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CHEZ LES JEUNES FEMMES, LES INJECTIONS DE FILLERS DANS LES LÈVRES SONT EN PLEINE EXPLOSION. RÉVOLUTION BEAUTÉ OU SIMPLE EFFET DE MODE ?
Let’s talk temporary lip fillers”, titrait Into The gloss il y a quelques mois. La bible des blogs beauté ne s’y est pas trompée : le recours aux injections temporaires dans les lèvres est un sujet aussi fascinant que tabou. Depuis quelques années, on assiste en effet à un énorme engouement des millennials pour cette pratique de médecine esthétique autrefois réservée aux femmes matures souhaitant combler les rides du pourtour de la bouche. Une mutation qu’on doit sans doute en partie à l’émergence d’une vague de it girls aux lèvres archi-pulpeuses : Hailey Baldwin, le top Irina Shayk, mais surtout Kylie Jenner, cadette du clan Kardashian. Si, dans le cas de cette dernière, le recours aux fillers est établi, nombreuses sont les célébrités qui refusent d’admettre qu’elles doivent leur moue boudeuse aux injections d’acide hyaluronique. Le docteur Bernard Sillam, fondateur du centre esthétique parisien Lazeo, confirme : “Aujourd’hui il y a énormément de filles entre 20 et 25 ans qui décident d’avoir recours aux injections d’acide hyaluronique dans les lèvres. C’est un phénomène très nouveau, qu’on n’aurait jamais imaginé il y a une dizaine d’années. Repulper les lèvres, c’est une intervention de médecine esthétique qui a longtemps eu mauvaise presse. Car il y a vingt ans encore, on injectait des produits non résorbables, tels que le silicone. Les patientes faisaient toujours référence à de nombreux ratés sur certaines célébrités, elles avaient peur de s’exposer aux mêmes risques. Mais l’injection de silicone est désormais interdite en France. Les seuls produits autorisés aujourd’hui sont des produits résorbables, et le produit phare est évidemment l’acide hyaluronique, naturel, qui ne peut pas donner ces lèvres de canard qu’on a vues durant de nombreuses années sur les plages d’ibiza, de Mykonos ou de Saint-tropez.” L’angoisse suprême, c’est en effet d’obtenir à l’arrivée l’une de ces bouches surinjectées et figées qu’affichent certaines comédiennes et starlettes. Élément non négligeable pour celles qui hésiteraient à sauter le pas : l’acide hyaluronique a son propre antidote. En cas de grosse panique, on peut donc diminuer de façon sensible le volume, voire l’effacer totalement. Mais, dès lors, comment expliquer la persistance de certaines “duck faces” dans les rues et la presse people ? “Parce que ces femmes demandent des lèvres exagérément repulpées, et tombent sur des médecins complaisants, poursuit le docteur Sillam. Pour ma part, 98 fois sur 100, je n’utilise qu’une seule seringue, et non pas deux ou trois comme cela se fait dans certains pays. Ces personnes perdent de vue que le résultat se doit absolument d’être harmonieux, et naturel !” En pratique, ça se passe comment? Au total, six variétés de produits sont utilisés pour repulper les lèvres. Parmi les plus célèbres, le Juverderm et le Restylane. L’injection s’accompagne de l’application d’une crème anesthésiante puissante. Dans les jours qui suivent, on a un volume 25 % supérieur à celui du résultat définitif, du fait d’un léger oedème. “En fonction de la forme des lèvres, on injecte avec des aiguilles ou des canules, mais les aiguilles permettent, à mon sens, de redessiner plus précisément l’ourlé des lèvres, et de définir un joli arc de cupidon en coeur sur la base médiane de la lèvre supérieure, tout en obtenant une jolie couleur rosée, car les femmes qui fument ont souvent les lèvres ternes”, précise Bernard Sillam. Le seul risque? Devenir accro. De l’aveu des professionnels, les femmes sont tellement satisfaites de leurs nouvelles lèvres qu’elles renouvellent pour la plupart l’expérience plusieurs fois, en demandant bien souvent à leur médecin s’il est possible d’augmenter les doses. Prévoyez également un budget conséquent : il vous en coûtera entre 350 et 500 euros par injection, selon l’effet désiré et le type d’acide hyaluronique utilisé.