Art
L'activisme façon Arvida Byström
“Pics or it didn't happen” est une expression de nerd qui signifie “Envoiemoi une photo de ce dont tu te vantes en ligne ou je considère que cela n'a jamais eu lieu”. C'est aussi le titre du bouquin d'arvida Byström, 25 ans, photographe née en Suède et vivant désormais à Los Angeles où elle est aussi artiste et mannequin. Cette dernière prend la maxime au pied de la lettre et considère qu'un – vrai – corps de femme (avec des poils, des cicatrices, parfois des bleus, des bourrelets, dans des poses lascives ou nonchalantes, avec des règles ou même des tétons) n'existe pas tant qu'on ne le montre pas. Exaspérée – comme sa complice Molly Soda, autre créative de l'ère Internet avec qui elle cosigne l'ouvrage – par la disparition de l'une de ses images sur le réseau social, elle lance il y a quelques mois un appel à témoin. Les photographes Petra Collins et Harley Weir, la poète Rupi Kaur ou encore l'artiste Amalia Ulman et des douzaines d'autres répondent à cette sollicitation et envoient les originaux des images retirées de leurs comptes. Leur point
commun ? “Elles sont souvent en rapport avec le corps de la femme et sa sexualisation, même si c'est parfois ténu et éloigné des choses interdites par le règlement d'instagram. On ne comprend pas toujours, Instagram n'explique pas pourquoi ta photo disparaît, parfois six mois après, et tu te demandes ce que tu as bien pu faire de mal, comme cette image d'une fille au téléphone en hijab, raconte Molly Soda dans une interview vidéo. Tu penses que tu contrôles ton image, mais ce sont eux qui la possède, un peu comme dans une relation toxique.” Pervers narcissique Insta ? Les néo-artistes sont en tous les cas bien décidées à ne pas se laisser avoir et à challenger le regard sur le corps des femmes, quitte à passer par ce bon vieux papier. @arvidabystrom @bloatedandalone4evr1993 Pics or it didn't happen, images banned from Instagram, d'arvida Byström et Molly Soda, Prestel, 25€.