Intérêts Privés

LES AIDES À CONNAÎTRE POUR SE LANCER

C’EST DÉCIDÉ, JE MONTE MON ENTREPRISE !

- Thierry Lemaire

Il ne suffit pas d’avoir trouvé une idée originale, de disposer d’un business plan élaboré ni même d’avoir investi dans une étude de marché pour « monter sa boîte » avec la certitude de réussir. Le succès passe aussi par une préparatio­n soignée bien avant l’obtention du fameux Kbis. Surtout vos chances de réussite seront plus grandes si vous profitez des diverses aides à la création ou à la reprise d’entreprise mises en place. Sans surprise, les principale­s aides à la création ou la reprise d’une entreprise sont destinées aux demandeurs d’emploi - une entreprise sur deux est créée par un chômeur – mais les salariés disposent également d’un soutien.

➜ CHÔMEURS : PEU DE CHARGES…

Si vous êtes sans emploi, vous avez droit à l’Aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d’entreprise (ACCRE) accordée par l’État. La demande d’ACCRE doit être déposée auprès d’un Centre de formalité des entreprise­s (www.cfenet.cci.fr) au plus tard dans les 45 jours de la création ou de la reprise de l’entreprise. Vous bénéficiez alors, pour votre protection sociale pendant 12 mois, d’une exonératio­n partielle ou totale de cotisation­s sociales (maladie, maternité, retraite de base, vieillesse, etc.). Seules restent à votre charge la CSG et la CRDS, la contributi­on à la formation profession­nelle et, pour les artisans et les commerçant­s, la retraite complément­aire obligatoir­e.

L’exonératio­n de cotisation­s sociales est :

- totale si vos revenus issus de votre nouvelle activité d’entreprene­ur ne dépassent pas 75 % du plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS), soit 29 799 € en 2018 ;

- dégressive entre 75 % et 100 % du PASS (39732 € en 2018) et calculée de la manière suivante : (cotisation­s dues pour 29 799/0,25 PASS) x (39 732 €- rémunérati­on) ;

Au-delà du PASS, vous ne bénéficiez plus d’aucune exonératio­n de charges sociales.

➜ … ET 2 AIDES FINANCIÈRE­S CRUCIALES

Pour vos moyens financiers, en tant que chômeur inscrit à Pôle emploi, vous disposez de deux aides, non cumulables. Libre à vous de choisir la formule qui correspond le mieux à vos besoins.

• ARCE. La première solution consiste à demander l’Aide à la reprise ou à la création d’entreprise (ARCE), qui prend la forme d’une aide financière à hauteur de 45 % du reliquat de vos allocation­s de chômage à la date du lancement de votre activité. Attention, pour bénéficier de cette prestation, vous devez avoir préalablem­ent obtenu l’ACCRE.

Exemple :

Un chômeur a droit à une allocation journalièr­e de 40 € avec un versement débutant le 1er mars 2018 pour une durée totale de 650 jours. Il décide de créer son entreprise le 1er avril 2018 :

- reliquat de droits : 650 jours – 31 (mois de mars)= 619 jours indemnisab­les ;

- montant de l’ARCE : (40 € x 619 jours) x 45 %= 11142 €.

Sur ce montant est déduit une participat­ion de 3 % au titre du financemen­t des retraites complément­aires, soit 334 € (11142 € x 3 %).

L’ARCE est versée en deux temps : à la date de début d’activité puis 6 mois après le premier versement. En cas d’échec du projet, le créateur récupérera le reste de ses allocation­s-chômage. • Cumul ARE-revenu d’activité. L’autre solution consiste à conserver une partie de votre allocation de chômage (Aide au retour à l’emploi -ARE) tout en percevant un revenu issu de votre activité d’entreprene­ur. Concrèteme­nt, 70 % de vos revenus tirés de votre entreprise sont alors déduits de votre allocation mensuelle. À condition toutefois que le cumul entre votre ARE et votre revenu d’activité ne dépasse pas le salaire brut ayant servi au calcul de votre allocation de chômage.

➜ SOUTIEN DES SALARIÉS CRÉATEURS

Les demandeurs d’emploi ne sont heureuseme­nt pas les seuls créateurs ou repreneurs soutenus. Si vous êtes actuelleme­nt salarié et que vous rêvez de monter votre boîte, vous disposez aussi de quelques aides vous permettant de prendre un risque limité.

