L'Action Républicaine

Jérôme Lavigne, un DJ au destin tragique

C’était l’idole ! Le Shadock, c’était Jérôme. Et Jérôme était le Shadock. Musicien, DJ, animateur, il savait tout faire. Retour sur une carrière à succès... avant que l’homme ne se donne la mort, en 1987.

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Un samedi de septembre 1987, alors que son équipe l’attendait pour une nouvelle soirée inoubliabl­e au Shadock, Jérôme Lavigne n’est pas venu. Il s’était suicidé par arme à feu à son domicile, au 10, rue Chauchard, à Dollon. En laissant un mot sur le lavabo de sa salle de bain, et sous son corps, la photo d’une femme... Un événement tragique qu’aucun client n’aura oublié !

« Quel gâchis ! »

« La dernière image que beaucoup ont de lui, c’est Jérôme en train d’animer le comice de Dollon. Il était tout de blanc vêtu, c’était le week-end d’avant », lance Eleonora Sterba. « Leny », comme tout le monde l’appelle, a très bien connu le musicien avec qui elle a dirigé le Shadock de 1981 à 1985. « Nous avons été ensemble pendant dix ans, entre 1976 et 1985. Mais je vais garder secrètes les raisons de notre séparation. »

A l’époque, tout part d’une rencontre dans un bar manceau. Puis l’évidence... Aujourd’hui, quand « Leny » feuillette les photos, quelques larmes coulent. « Quel gâchis ! » souffle-t-elle.

Une triste fin qu’elle avait imaginée. « J’avais dit que ça se finirait comme ça. C’était lui ou moi », lâche froidement « Leny », qui rappelle que son ex-compagnon était un passionné d’armes.

Une notoriété qui l’avait dépassé

Le monde de la nuit, l’argent, l’alcool : selon elle, Jérôme n’aura pas résisté à toutes les tentations de sa nouvelle notoriété. Son handicap il était atteint de la poliomyéli­te et avait donc une jambe plus courte que l’autre - était devenu (presque) invisible. « Tout ça l’a un peu dépassé. Au Shadock, il y a eu un avant et un après Jérôme... C’était un Dieu vivant », lâche Thierry Colin, dit Cocol, barman du Shadock.

Une célébrité soudaine qui n’a pas attiré que du beau monde autour de l’ancien membre du groupe « Un ciel d’été ». « Il avait un entourage très particulie­r au fil des années », avoue Eric, un autre de ses proches à l’époque. Notamment lorsqu’il s’est mis à fréquenter des boîtes de nuit dédiées aux personnes homosexuel­les.

Xavier Boulay (ancien DJ), Eric et Jérôme ont partagé le même toit pendant quelques mois. De quoi en apprendre plus sur le talentueux musicien. « Pour moi, Jérôme, c’était un mélange de Daniel Balavoine, Coluche, l’Abbé Pierre, avec un soupçon de Claude François », présente

Eric, dont la soeur Nathalie a entretenu une relation avec le DJ.

Un projet de discothèqu­e à Malaga

Et comme beaucoup d’habitués de cette boîte de nuit, il précise : « on ne se considérai­t pas comme des clients, on allait chez Jérôme ».

« Leny » tempère d’ailleurs cet aspect. « Jérôme avait le beau rôle, c’était le bon gars qui payait des coups à tout le monde... Mais bon, on avait une boîte à faire tourner donc j’avais le mauvais rôle. »

Pour dire à quel point cet artiste a marqué son monde. « Jérôme est mon deuxième prénom en hommage à ce grand homme », lance Cyril sur les réseaux.

Xavier Boulay, ancien DJ et même directeur du Shadock, a aussi beaucoup de souvenirs auprès de son « frère ». « Je connais toute la vie privée de Jérôme... » Il repense à ce tragique soir du 4 septembre 1987. « J’ouvrais ma première boîte de nuit comme gérant à Sablé-sur-Sarthe. Je l’appelle juste avant l’ouverture pour lui dire que ça y est, j’ai réussi. Et là, c’est son père qui me répond, et me dit que je ne pourrais pas parler à Jérôme car il est mort. »

Encore aujourd’hui, Xavier conserve dans son portefeuil­le un petit mot que lui avait écrit le DJ en lui offrant un cadeau. Il en garde des souvenirs douloureux également. « Il avait un malêtre. Il n’était pas toujours très très heureux. C’est le monde de la nuit, vous êtes en décalage, vous brillez pendant quelques heures et vous repartez dans l’ombre. »

Quand on évoque Jérôme, son sens du spectacle est immédiatem­ent dans toutes les têtes. « C’était un visionnair­e, il ne voulait pas s’arrêter là, il avait toujours des idées futuristes. Il parlait d’ouvrir une discothèqu­e à Malaga », relève « Cocol ».

Malheureus­ement, il n’en aura pas eu l’occasion. La bête de scène s’est éteinte à 35 ans...

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DR Jérôme Lavigne, un sens du spectacle inégalable.

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