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L’éolien offshore s’implante partout en Europe

Alors qu’une délégation du comité des pêches revient d’un séjour en Angleterre à la découverte d’un parc éolien offshore, coup d’oeil sur la perception de ces projets hors de France.

- L.F.

Les premières éoliennes en mer de France devraient voir le jour dans les années qui viennent, notamment au large du Tréport. Ailleurs, des parcs de production électrique offshore sont déjà bien implantés.

En Grande-bretagne, les 100 éoliennes du parc de Thanet ont une capacité électrique de 300 MW (contre 62 éoliennes pour 496 MW prévus pour le parc Dieppe-le Tréport). A l’invitation de la région Normandie, treize membres du comité des pêches se sont rendus en Angleterre la semaine dernière pour visiter ce parc. Olivier Becquet, président de la commission environnem­ent du comité régional des pêches, faisait partie du voyage : « le premier jour, nous sommes allés en bateau sur le site et le deuxième, nous avons rencontré les pêcheurs sur place ».

« Il n’y a pas d’effet récif »

Opposé au projet de parc éolien au large du Tréport à cause de la zone qui a été choisie, particuliè­rement poissonneu­se, ce qu’a vu Olivier Becquet dans la ville de Ramsgate (40 000 habitants), confirme sa position : « Avant l’implantati­on du parc, il y avait 60 bateaux de pêche. Il n’y en a plus que 25 et les jeunes ne s’intéressen­t plus à cette profession ».

Pour le pêcheur tréportais, le parc de Thanet a « stérilisé la zone. Certains pêcheurs continuent à venir dans le parc mais nous disent que c’est très compliqué. Contrairem­ent à ce qui est annoncé pour le parc du Tréport, il n’y a pas ici d’effet récif qui attirerait les poissons. Quant au chalut, il n’est plus possible à cause des câbles sous-marins dans le parc ».

L’image radar, prise pendant une navigation au coeur du parc éolien, révèle un quadrillag­e d’éléments autour du bateau : « impossible de distinguer une éolienne d’un bateau ou autre chose » explique Olivier Becquet. « La navigation devient dangereuse ».

Dommages et avantages

Au Royaume-uni, l’éolien offshore est une histoire ancienne et le pays compte aujourd’hui plus de 1 200 turbines en mer. Certains projets suscitent néanmoins encore des inquiétude­s : ainsi fin 2015, le projet Navitus Bay, dans le sud de l’angleterre, a été retoqué par le gouverneme­nt, au motif qu’il aurait pu menacer la fréquentat­ion touristiqu­e des côtes, particuliè­rement visitées dans cette région du pays.

Aux États-unis, le premier parc a vu le jour en août dernier (cinq éoliennes près d’une petite île au large de New York) et d’autres projets sont envisagés. Mais là-bas aussi, l’éolien en mer inquiète : « une pétition a été transmise à la cour fédérale de Washington, disant que le plan de construire 194 éoliennes [dans l’océan, entre New York et New Jersey] ferait du mal aux pêcheurs qui traversent cette zone » indique Associated Press dans un communiqué publié il y a quelques semaines. Le projet, très imposant, semble particuliè­rement mal placé, au coeur d’une zone de navigation importante. L’éolien offshore a aussi beaucoup de défenseurs et permet à des pays de produire une part importante de leur électricit­é. Cette source d’énergie est ancrée dans les mentalités et au Danemark par exemple, la retraite du premier parc éolien en mer a sonné : installé en 1991, ce dernier est en cours de démantèlem­ent.

Une constante dans la critique des projets de parc offshore : la zone d’implantati­on. Ils font fuir les poissons pendant leur constructi­on, peuvent endommager les fonds marins localement et rendent le travail des pêcheurs particuliè­rement difficile. Mais le développem­ent des énergies renouvelab­les aura aussi un impact positif sur la faune marine, en réduisant l’acidificat­ion des océans liée aux émissions de carbone. Un bénéfice moins visible néanmoins en France, qui a fait le choix du nucléaire pour sa production énergétiqu­e.

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Sur l’écran radar, les traces laissées par les éoliennes laissent peu de visibilité. Treize personnes du comité des pêches ont fait la visite, nécessitan­t deux bateaux (photos Olivier Becquet).

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