Jalouse

Lukas Ionesco

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LA GUEULE D'ANGE A QUITTÉ LE SKATE DE MATH, SON PERSONNAGE DANS LE DERNIER LARRY CLARK, POUR LES GUITARES DE DIAPERPIN, SON GROUPE. ET BALADE SA NONCHALANC­E DANS LE MONTMARTRE UNDERGROUN­D.

Il lit Apollinair­e, a peint ses ongles en rouge et préfère la musique au cinéma. Lukas Ionesco est un ovni aux faux airs d'enfant sage, un éphèbe de 20 ans élevé dans le Montmartre idéalisé de sa mère, Eva Ionesco. À 17 ans, il quitte l'école et accepte un rôle dans le dernier longmétrag­e de Larry Clark, The Smell of Us. Sexe, drogue, violence… Le film déroute, tout comme les méthodes du réalisateu­r américain : “Larry a un côté gourou. C'est un peu too much quand on a 18 ans.” À cette époque, Lukas quitte Paris pour Berlin, et finit par s'installer à Nantes, où il apprend la musique en autodidact­e. Diaperpin, son groupe de rock, naît quelques mois plus tard : “Diaperpin, ça veut dire épingle à nourrice. L'épingle à couche, c'est l'épingle du nourrisson. Pour moi, tout vient de l'enfance.” En musique comme en comédie, Lukas brille hors des sentiers battus. Il compose à l'oreille et écrit ses paroles dans un anglais au scalpel. François Djemel, le bassiste des Twin Twin, le complète à la basse et à la rythmique : “Notre musique est grunge, même si je n'aime pas trop ce mot. Je trouve ça réducteur.” Depuis quelques mois, les deux acolytes planchent sur leur premier EP et préparent le tournage de plusieurs clips : “Avant de prévoir des concerts, j'aimerais qu'on fasse le buzz avec un morceau ou une vidéo.” L'image, Lukas en a déjà une, celle d'un poète en salopette, qui dévoile ses tatouages sous son vieux T-shirt Mickey : “S'il n'y avait pas le regard des autres, je m'habillerai­s comme une meuf, pour avoir le sentiment d'être une autre personne. J'aime Demna (Gvasalia) et Gosha (Rubchinski­y) car leur mode brouille les pistes.” On croirait qu'il n'a peur de rien, mais l'effronté cache une sensibilit­é brute : “Je ne suis pas très bien dans mes baskets, malgré les apparences. Mais j'apprends à vivre avec.” Et le cinéma, dans tout ça? Si les projets pleuvent – il jouera un héros des années Palace dans le prochain film de sa mère –, Lukas n'en démord pas : “Le cinéma, j'en ai envie une fois sur deux. Mais la musique, ça fait partie de moi.”

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