Jalouse

New York versus Los Angeles.

Quand la côte Ouest rencontre la côte Est, cela donne la collection capsule signée Coach & Rodarte, la plus dingue de ce printemps-été. Confidence­s exclusives de Stuart Vevers, directeur artistique de Coach.

- Par Laure Ambroise

À quelle occasion avez-vous rencontré les soeurs Laura et Kate Mulleavy, alias Rodarte ? Nous avons défilé le même jour pendant la fashion week de New York, c’est comme cela que nous sommes entrés en contact. Nous avons commencé à bâtir une vraie relation et à imaginer cette collaborat­ion. Je suis depuis très longtemps un admirateur du travail de Kate et Laura et de leur approche unique de la mode, qui incarne l’esprit créatif américain. C’est la première fois que deux grands noms de la mode collaboren­t de

façon si étroite, comment cette idée est-elle devenue réalité ? À travers l’élaboratio­n de cette collection, nous avons pu apprendre à mieux nous connaître. Nous avons travaillé dur tout en trouvant le temps de nous amuser en cours de route. C’était vraiment un processus créatif et amusant. Kate et Laura ont regardé Coach avec un oeil neuf, et cela m’a aidé à voir l’héritage de Coach de différente­s manières.

Quelle est l’inspiratio­n de cette collection ? Bien que Coach soit newyorkais­e et que Rodarte vienne de Los Angeles, c’est bien le même pays qui nous inspire. Pour Coach, l’attitude dynamique et la diversité culturelle sont des influences fortes, auxquelles il faut sans cesse intégrer la nouveauté. Ce mélange a abouti à une collection cool, romantique avec laquelle les deux maisons se sentent à l’aise. Nombre de vêtements de cette collection sont sérigraphi­és d’images de sacs à la façon de T-shirts de fan. Les sacs sont-ils les nouvelles idoles ? J’ai pris quelques pièces et références des archives de Coach à l’occasion de mon premier rendez-vous avec Kate et Laura, et elles ont été vraiment attirées par nos publicités. Kate a eu l’idée de les utiliser sur des T-shirts puis ensuite sur des pulls et des sacs. Nous avons utilisé des textes publicitai­res pour jouer avec l’idée jusqu’au bout et nous avons réinterpré­té le hangtag. Une façon ludique de revisiter le patrimoine de la maison. Quelles sont les icônes de Coach ? La saison dernière il y avait Elvis, et l’hiver prochain il y aura un petit sac en forme de Donald Duck… Les dernières collection­s continuent de raconter cette histoire de tension

entre ténacité et douceur féminine. Le charme de la nostalgie est recontextu­alisé, ce qui suggère quelque chose de nouveau. Vous verrez des références spatiales, symboles d’un moment d’optimisme américain, mélangé au luxe précieux du shearling avec du cuir et une variété de détails. On dit que les millennial­s ne reconnaiss­ent plus le concept de it bag, qu’en

pensez-vous ? Je pense que les codes du luxe sont définis par cette génération qui veut en effet dépenser son argent pour une paire de tennis, un T-shirt ou un sac, des choses qui reflètent sa personnali­té, et pas pour un objet exclusivem­ent mode. Je suis fasciné par la culture de la jeunesse, qu’il s’agisse de gangs de lycéennes des années 60 rêvant d’elvis, des pionniers du hip hop du Bronx dans les années 80, ou de la façon dont la génération Snapchat est obsédée par les symboles et les emojis.

Parlez-nous des sacs que vous mettez en avant. Ce sont les pièces en cuir métallique multicolor­e, y compris les sacs, qui sont mes pièces préférées parce qu’elles combinent le cuir Coach avec le sens des couleurs et des techniques artisanale­s de Rodarte. Dans une collection à deux noms (Coach et Rodarte) et à six mains (Stuart, Laure et Kate), tout le monde vient avec ses envies, qui a apporté quoi ? Le fait d’être différents a créé une tension intéressan­te, même si nous avons aussi beaucoup de choses en commun. On a été influencés par le style américain et notre passion pour l’artisanat. À notre façon, on s’est mis en compétitio­n avec la mode des défilés par une approche moins élaborée, moins référencée. Cette collection fait également appel à notre passion pour la pop culture, que ce soit Rodarte et ses références aux films d’horreur ou mon amour pour Les Dents de la mer, qui m’a fait tricoter un requin sur un pull. Rodarte ne les a pas appliqués à la lettre mais de façon auto-parodique. Nous réinventon­s l’historie avec l’esprit de créativité apporté par Kate et Laura.

De 130 à 2 945 €. Coach : 372-374, rue Saint-honoré, Paris 1er. rodarte.com.

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Kate Mulleavy, Stuart Vevers et Laura Mulleavy.

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