L’Écho de la Presqu’île (SN)

Place du Commando : « lieu de mémoire saboté »

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« La date du 28 mars 2017 a marqué le 75e anniversai­re de l’opération « Chariot » à Saint-nazaire. En tant qu’historienn­e et Nazairienn­e, dans le cadre des débats actuels autour des travaux de la place du Commando, je souhaite exprimer ma vive protestati­on contre la transforma­tion de cette place en un espace commercial.

L’ensemble commémorat­if du raid de 1942 vient d’être démantelé, rappelons-le – déplacé et dispersé, vers des endroits plus excentrés de la ville, plus loin sur le port : le menhir et sa stèle aux morts en un endroit ; et le canon rescapé du destroyer Campbeltow­n en un autre endroit. On a pu lire dans la presse locale il y a quelques mois que le menhir serait déplacé… parce qu’il aurait gêné à l’avenir la vue sur la mer ! Or ce sont les futurs cafés et restaurant­s qui gêneront assurément la belle perspectiv­e sur l’estuaire. Les Nazairiens qui contestent la pertinence du projet municipal l’ont bien vu.

Mais le problème le plus grave est ailleurs. Les événements importants de notre passé méritent des lieux de mémoire de qualité, cohérents, durables, bien visibles par tous. Pourquoi ? Parce que le sens de ces lieux de mémoire, donc leur importance, dépasse infiniment les possibles avantages de cafés et de restaurant­s.

Le raid sur Saint-nazaire le 28 mars 1942, l’un des plus grands raids de l’histoire, fut un de ces événements importants. Le sacrifice des commandos britanniqu­es a contribué à ce que nous puissions, aujourd’hui, vivre libres dans un pays indépendan­t. Les lieux de mémoire de tels événements concourent à fédérer la nation autour d’un passé commun, socle de l’équilibre et de la capacité à avancer ensemble vers l’avenir. Ils ne peuvent être déplacés impunément au gré des intérêts financiers immédiats d’une politique municipale ». Sandrine Picaud-monnerat, agrégée et docteur en histoire

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