Pourquoi
Le velours rustique est à nouveau chic
Qui aurait parié, il y a dix ans, sur un retour du bon vieux complet côtelé, uniforme du chasseur de petit gibier Belle Époque ou du prof d'université dégingandé ? Et pourtant, après avoir tout fait pour l'oublier, la mode ré-adoube son meilleur ennemi. En 2017, les jeunes créateurs manient le velours anglais, le check et la laine bouillie aussi bien que le plexiglas, le néoprène et le lurex. Loin de se borner à la trop mièvre “panne”, ceux-là prônent la rusticité du velours : ras ou côtelé, l'étoffe des rois se porte précisément sans fioriture, en total look pour les plus radicaux. À Londres, chez Simone Rocha, le british velvet est légion, décliné sur des tailleurs bruts de décoffrage, pour héroïnes à la Ken Loach. Même authenticité chez Y/project, où Glenn Martens assume un style de papi branché, en peau lainée et baggy ras, mais couture. Plus naïve, Mary Katrantzou préfère aux effets de coupe d'oniriques imprimés Fantasia. À Milan aussi on verse dans la tendance du velours chic mais rudimentaire. Les Titis postmodernes de Miuccia Prada sortent en pantalons velvet sans ourlets, accessoirisés de casquettes Gavroche et de brassières au crochet. Coupé ras, le velours de Ian Griffiths chez Max Mara se porte en costume deux pièces camel ou rouge passion pour soixante-huitardes embourgeoisées. Une main de fer…