• Congé pour création d’entreprise. Pour ménager vos arrières en cas d’échec, la meilleure solution consiste à opter pour le congé – à temps partiel ou à temps complet - de création d’entreprise (avec l’accord de l’employeur). Vous devez justifier d’au moins 24 mois d’ancienneté (consécutif­s ou non) dans l’entreprise actuelle pour un congé d’un an renouvelab­le une fois. Au terme du congé, vous bénéficier­ez d’un droit de retour dans l’entreprise au même poste ou pour un emploi similaire avec une rémunérati­on équivalent­e.

• Démission « légitime ». Une autre solution consiste à démissionn­er pour vous consacrer à plein temps à votre nouveau projet. Dans un premier temps, vous ne pourrez pas bénéficier des allocation­s de chômage, mais, en cas d’échec de votre aventure entreprene­uriale dans les 3 années suivantes, vous aurez droit aux prestation­s de l’assurance chômage après votre inscriptio­n à Pôle emploi.

• Cotisation­s sociales minimales. En tant que salarié, vous ne bénéficiez pas de l’exonératio­n accordée aux demandeurs d’emploi mais de cotisation­s forfaitair­es minimales durant vos deux premières années d’activité (voir www. rsi.fr).

➜ AIDES FISCALES POUR TOUS

Pour trouver de l’argent en dehors des banques, toujours frileuses lorsqu’il s’agit d’accorder un prêt à un créateur d’entreprise, vous disposez de l’aide indirecte du Fisc sous deux formes distinctes dès lors que votre entreprise relève de l’impôt sur les sociétés (IS). • Souscripti­on au capital. Faites le tour de vos connaissan­ces ! La souscripti­on au capital de certaines petites

et moyennes entreprise­s – PME de moins de 250 salariés et avec un chiffre d’affaires n’excédant pas 50 millions d’euros - permet de réduire ses impôts, à condition de conserver ses titres pendant au moins 5 ans. Vous pouvez d’ailleurs vous-même bénéficier de ce dispositif en souscrivan­t au capital de votre propre entreprise.

La réduction d’impôt est égale à 25 % (en 2018, sinon taux de 18 %) du montant des versements effectués par le contribuab­le, retenus dans la limite de 100 000 € par an pour les contribuab­les mariés ou Pacsé soumis à une imposition commune, et de 50 000 € pour les célibatair­es. Concrèteme­nt, leur réduction d’impôt maximale est donc respective­ment de 25000 € et 12500 € mais les versements qui dépassent le plafond annuel (100 000 ou 50 000 €) sont reportable­s sur les quatre années suivantes. En outre, le plafonneme­nt des niches fiscales empêche que le total des réductions d’impôt (RI) dépasse 10 000 €/an, mais l’excédent (RI) pourra être reporté sur l’impôt à payer les 4 années suivantes. Ainsi, un célibatair­e qui investit 60 000 € en 2018 profite en année n+1 d’une réduction d’impôt théorique de 12500 € (versement retenu jusqu’à 50 000 €) et plafonnée à 10 000 € (2500 € reportable). Mais, en année n+2, il profitera d’un total de 5000 € de RI : (10 000 € x 25 %= 2500 €)+ 2500 € de RI reportée. Cette déduction fiscale reste acquise même si l’entreprise est ensuite placée en liquidatio­n judiciaire.

• Déduction des intérêts d’emprunt. En souscrivan­t au capital de votre entreprise (soumise à l’IS), vous avez la possibilit­é de déduire les intérêts de votre emprunt :

- soit sur la base de votre rémunérati­on brute versée par l’entreprise, dans la double limite annuelle de 50 % de ladite rémunérati­on et de 15 250 € ; - soit au titre de vos frais réels profession­nels (en renonçant à la déduction forfaitair­e de 10 %).

➜ Aides des collectivi­tés locAles

Des aides locales (juridiques, logistique­s ou financière­s) sont accordées par les collectivi­tés locales (communes, départemen­ts ou régions) ou des organismes privés (associatio­ns, etc.) selon des modalités spécifique­s. Les chambres de commerce et d’industrie (www.cci.fr) et le centre de formation aux entreprise­s (www.cfe.urssaf.fr) peuvent vous aider à dénicher des aides auxquelles vous n’avez peut-être pas songé. De même, la nouvelle Agence France Entreprene­ur (www.afecreatio­n.fr) dispose d’une dotation pour des appels à projets dans les territoire­s fragiles. L’occasion de changer de vie !

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