Jalouse

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Incursion chez cette excentriqu­e qui nous parle de sa passion pour la mode avec sa marque de maillots de bain, mais aussi d'art, de cuisine… et de son mariage.

- Retrouvez sa collection de maillots de bain sur leslieamon.com Merci à Sarah de Mavaleix

Visite privée chez Leslie Amon Cohen

Qui êtes-vous, Leslie Cohen Amon ? Je suis suisse, d'origine égyptienne. J'ai grandi à Genève, où je rêvais déjà de mode et de bouillonne­ment culturel. La Suisse est un pays magnifique mais un peu provincial, ennuyeux par moments. Alors, après avoir décroché mon bac, je me suis expatriée à Londres. Je suis devenue à moitié punk et gothique car, à Londres, tout est possible, personne ne vous juge. J'ai tenté l'examen d'entrée de la Central Saint Martins en candidate libre et j'y ai été acceptée, j'y suis restée quatre ans. Mon bachelor mode en poche, je suis repartie pour Genève, où je vis désormais en partageant mon temps avec Paris depuis deux ans. Vous avez fait vos classes chez Lanvin, Giambattis­ta Valli et Maison Michel, qu’avez-vous exercé comme métier dans ces grandes maisons ? J'étais assistante studio, donc styliste femme. Dessins, imprimés, suivis avec les fournisseu­rs, choix des couleurs. Chaque maison a un fonctionne­ment différent. C'est intense, souvent difficile, mais passionnan­t. À quand remonte votre passion pour la mode? Toute petite, je savais déjà comment je souhaitais m'habiller, j'avais une idée très précise de ce que j'aimais ou pas. Quand j'allais dans les magasins pour enfants avec ma mère, si elle refusait que je prenne telle ou telle robe, je la mettais discrèteme­nt dans son sac. Et je passais ensuite un mauvais quart d'heure en me faisant sévèrement gronder à la maison. Ma mère me forçait à retourner à

la boutique pour rendre le vêtement, j'avais tellement honte… Votre premier souvenir mode ? Votre mère ? Une photo ? Un film ? Une série dans un magazine ? Je me souviens d'avoir vu en cachette le livre Sex de Madonna. Mes parents l'avaient caché dans une armoire. Quand je l'ai découvert, je devais avoir 6 ou 7 ans et j'étais complèteme­nt obsédée et fascinée par ce livre. C'était certes un peu porno, mais les photos étaient vraiment belles et fortes; Steven Meisel est resté mon photograph­e préféré depuis ce moment. Vous avez lancé une marque à votre nom, pouvezvous nous en parler? Ça fait trois ans qu'elle tourne dans ma tête, un an que je la prépare, et trois mois qu'elle est lancée. J'étais frustrée à chaque fois que je partais en vacances de me retrouver “sous-habillée”, car j'enchaîne souvent les journées entre déjeuners sur la plage, plongée et boîtes de nuit. Donc j'avais besoin d'un maillot-body qui aille de jour comme de nuit. J'ai fait une miniproduc­tion pour la première collection. C'est peutêtre bizarre, mais en quelque sorte je tenais à savoir où allaient les maillots de bain, dans un premier temps, j'ai donc refusé les boutiques pour ne vendre que sur l'e-shop. Cela m'a permis d'avoir une approche directe avec les clientes, de savoir ce qu'elles pensaient et de réfléchir à ce lancement comme à un “crash test”, on y va et on observe ! Votre travail évoque les vacances, où êtes-vous partie cet été? En Sardaigne en famille, à Ibiza et à Positano avec des amis.

Dans votre dressing, on trouve quoi? Des jeans, des T-shirt The Row ou Uniqlo – j'adore le grand écart qui existe dans les basiques –, beaucoup de noir mélangé à des imprimés, des kimonos, des “palazzo pants”, des chemises lavallière et des vestes de smoking. J'oscille toujours entre les années 70 et les années 90.

Vos designers préférés ? Giambattis­ta Valli est mon favori, il a réalisé ma robe de mariée. Et Saint Laurent, du défilé russe de l'époque YSL à Anthony Vaccarello et ses robes ultra bien coupées, le noir décliné dans toutes les matières : velours, cuir, soie.

Côté accessoire­s? En ce moment, j'adore les bijoux fantaisie de chez Oscar de la Renta, sinon j'accumule les bijoux vintage, Loulou de la Falaise bien sûr, Cartier, j'adore chiner aux puces de Saintouen. Mon mari est diamantair­e, donc j'aime bien créer des pièces aussi de temps en temps, mais mon graal c'est JAR.

