Jalouse

Talent

Pilier de l'univers de la beauté, François Nars est réputé pour son extrême discrétion. À l'occasion de la sortie de sa collection de maquillage dédiée au photograph­e Man Ray, le créateur s'est confié à Jalouse.

-

François Nars

Comment combinez-vous la photograph­ie à vos activités chez Nars? Quand j'ai créé Nars en 1994, je suis aussi devenu photograph­e. Je me suis pris au jeu, j'ai fait plusieurs ouvrages de photos et je réalise moi-même les clichés de la marque, comme pour notre dernière campagne automne-hiver avec Bella Hadid. J'ai collaboré avec les plus grands noms, dont Richard Avedon, Helmut Newton, Bruce Weber ou Steven Meisel. J'ai tout appris d'eux, et le maquillage était un élément clé sur les shootings. La connexion entre l'univers du make-up et de la photograph­ie est pour moi évidente.

Pourquoi avoir choisi Man Ray, que symbolise-t-il pour vous? J'ai une très grande admiration pour Man Ray depuis mon adolescenc­e. J'ai été fasciné par son art, sa vision, et par cette époque mythique des années 20 et 30 à Paris, qui a vu naître le mouvement surréalist­e, l'avènement de Picasso et d'autres artistes hors du commun. Que la fondation May Ray ait accepté de se lancer dans cette collaborat­ion pour notre dernière ligne de make-up, c'est un accompliss­ement. Quel regard portez-vous sur l’évolution digitale de l’univers de la beauté, l’apparition des youtubeuse­s, d’instagram et des tutos ? Je ne suis pas sur Instagram, mais je suis très à l'écoute de ce qui s'y passe. Les réseaux sociaux mettent en avant certains maquilleur­s créatifs et audacieux qui ont énormément de talent. Je suis assez fasciné de voir que certains blogueurs prennent la parole, et gagnent une grande importance, y compris pour des marques comme la nôtre. Ils sont désormais un relais crédible qui permet de promouvoir nos produits.

Que pensez-vous de la starificat­ion des make-up artists, vous qui êtes connu pour votre discrétion? Si le talent est présent et qu'internet agit comme un booster de visibilité qui permet de se faire découvrir du public, alors pourquoi pas ? Il faut bien sûr faire la part des choses, et réussir à distinguer les vrais passionnés talentueux des personnes plus opportunis­tes qui privilégie­nt la célébrité au détriment de la qualité de leur travail. Il faut savoir garder du discerneme­nt, ne pas tout avaler en se basant uniquement sur le nombre de followers. J'ai un oeil assez critique, et je reste assez difficile.

Si l’on ne devait conserver que trois produits Nars? Je garderais un concealer. Le nôtre est no 1 aux États-unis et j'en suis très fier, c'est assez énorme au vu de la concurrenc­e. Ainsi qu'un de mes sticks multi-usage, The Multiple, très pratique, qu'on utilise sur les joues et les lèvres. Enfin nos soins hydratants teintés Pure Radiance, avec une excellente tenue, et une matière tout en légèreté.

Vos conseils aux millennial­s qui découvrent la beauté ? J'ai toujours pensé qu'il fallait privilégie­r le coup de coeur, en beauté comme ailleurs. Le packaging attire l'oeil et influe sur le choix, mais il faut tester beaucoup, s'informer auprès des pros et sur les réseaux sociaux. Et laisser libre cours à ses goûts, se faire confiance sans céder aux diktats : les Françaises font en général confiance à leur instinct et à leur sixième sens, et cela leur réussit plutôt bien.

 ?? Par Mélanie Mendelewit­sch ??
Par Mélanie Mendelewit­sch

Newspapers in French

Newspapers from France