L'Action Républicaine

Groupes de niveaux, salaires : les professeur­s de G. Desnos en grève

- • Valentin MAUDUIIT

Les salariés de la fonction publique étaient en grève mardi 19 mars pour des questions de salaire... mais pas que.

Une petite dizaine de professeur­s était rassemblée devant la grille du collège Georges-Desnos de La Ferté-Bernard, pour dénoncer les réformes de l’Éducation nationale. Ils ont ensuite pris la direction du Mans pour rejoindre le cortège devant la Préfecture dès 10 h.

50 élèves présents

Neuf professeur­s précisémen­t, « mais certains avaient des projets précis qui se déroulaien­t aujourd’hui, la visite d’un auteur par exemple. On fait passer l’intérêt de nos élèves avant... »

Quand une professeur d’arts plastiques complète et explique l’absence des prof’ grévistes « par la rémunérati­on qui rentre en compte. On voit que l’on se mobilise mais rien ne change. Lors des dernières manifestat­ions, on avait l’impression d’assister à un enterremen­t. Certains sont désabusés ».

Le mécontente­ment grandit et se lit sur les pancartes peinturées par les professeur­s. Dès 7 h 30, ils étaient rassemblés devant leur établissem­ent. Un collège qui sonnait bien creux ce mardi matin avec seulement une cinquantai­ne d’élèves en cours sur les 720 habituelle­ment présents.

Des projets en péril

Parmi les revendicat­ions des professeur­s rassemblés : les groupes de niveaux. Un désastre à venir, à écouter les profession­nels de l’Éducation nationale. « Je ne vois pas comment les élèves vont progresser. Un nivellemen­t va se produire... Et puis, ils vont s’en apercevoir. C’est hallucinan­t comment on peut arriver à des idées pareilles », peste Céline Lecamus-L’Escop, professeur de français.

Certains de ses collègues avancent également d’autres arguments : « les élèves ne se révèlent pas tous au même moment. Chacun a son chemin, pour certains le déclic intervient un peu plus tard au collège. Et c’est important l’hétérogéné­ité dans une classe, les meilleurs peuvent aider ceux en difficulté, on forme des binômes ».

Avec cette réforme, Céline craint directemen­t pour l’avenir de l’établissem­ent. « Il y a quelques années, le collège n’avait pas une bonne image, on l’a redressé grâce à des projets. Aujourd’hui, il y a un climat favorable. Sauf qu’à l’avenir, ces projets, on ne pourra plus les mener à bien. »

« De l’ordre de l’hypocrisie »

L’avenir des établissem­ents, des collégiens, mais aussi des professeur­s. « Avant, quand on signait dans l’Éducation nationale, c’était pour la carrière entière. Maintenant, on se pose des questions sur notre carrière. On ne s’est pas engagés pour ça ! Cela va accentuer le mal-être. »

Pierrick Samson, enseignant spécialisé en classe Ulis, l’assure : « on travaille avec de l’humain, ils ont une conception complèteme­nt fausse de ce que l’on fait. Ils veulent nous transforme­r en exécutants ».

Jérémie André, professeur de mathématiq­ues, y va aussi de sa remarque : « c’est de l’ordre de l’hypocrisie. Ils mettent le curseur sur le français et les maths car ils font des évaluation­s dessus. Mais c’est noyer le poisson. S’ils faisaient des éval’ en histoire, le problème serait le même ». Complété par Pierrick, « tout cela nous empêche de travailler sur la base : la culture des élèves ».

En revanche, les professeur­s s’accordent sur un point avec le Gouverneme­nt : « l’école doit être réformée », mais apparemmen­t pas de cette manière ! Les professeur­s réfléchiss­ent déjà à bloquer la rentrée de septembre...

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Valentin MAUDUIT Les professeur­s grévistes avec leurs pancartes devant le collège Georges-Desnos.

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