L'Éveil de Lisieux

L’histoire inconnue du Lexovien qui a sauté sur Omaha le 6 juin

Sa mission était ultra secrète et périlleuse : sauter sur St-Laurent/Mer dans les lignes allemandes le 6 juin 1944. Avec 11 officiers français, Jean Masson, originaire de Lisieux a participé à la mission Proust du plan Sussex. Un des coups les plus osés d

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Sa mission était ultra secrète et périlleuse : sauter sur Saint-Laurent-sur-Mer dans les lignes allemandes mandes le 6 juin 1944. Avec onze officiers français, Jean Masson, originaire de Lisieux, a participé à la mission Proust du plan Sussex. Un des coups les plus osés du D-Day.

Dans le cadre de la préparatio­n du Jour- J ( le 73e anniversai­re a lieu mardi prochain), l’état-major du général Eisenhower met en place, en mars 1944, la mission Proust du plan Sussex. L’objectif est d’infiltrer, dans les zones de combat, des officiers spécialisé­s dans le renseignem­ent et les émissions radios dans des points stratégiqu­es. Un Lexovien, Jean Masson, était parmi ses hommes ( et ses femmes) triés sur le volet.

Jean Masson est né le 1er décembre 1919 à Lisieux. De 6 à 10 ans, il est scolarisé à l’école des Frères à Lisieux, ensuite à l’Institut Frémont où il obtient le brevet élémentair­e. Jusqu’à 21 ans, il est employé chez son père au magasin de vêtements confection au 70 de la rue Henry Chéron.

S’il n’a pas été mobilisé en 1939, à trois mois près, il n’en demeure pas moins qu’il est animé d’un fort sentiment patriotiqu­e. Le 9 juin 1940, il s’engage pour la durée de la guerre à l’école de pilotage de Bernay. Dix jours plus tard, il est affecté au Bataillon de l’air à Toulouse. Le 25 juillet, il est à Clermont-Ferrand. Il est démobilisé le 25 septembre 1940.

On le retrouve ensuite à l’atelier de réparation de l’armée de l’air. Après un passage par Paris, où il travaille dans une entreprise de distributi­on de journaux, avec un ami, Jacques Marmande, il décide de rejoindre les rangs de la France Libre. Le 27 août 1943, les deux amis franchisse­nt les Pyrénées à Boucharos. Ils sont arrêtés par la police espagnole quelques jours plus tard. D’abord incarcérés à Barbastro, ils restent derrière les barreaux à Miranda jusqu’à la fin novembre. Ils embarquent enfin à Malaga, sur la côte andalouse, pour l’Afrique du Nord sur le « Gouverneur Général Lépine » . Débarqués à Casablanca, le 22 décembre, il sont détachés au BCRA, à l’étatmajor général de l’air, au deuxième bureau, emblématiq­ue service de renseignem­ent de la France Libre.

Le 16 mars 1944 Jean Masson arrive enfin en Angleterre sous le pseudo de Jean Moutier, chargé de mission de 3e classe, avec le grade de souslieute­nant. Le 13 avril, détaché du BCRA, il est affecté au plan Sussex. Il suit le stage de parachutis­te, radio et renseignem­ent. Jean et son ami réussissen­t à faire passer le message sur Radio-Londres : « Les deux Normands Jacques et Jean sont bien arrivés » .

Jean Masson est parachuté sur Saint-Laurent-sur-Mer dans la nuit du 5 au 6 juin, ou du 6 au 7 ?, « le mystère demeure » , confie Marie-Josephe Bonnet, historienn­e lexovienne mais surtout petite nièce de Jean Masson.

La mission Ascain, dont il fait partie, dirigée par le capitaine Guattary, est composée de membres exclusivem­ent français, sous le double commandeme­nt des services secrets anglais et américains. Combat à main nue pour neutralise­r, voire éliminer un adversaire sans faire de bruit, cours de sabotage, de radio… ces hommes et ces deux femmes ont tous subi un entraîneme­nt intensif et impitoyabl­e, digne d’un stage commando. « C’est l’élite des Français libres » , ajoute Marie-Josephe Bonnet. « Douze officiers français sont parachutés à SaintLaure­nt-sur-Mer, sur le plateau du Ruquet. » Des jeunes habitants du secteur ont pu témoigner les avoir vus le 7 juin au matin, « en particulie­r Albert André, adolescent en 1944, avec un canon de 37 millimètre­s également parachuté. » Une partie de l’équipe a éliminé les onze Allemands postés à Saint-Laurent-sur-Mer chez Albert André. D’autres hommes du commando ont pris un café chez un autre habitant, Gaston Dupont.

Les objectifs de cette mission étaient bien évidemment top secret. « Aujourd’hui encore, il est difficile de connaître les tenants et les aboutissan­ts de la mission Proust » , confie Marie-Josephe Bonnet. « Contre-espionnage sur les fusées allemandes, récupérati­on de documents ? Les rapports sont encore sous le sceau du secret, vraisembla­blement aux archives militaires américaine­s. » Parmi les hypothèses avancées, le commando parachuté sur Saint- Laurent aurait pu contribuer à « nettoyer » le terrain avant la constructi­on d’un aérodrome américain. Il y en a eu quelques- uns dans le secteur pendant la Bataille de Normandie.

Après le débarqueme­nt, Jean Masson a été affecté à la DGER ( Direction générale des études et recherches), compagnie des services n° 1 à Paris le 1er octobre 1944. Il est détaché à la mission « Hebe » de la DGER en qualité d’officier de renseignem­ents jusqu’au 30 juin 1945. Démobilisé le 26 novembre 1945, il se retire dans le 17e arrondisse­ment à Paris. Il est décède à La Roche sur Yon en 1987,

Services secrets anglais et américains

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