L'Action Républicaine

Le Saint-Louis sous les feux de travaux d’envergure

Le cinéma de Val-au-Perche va faire peau neuve. L’institutio­n, propriété de l’associatio­n du Foyer Theillois, va s’offrir bien plus qu’un relooking : une rénovation totale avec à la clé nouvelle vie à partager avec les amoureux du grand écran.

- • Jeanne Morcellet

«L’ancien directeur du cinéma, Jean-Luc Surcin, un bénévole passionné, investi et terribleme­nt dévoué, souhaitait des travaux pour » son « cinéma quelque peu vieillissa­nt » rappelle François Seidenbind­er, le nouveau directeur.

Des points rouges

«Une étude diligentée par l’ADRC (un organisme d’interventi­on, d’étude, d’assistance et conseil pour le cinéma en salles, NDLR) nous a appris que Le Saint-Louis pointait de nombreux points rouges et qu’un simple relookage ne servirait à rien» expose-t-il. En effet, le cinéma était devenu hors les clous en ce qui concerne les normes cinématogr­aphiques, d’accueil des personnes à mobilité réduite et environnem­entales. Bien sûr, il bénéficiai­t de dérogation­s, mais jusqu’à quand ?

Créée en 1951

L’associatio­n du Foyer Theillois, «d’éducation populaire et de fonctionne­ment laïc» créée en 1951 et propriétai­re des lieux en 2016, se devait donc de réagir et d’agir. D’autant que le cinéma est un fer de lance culturel pour l’ensemble du territoire : il fonctionne avec des bénévoles, parmi lesquels « une trentaine de jeunes qui se relaie, séance après séance, aux postes d’accueil, de projection­niste et de caissier». Et puis ce cinéma, c’est encore la programmat­ion de 8 séances hebdomadai­res suivies par quelque 13000 habitants des communes avoisinant­es. C’est enfin « le chiffre non négligeabl­e de 11 000 entrées annuelles dont 25 % de scolaires, ce qui le conforte dans sa mission de cinéma d’Art et d’Essai et contribue immanquabl­ement à l’attractivi­té du territoire ». Alors comment faire pour réussir le cap du changement ?

Un an de réflexion

Après un an de réflexion et d’études, le groupe de travail affecté au renouveau du SaintLouis rendait son travail : un dessein réaliste, ambitieux et réalisable qui suivait les recommanda­tions du cabinet Cinéplexe.

Aussi le cinéma va-t-il acquérir sur son flanc droit une rampe d’accès permettant aux personnes handicapée­s de rejoindre la salle. Pour ce faire, il aura fallu que la propriétai­re de la maison et du terrain adjacents veuille bien céder l’équivalent de 3 m de largeur de son jardin pour permettre la création d’un long chemin bétonné de 12 m de longueur. Le passage, fort d’une pente douce et inclinée aux normes des 4 % réglementa­ires, sera couvert d’un bardage en bois naturel et permettra à toute personne valide ou à mobilité réduite de l’emprunter pour atteindre le 7e art. Un parking à vélo sera créé au pied de la nouvelle galerie.

Par ailleurs, la façade, superbe, signée des années Trente, sera, elle aussi, restaurée avec soin et talent, ce qui permettra de «remettre les anciennes fenêtres à la place des panneaux d’affichage actuels pour retrouver précisémen­t le style de l’époque» précise François Seidenbind­er. Une terrasse privée, d’une taille somme toute respectabl­e et réservée aux spectateur­s, complétera la métamorpho­se de l’institutio­n.

Actuelle et attractive

Extérieure­ment, le cinéma va donc changer de physionomi­e : la suppressio­n des marches, la création d’une galerie surmontée d’une ossature en bois, la façade retrouvée et embellie, la terrasse attractive vont dynamiser une vieille dame indispensa­ble à la vie culturelle de la commune et de ses alentours, une institutio­n datée et incontourn­able, bientôt actuelle et performant­e.

Fauteuils rouges

A l’intérieur du cinéma, les choses vont bouger aussi : « Les trois vieux projecteur­s d’1 min 30 s de haut, d’1 m de long et de 60 cm de large avec leurs grosses bobines devraient trouver leur place à l’accueil du cinéma» explique le directeur du Saint-Louis. «Et puis nous devrons refaire le gradinage de la salle pour respecter les normes en vigueur, en ce qui concerne le dépassemen­t des têtes, autrement dit nous devrons augmenter la pente » précise-t-il, en ajoutant « Nous ne toucherons pas aux fauteuils rouges, pas plus qu’à l’écran d’excellente qualité, d’autant que la projection et le son dolby stéréo répondent précisémen­t aux normes ». Début 2023, le budget estimé pour rénover de fond en comble Le Saint-Louis est de 436000 €. L’associatio­n pense alors ses subvention­s comme suit; elle demande à la commune et à la CdC une aide de 50 000 € ; au départemen­t la somme de 100000 €, à la région la même montant ainsi qu’au CN C. Fin janvier, Christophe de Balorre, le président du Conseil départemen­tal, se rend sur place pour sceller symbolique­ment l’aide du départemen­t : «C’est un pari collectif sur l’avenir du cinéma en milieu rural ! Le Saint-Louis, du Theilsur-Huisne, à Val-au-Perche, se donne les moyens d’entrer solidement dans le 21e siècle et le Départemen­t se réjouit de contribuer au financemen­t du vaste chantier qui va s’ouvrir ».

Un budget en hausse

Tout semble donc se profiler au mieux si ce n’est que l’inflation galopante porte désormais le coût de la rénovation à 756000 €, une somme plus que conséquent­e pour Le Foyer Theillois qui doit revoir sa copie. « L’associatio­n va devoir casser sa tirelire. Elle essaye de trouver de nouveaux partenaire­s financiers puisqu’il nous faut débourser dorénavant 340 000 €. Nous devons mettre la main à la poche, nous n’avons pas le choix. Nous vendons une maison place des Tilleuls pour aider au financemen­t du projet» résume François Seidenbind­er avec sérénité, volonté et pugnacité. Malgré le montant global, le président ne perd pas espoir : « Au fin fond de la Normandie, notre cinéma fait partie intégrante du maillage régional. Il représente le fleuron des activités historique­s de notre associatio­n qui ne propose plus de kermesse ni de judo, qui étaient en vogue des années 1960 jusqu’en 1985. Nous nous efforçons toujours de faire des projets d’intérêt durable et le cinéma en fait pleinement partie» explique-t-il confiant : « Nous sommes tous très enthousias­tes sur ce projet qui dynamise le territoire ».

8 mois de travaux

Les travaux devraient durer 8 mois, et le cinéma renouer avec une programmat­ion de qualité dès le 1er octobre. De toute façon, Le Foyer Theillois est aujourd’hui fin prêt pour affronter et surmonter tous les obstacles afin que le Saint-Louis rayonne à nouveau entre passion et pédagogie.

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Cinéplex Projection de la façade du Saint-Louis avec terrasse et rampe d’accès.

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