Ils restaurent les croix et calvaires
Bernard Frognet est le président de l’association bilurienne « Sauvegarde des croix et calvaires de la Sarthe ». Avec son équipe, ils restaurent ces objets religieux.
Bernard Frognet habite la campagne de Bouloire. Il aurait pu passer une vie tranquille à vadrouiller en camping-car... lui il a choisi la religion (et la marche à pied). En 2015, il avait rallié Jérusalem à pied pour un total de 4 536 kilomètres.
L’ancien militaire a aussi une autre passion : la restauration des croix et calvaires. Une activité débutée en 2010, au début de sa retraite, un peu par hasard. « J’ai créé cette association avec un ami, Anthony Grouard. Nous discutions avec l’Abbé Lemarchand, qui était assez âgé, et regrettait que personne ne s’occupe des croix et calvaires. »
250 calvaires déjà refaits
Homme de parole, Bernard s’est engagé dans cette mission. Depuis 2010, « nous avons dû rénover 250 croix et statues. En Sarthe essentiellement, et dans quelques départements limitrophes ». S’ils en ont refait une quinzaine en 2023, « quelques années, nous pouvions monter jusqu’à cinquante ».
Un travail à temps plein commandé par les mairies et le diocèse. Un travail de restauration qui demande un savoirfaire ? « C’est le bon dieu qui m’a tout donné », lâche le président de l’association.
Avant de poursuivre, « je suis tombé sur les gens aux compétences adéquates. J’avais besoin d’un soudeur, je l’ai rencontré. Pareil avec le menuisier ».
Même si en pratiquement quinze ans de restauration,
Bernard l’avoue : « je commence à avoir quelques notions ». Il a d’ailleurs créé de ses mains, une croix, qui est entreposée -et fleurie - au fond de son jardin.
La religion, le Bilurien l’avait un peu mise de côté pendant sa carrière militaire qui l’a envoyé aux quatre coins de la France et du monde. S’il a toujours été croyant, aujourd’hui, Bernard est plus que pratiquant avec ses activités !
Reproduction avec des photos d’archives
Dans ses restaurations, l’association fait quelques miracles. « Nous avons des causes perdues. Des Christ complètement explosés, des croix dessoudées... » Mais rien ne les arrête ! L’équipe de cinq-six « Mac Gyver » trouve toujours un moyen de remettre sur pied le « monument ».
Parmi ses chantiers les plus impressionnants, « une croix de sept mètres de haut à restaurer ». Là, dans son garage, une autre attend son tour. « C’est ici que l’on travaille quand il ne fait pas très beau. Mais c’est surtout l’été que l’on fait les chantiers, durant les beaux jours, on tourne à fond », sourit le retraité.
Des restaurations qui collent au plus près à l’original. « On se cale sur des photos d’archives. Jusqu’ici, personne n’a été déçu de nos réalisations. »
Pour la refixer à l’endroit précis, un agriculteur local vient souvent donner un coup de main avec un engin agricole, car les pièces font plusieurs centaines de kilos. La plupart du temps, elles sont ensuite bénies par le prêtre de la paroisse locale.
« Un plaisir pour nous »
« Les gens donnent ce qu’ils veulent »
Bernard a eu le don du ciel pour se lancer dans cette activité, il essaye de rendre à la religion ce qu’elle lui a apporté. « C’est totalement gratuit. Les gens nous donnent ce qu’ils veulent. Et s’ils ne nous donnent rien, la croix sera restaurée de la même manière. C’est un plaisir pour nous, il n’est pas question de faire payer un Christ. »
Le package de la restauration comprend également quelques conseils d’entretien. « Cela ne demande pas grand chose, de l’essence de térébenthine et de l’huile de lin pour celles en bois. »