelle demeure, dont il va faire une oeuvre d’art intégrale, toute en contrastes et en fantaisie. Fort d’une incroyable énergie créatrice, il se plaît dans chaque pièce à mélanger les styles. Ici, des torchères en bois doré côtoient des nains de jardin ; là, des tapisseries anciennes voisinent avec des cuirs ornés de clous de cuivre. Un décor surréaliste dans lequel Hugo vivra pendant quatorze ans, jusqu’à ce que Napoléon III parte à son tour en exil en Angleterre, à la suite de sa défaite face à la Prusse, en 1870. À la mort du poète en 1885, la maison reste propriété de sa famille et de ses descendants, qui en feront don à la Ville de Paris en 1927. « De nombreux travaux seront menés au cours du XXe siècle », raconte Odile Blanchette. « Une base et un pilier en béton seront notamment ajoutés au rez-de-chaussée, alourdissant beaucoup la structure. » Des interventions malheureuses que la restauration a permis de gommer.