Tigresse et dragon
Difficile d'être (très) jeune comédienne en Asie dans les années 60/70 : émarger à l'ombre de stars masculines montantes, être soumise aux exigences de metteurs en scène et de scénaristes souvent tentés par la misogynie, et voir décliner sa carrière météorique avant même 25 ans.
Il aura fallu la maestria d'un réalisateur comme King Hu, immigré pékinois parti faire ses gammes entre Hong Kong et Taïwan, pour redonner aux héroïnes aux yeux bridés toute leur noblesse martiale, une majesté gagnée à la pointe de l'épée. En bretteuse magnifique, Hsu Feng irradie A Touch of Zen (1971) conte mystique, trépidant
et fleuve, dont la ressortie en 4K (de l'ultra-hd) sur les écrans français est en soi un petit événement cinéphile. Un film qui inspirera fortement, trois décennies plus tard,
le Tigre et Dragon d'ang Lee. jean-pascal grosso