Les jeunes créateurs que vous suivez? J'adore For Restless Sleepers, pour l'été c'est fun, leurs soies et velours sont sublimes. J'aime aussi Blazé, le blazer de toutes les couleurs dans une coupe parfaite, très chic pour le jour comme pour la nuit. Et j'ai un gros coup de coeur pour Halpern, les spécialist­es de la paillette, esprit Studio 54 et Palace,

Par Laure Ambroise Photos Erick Faulkner

ils m'ont fait une robe pour une soirée, la team est adorable, et c'est vraiment original. On peut les trouver sur le site Matchesfas­hion.com. Quel fut votre premier achat inoubliabl­e? Mon téléphone Nokia 3310, j'étais si heureuse !

Votre pièce mode fétiche? Ma bague JAR, mon collier vintage panthère de Cartier, et les jeans Topshop, les meilleurs au monde, spécialeme­nt les modèles Mom et Jamie.

Êtes-vous collection­neuse d’art ? Doucement mais sûrement, c'est mon autre grande passion avec la décoration.

Votre péché mignon ? Le chocolat suisse. Il y en a sous toutes les formes chez moi… Je ne peux pas vivre sans mon chocolat.

Votre hobby? Passer des heures sur Internet à chiner des meubles, des objets, des pièces vintage, sur ebay, 1stdibs, Drouot… J'adore aussi cuisiner, faire des sorbets au Thermomix, c'est mon obsession en ce moment. Vos films préférés, applicatio­ns, musique? Côté films : Barry Lyndon, Mommie Dearest, Blue Velvet,

American Psycho et La Cage aux folles. Pour la musique, je fonctionne par périodes, en ce moment c'est musique classique et électro, cela va de Max Richter à Renaud Capuçon, Dixon et Black Coffee. Les applicatio­ns : Paddle8, je passe ma vie dessus. Aussi Glovo, une appli assez incroyable qui peut tout vous livrer, paquet de cigarette, Starbucks lait de coco et même burger de chez Five Guys.

Vos icônes? Ma grand-mère, toujours ultra chic, même le dimanche matin.

Votre dernier achat? Une chaise Carlo Bugatti chez Drouot, et une lampe Georges Pelletier dans une vente à Antibes où il n'y avait personne, une super affaire.

Votre parfum? Portofino de Tom Ford en été et Portrait of a Lady de Frédéric Malle en hiver. Et tout Byredo en général. Au dîner de vos rêves, de qui seriez-vous entourée ? Simone Veil, Albert Einstein, Pablo Escobar, Yves Saint Laurent. Votre livre de chevet ? Proust, interminab­le…

Vos adresses parisienne­s favorites? Mes cantines sont Takara dans le 1er arrondisse­ment, Clamato et le Voltaire dans le 11e. Je déjeune aussi chez Toraya ou au Maisie Café. J'aime bien prendre un verre au Café de Flore. Je vais me faire faire le meilleur brushing avec Tesa chez David Mallet, et le meilleur massage chez Martine de Richeville. J'adore le musée de l'homme et le musée d'art moderne, et bien sûr les puces de Saint-ouen. On a pu apercevoir votre sublime mariage sur Instagram, le plus beau souvenir que vous en

gardez ? Le plus drôle peut-être, en montant à cheval, mon mari a craqué son pantalon, on a dû demander à Giambattis­ta Valli de le recoudre en vitesse, grand fou rire !

“Dans un premier temps, j'ai refusé les boutiques pour ne vendre que sur l'e-shop. Cela m'a permis d'avoir une approche directe avec les clientes, de savoir ce qu'elles pensaient et de réfléchir à ce lancement comme à un `crash test', on y va et on observe !” Leslie Cohen Amon

Pourquoi avoir choisi Tokyo pour votre enterre

ment de vie de jeune fille ? Tokyo est une ville qui ne dort jamais, j'ai vécu le vrai Lost in Translatio­n. C'est une ville si particuliè­re, tout est étonnant. La culture, le respect, l'honnêteté des gens. Pour l'anecdote, j'ai perdu mon portable dans un taxi attrapé dans la rue en arrivant le premier jour. Cinq jours après, le chauffeur de taxi en personne est venu le déposer à l'hôtel, délicateme­nt emballé dans du papier bulles… Je n'arrive toujours pas à comprendre comment il a retrouvé ma trace. Tokyo est complèteme­nt avant-gardiste et en même temps enracinée dans sa tradition, et puis c'est tellement loin de Paris… What happens in Tokyo stays in Tokyo.

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