Jalouse

Avalon Emerson Sommité du keyboard devenue virtuose des platines, Avalon Emerson, 28 ans, fait planer le Tout-berlin avec ses sets éclectique­s de techno et de house. Le dernier en date ? Un remix de “Sugar for the Pill” pour Slowdive, qu'elle jouera cet é

- Réalisatio­n Damèse Savidan Interview Mathilde Berthier Photos Jean-vincent Simonet

Aviez-vous déjà joué ici, au Rex Club ? Non, c'était la première fois. En revanche, je connaissai­s déjà Jennifer Cardini, l'autre DJ invitée, pour avoir mixé avec elle au Panorama Bar, à Berlin.

Connaissez-vous bien Paris ? Assez mal. J'ai beaucoup voyagé en Europe, je vis à Berlin depuis trois ans, mais je ne suis venue que deux fois à Paris. J'ai mixé une fois à la Concrete, en janvier dernier, avec ma petite amie, Courtesy.

Où avez-vous grandi ? Je suis née à San Francisco, puis ma famille a déménagé en Arizona. J'ai passé toute mon enfance là-bas, avant de rejoindre San Francisco, où j'ai vécu sept ans, avant de m'envoler pour Berlin.

Pourquoi avoir quitté les USA? Avant de devenir DJ, j'étais ingénieure. Un jour, j'ai réalisé que mon job et l'environnem­ent ultracapit­aliste de l'édition de logiciels me dérangeaie­nt. Aujourd'hui,

je m'intéresse toujours au codage, aux avancées dans la tech, mais seulement pour le plaisir. Berlin, c'est un nouveau chapitre de ma vie.

Où vivez-vous, à Berlin ? Dans le quartier de Neukölln. J'adore cette ville car tout bouge. En trois ans ici, je me suis fait plus d'amis qu'en vingtcinq aux États-unis. C'était une bonne idée d'aller voir ailleurs.

Vous composez chez vous ? Je viens d'emménager dans un appartemen­t où j'ai pu installer un studio, au dernier étage, comme une bulle sur un toit : c'est parfait pour le son.

Combien d’heures de musique par jour ? Honnêtemen­t, ces derniers mois, j'ai eu du mal à plancher sur de nouveaux sons. Je tournais trop. Pendant les temps morts, je dormais! Ma vie a beaucoup changé, j'ai dû m'habituer à partir sur la route, j'étais très amoureuse aussi. Le mois dernier, je n'ai pas tourné pendant quinze jours pour passer du temps en studio. Je travaille en rafales.

Votre journée idéale ? Me lever tôt, m'enfermer dans mon studio, composer, et dîner entre amis.

Vous aimez donc la solitude ? La musique électroniq­ue est un truc de solitaire. On peut s'autosuffir­e. En même temps, la scène est une expérience émotionnel­le. J'aime que mes amis m'écoutent, et j'aime les écouter en retour. Mixer est-il la meilleure façon de passer la nuit ? Franchemen­t, non ! (rires) Le Djing est ma passion, mais j'aime prendre du temps pour moi à la maison, lire, ou préparer quelque chose à manger.

Quelles sont vos influences ? Tout ce que je compose est très personnel. Je m'inspire d'événements de ma vie, des relations avec les autres, de paysages aussi – le désert d'arizona est l'une des plus belles choses sur terre… Mes mix sont autobiogra­phiques. Quel est le lien entre une musique et un paysage ? Le contraste. Le sable, le ciel, les monolithes et tout ce qui grouille en silence : les scorpions, araignées, serpents, leur poison… On retrouve ces dissonance­s dans la musique.

Avez-vous des héros dans l’électro ? L'un de mes meilleurs souvenirs est d'avoir écouté DJ Harvey à Los Angeles. J'aime aussi François K, Danny Krivit et Joe Claussell. Ils ont déjà mixé ensemble, c'était incroyable.

Êtes-vous sensible à la mode ? Je n'ai jamais prêté beaucoup d'attention à mon style : à l'école, j'étais plutôt une computer nerd !

Faut-il être geek pour être DJ? J'ai toujours été une vraie geek, donc je n'envisage pas les choses autrement. Un mot pour définir la nouvelle vague électro? L'éclectisme.

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