A L’AISE AVEC SOI-MÊME, SON NIVEAU ET LES AUTRES
Avec MarineDescols, préparatrice mentale
Trouver des outils objectifs, afin de distinguer ce qui appartient à ta personne et ce qui se rapporte à ta progression constitue une vraie difficulté. Si tu considères que cequetufais équivaut à cequetues, tu introduiras trop d’émotionnel dans ta réussite, par conséquent ton autoévaluation fera l’objet de trop de parti pris, de trop d’enjeu. Que vas-tu évaluer ? Un niveau technique, un degré d’autonomie, ton exposition au danger, ton plaisir ? Estimer au doigt mouillé que quelque chose est «facileou pasfacile» pour soi, que «tulesensbien» ne repose sur rien. Mieux vaut se fier à des datas concrètes sur le vent, la houle, ou ce que tu as déjà su faire pour mesurer ton degré d’exposition. Utiliser un cadre d’évaluation objectif apporte aussi toujours de meilleurs résultats qu’une comparaison à des gens dont tu ne connais rien.
LES AUTRES
On n’a pas tous la même histoire alors inutile de vouloir se comparer. D’autres auront peut-être eu la chance d’avoir été initiés très tôt par des parents kiteurs, d’avoir toujours vécu au bord de l’eau ou d’avoir un job flexible, or on sait bien que développer des schémas moteurs précocement et consacrer du temps à la navigation sont des clés de la performance. C’est un fléau que les gens veuillent comparer des niveaux quand on ignore tout de l’histoire et de la forme du moment de chacun. Les autres doivent être source d’inspiration, pas de comparaison. Se comparer peut rassurer l’ego, c’est aussi très normalisé avec l’école, dans une société compétitive. Se bidonner de quelques lacunes d’un camarade, il faut bien avouer que c’est marrant, et pas typiquement français, mais cela peut se faire sans méchanceté. En face, vouloir contrôler son image peut générer une pression contre-productive. Mieux vaut s’en foutre et éviter d’entrer dans le jeu des egos pour contribuer à une atmosphère sympa sur les spots. Ça n’a d’ailleurs rien d’une fatalité. As-tu remarqué que beaucoup de rideurs parmi les meilleurs et les plus appréciés sont humbles et généreux en conseils ? Il est sain de pouvoir évoluer sur un spot où tu pourras être en confort avec tes erreurs plutôt que de les rejeter.
LES ERREURS
Si tu acceptes tes erreurs et peux assumer tes faiblesses, tu pourras apprendre à les utiliser. Dans le cas contraire tu ne feras que les reproduire sans qu’elles ne servent à rien, pourtant des erreurs, quel que soit son niveau, on en commet toute sa vie, c’est l’apprentissage. Essai / Erreur. Il n’y a pas de problème à se mettre en situation d’échec, c’est même bien, tant que ça cadre avec tes limites. Si tu te sens parfois nul après une erreur c’est souvent parce que tu ne sais pas trop comment l’utiliser pour rebondir dessus.
DANS LA PROGRESSION
Le syndrome de Dunning–Kruger affecte certains kiteurs dans leur progression. Au début tu ne te sens pas bon, mais rapidement, ta progression et ta confiance augmentent très vite. La courbe de la confiance excède celle de la compétence, par manque d’outils de comparaison et c’est là que peut survenir une prise de risque inconsidérée. Cette mise en danger peut être stimulée par des problèmes d’égo, de confrontation, de jugement, des choses très éloignées de la réalité du kitesurf dans lequel on met énormément d’émotionnel. Quand tu te prendras une raclée, tu comprendras alors que ton niveau est inférieur à celui que tu t’attribuais, ce sera un retour dans «laValléede l’humilité» et c’est important, tant que ça ne fait pas mal !