54000 € d’aides publiques : la Mad Jackpot ?
La Mad Jacques est une société privée basée en région parisienne, avec plusieurs salariées. Loin des balades cyclotouristes historiquement proposées par les associations, à moindres frais, la Mad Jacques promet de donner un grand coup de jeune aux traditionnels voyages à vélo. Mais ces organisations ont naturellement un coût, qui n’est pas uniquement supporté par la billetterie. Les organisateurs proposent des tarifs de lancement à 119 euros le séjour sans option de logement ou de transport notamment. «Sans aides publiques, nous ne pourrions pas organiser un tel évènement », justifie Vincent Dyre, co-fondateur de la Mad Jacques, qui est allé chercher de l’argent auprès des collectivités locales et des Départements. Malgré plusieurs relances, les organisateurs n’ont pas souhaité communiquer sur le montant des aides publiques accordées.
En effet, le chiffre a de quoi interpeller. Ce sont au total 54000 euros de subventions attribuées pour cette première édition (il y en aura trois, en trois ans, sur différentes parties de la Véloscénie).
Une question d’image
Locations de matériels, repérage des parcours, logistique, artistes et compagnies, intervenants sur place... Autant de coûts à supporter. Surtout, c’est la communication autour de l’évènement qui coûte cher aux collectivités, qui financent pour 50% de l’enveloppe. On y trouve les Départements de l’Orne et d’Eureet-Loir, ainsi que les Cdc Coeur de Perche, Terres de Perche, ou encore le PNR notamment. L’autre moitié (27000 €) provient de La Véloscénie (financée également par des collectivités locales), qui soutient le projet pour valoriser son itinéraire allant de Paris au Mont-Saint-Michel.
Le Département de l’Orne a donné 5 000 € pour l’évènement. À titre de comparaison, c’est 1 000€ de plus que la somme attribuée au Biches Festival de Rai, qui a réuni 4 000 personnes sur trois jours, en 2023.
Pour faire court, les collectivités locales payent une image que va proposer la Mad Jacques à un public jeune et très urbain. Pour Fabienne Debuchy, en charge du tourisme et de la randonnée au Parc naturel régional du Perche, l’investissement est justifié. «Nous avons tous collaboré à fond avec la Mad Jacques en proposant des adresses, des contacts, des producteurs locaux. Les randonneurs vont donc pouvoir vraiment découvrir le terroir et sortir des sentiers battus. Et derrière, les organisateurs vont pouvoir largement communiquer sur les atouts du Perche et capter un public que nous ne sommes de toute façon pas capables d’attirer par nous-mêmes. » Vincent Dyre l’admet : « Les cyclistes sont une vraie communauté, pas facile à toucher. La majorité des cyclistes de la Mad Jacques sont des urbains en quête de verdure. Mais on trouve aussi des locaux et il y en a pour tous les âges.» Posts Facebook, portfolios de photographes professionnels, vidéos Instagram… La Mad Jacques maitrise ces nouveaux outils de communication à merveille. La moitié des subventions globales de l’évènement serait dédiée à la communication, avant et après le fameux week-end du 12 au 14 avril. De quoi faire mouche auprès des élus. Obtenir des subventions publiques pour offrir une image plus « cool » à des collectivités souvent éloignées des grands pôles touristiques, c’est aussi ça l’autre tour de force de la Mad Jacques. Le coût de l’attractivité, sans doute, pour des financeurs qui espèrent, bien sûr, des retombées qui seront, elles, bien plus difficiles à chiffrer.