La Compagnie du Théâtre, pour tous!
Arrivée dans le Perche en 1998, la Compagnie poursuit sa route sinueuse, artistique, éducative et innovante. Un théâtre populaire, un théâtre pour tous !
Une maison ambulante ouverte à tous ! Le théâtre de création et de transmission pensé par Céline Codogno et Alexandre Colas ne cesse de voyager sur les routes de l’Orne. Bien sûr, la Compagnie possède son siège et accueille ses élèves dans ses murs, au Theil. Mais les artistes associés, qui se sont rencontrés au cours Simon à Paris, ont opté avant tout pour un théâtre poétique et politique — au sens large, avec la création de spectacles pour le jeune public et les adultes encore. Un théâtre de l’éducation implanté et ancré dans son territoire.
Au plus près des gens
« Nous avons souhaité apporter le théâtre au plus près des gens, dans un milieu rural très éloigné de toute offre culturelle. Pendant longtemps, une vingtaine d’années, nous avons travaillé avec le jeune public des écoles. Nous allions de commune en commune retrouver et travailler avec les scolaires et monter de vrais spectacles, avec régisseur, costumes, décor et lumière. Nous étions très, trop, souvent sur les routes avec un matériel très lourd et très encombrant. Sur place, il nous fallait monter dans des salles, vierges de tout dispositif, de son, de lumière, etc. » explique Alexandre Colas. Le couple adore cette façon de travailler et de transmettre, mais être perpétuellement sur les routes, ça use. « Au bout de 20 ans, nous étions fatigués et nous avons ralenti le rythme » se souvient le comédien. Dans les années 2015-2020, Céline et Alexandre développent une autre partie de leur répertoire en répondant à des appels à projets financés par des institutions, comme la DRAC Normandie (Direction régionale des Affaires culturelles). Dès lors, ils commencent à créer des ateliers qu’ils développent au fil des ans. Les enfants, les jeunes, et enfin les adultes peuvent travailler la voix, le souffle, la respiration, le corps et la mémoire. Chacun va à la rencontre d’un texte et d’un personnage, découvre une histoire, cherche le ton juste, l’expression adaptée, en un mot apprend à jouer, à partager, à inventer. Leurs auteurs de prédilection s’appellent JeanMichel Ribes, Pierre Gripari… Les ateliers sont un succès.
En 2000, le couple crée le festival du Perche le dernier week-end d’août qui propose chaque été, pendant une dizaine d’années, des spectacles vivants orchestrés par d’autres compagnies professionnelles, le plus souvent normandes mais encore, carnet d’adresses oblige, parisiennes. De toute façon, le festival bouillonne d’idées, de créativité et de représentations entre théâtre de marionnettes et d’objets, cirque, conte, spectacle musical, art de la rue… Si la Compagnie possède désormais une très belle carte de visite régionale, il est temps pour elle de se lancer dans de nouvelles aventures.
Hommage à Molière
En 2017, Molière à la Rue voit le jour. La pièce imaginée par Cécile, interprétée par quatre comédiens, rend hommage à Molière, le « patron », l’acteur, le chef de troupe, l’artiste, l’auteur. Elle imagine un scénario qui conjugue les textes du maître dans un environnement contemporain où des extraits des brillants dialogues de L’Avare, Le Bourgeois gentilhomme, Tartuffe, Les Femmes Savantes, Les Précieuses ridicules, Le Médecin malgré lui, Dom Juan, Les
Fourberies de Scapin, Le Malade Imaginaire… se croisent et se répondent. Et puis la pièce est itinérante, elle se faufile à travers les villages et les villes. Le décor et les costumes tiennent dans une remorque appropriée, un peu comme « un petit théâtre que l’on promène» raconte Alexandre Colas.
Un épisode inoubliable
L’idée est simple, lumineuse, terriblement exigeante et elle rappelle cet épisode inoubliable du Molière de Mnouchkine où la troupe du jeune Jean-Baptiste assiste en pleine nature à une représentation folle d’une troupe illustre, celle des Dufresnes : alors qu’un gros orage commence à donner du coffre, le plateau, installé sur des tréteaux, et sur lequel jouent les comédiens, quitte le sol à travers champs et s’envole inexorablement à la faveur d’un vent impérieux. D’un glissement un peu grotesque au départ, la séquence prend un tour très poétique, jusqu’à devenir stressante puisque le plateau stoppe sa folle course in extremis au plus près d’un précipice. Cette idée d’un théâtre itinérant, puissant et fragile à la fois, puise ses racines dans l’histoire même du théâtre. Et puis il y a le fond : « Nous aimons les textes qui ont quelque chose à dire, nous ne prisons pas le théâtre de boulevard et les scènes de ménage ». Ce qui ne veut pas dire que les comédiens se prennent au sérieux et produisent des pièces sérieuses. Alexandre Colas reprend cette phrase de Molière qu’il récite par ailleurs dans son spectacle : « Le devoir de la comédie est de corriger les hommes en les divertissant ».
Entre passé et présent
Alors que Céline écrit les spectacles joués dans les ateliers, elle a aussi imaginé la toute dernière production de la Compagnie : Le Rêveur imaginaire, une pièce qui là encore conjugue passé et présent, inspiration et rêve, un spectacle pensé pour le jeune public, les 8 - 12 ans, et pour lequel le couple espère bien «donner envie aux jeunes de découvrir et de travailler Molière au collège». C’est leur espoir et leur but : un théâtre pour tous, un théâtre populaire, un théâtre « de service public ».